Plus froid que la mort

455 45 9
                                    

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


Mikey


--


La lumière de la lune rend sa peau encore plus pâle. Ses épaules nues ressortent des draps qui terminent de sécher son corps. Quelques gouttes tombent encore de ses cheveux, à intervalle régulier. Ses yeux grands ouverts me fixent sans me regarder. J'entends à peine sa respiration, comme si je ne l'avais finalement pas ramené d'entre les morts, comme si j'avais allongé dans mon lit un cadavre.

Mais elle vit. Car ses muscles continuent de tressauter sans qu'elle n'arrive à les contrôler. Je les vois vibrer sous sa peau malmenée. Je connais déjà les anciennes cicatrices qui la parcourent - causées par ses diverses missions. J'y vois désormais une collection inégalable. Des traits réguliers, bien rangés, ordonnés, encadrent ses poignets. Quelques brûlures viennent entacher l'œuvre. Elles remontent le long de son bras pour rejoindre un amas sur sa clavicule gauche. Si j'arrivais à trouver les mots, je lui demanderais pourquoi. Mais rien ne vient. Je me contente de l'observer trembler sur ce matelas qui me paraît d'un coup si grand. Ce que je peux haïr le monde de l'avoir rendue ainsi.

- Mikey...

Sa voix perce le silence faiblement. Je me plonge dans ses yeux vides et vois une larme rouler à l'envers, traversant l'arête de son nez. Je confonds peut-être avec une goutte d'eau. J'ai envie de l'attraper avant qu'elle ne tombe sur le drap, mais je n'en fais rien.

- Oui ? Finis-je par lui murmurer tout aussi bas, soucieux de ne pas réveiller les esprits qui nous hantent.

- J'ai froid.

Je le sais. Je vois ses poils se hérisser depuis que je l'ai extirpé de cette baignoire. Je le sais, mais je n'ose pas la toucher. J'ai peur qu'elle se brise en mille morceaux si je l'effleure. Qu'elle se désintègre dans mes bras et que je me retrouve définitivement seul dans ce lit beaucoup trop grand. J'ai peur de ses tremblements dont je ne connais pas l'origine et qui semblent irrépressibles. J'ai peur de frôler ses cicatrices et d'en compter des dizaines supplémentaires à chaque mouvement. J'ai peur de la blesser encore plus que ce que l'univers lui fait déjà subir.

- Tu sais... J'ai essayé, souffle-t-elle en serrant le drap entre ses doigts frêles. J'ai essayé d'être quelqu'un de normal, de bien.

Sa voix se tord. J'entends ses dents grincer entre elles. Pourtant, ses gestes restent aussi doux que dans mon souvenir. Elle approche sa main de mon visage et caresse la courbe de ma mâchoire.

- Mais tout est... Tout est tellement... Tellement... Tellement violent.

Des spasmes commencent à secouer ses jambes, puis son dos, ses bras, ses épaules et enfin son visage. La voir dans cet état me tue à petit feu. Je le sens. Je le sens dans mes tripes qui se retournent, dans mes poings qui se serrent, dans mes envies meurtrières qui reviennent. Je brûlerais la terre entière pour la voir sourire à nouveau. Mais je ne peux pas lui offrir la seule libération que son âme attend. Pas encore. J'ai besoin qu'elle reste là. J'ai tellement besoin d'elle à mes côtés.

La pute des gangs [Mikey X OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant