La pute des gangs [Mikey X OC]

Enterrer la terre entière

Mikey

 — 卍 —

          Heureusement que Chifuyu, le second de Baji, sait mener ses petites enquêtes. Une semaine que je ne lâche pas les baskets d'Hiyori pour lui changer les idées et il ne lui vient même pas à l'esprit de me donner la date d'enterrement de son grand-père. Encore sa lubie de ne déranger personne. Qu'est-ce que ça peut m'agacer. Tous les jours encore, elle me demande pourquoi je traîne avec elle. Je ne lui réponds pas. Parce que ça m'énerve. Et peut-être aussi parce que je ne sais pas trop quoi lui dire. J'aime bien sa présence. Souvent elle ne dit rien. Parfois elle rigole. De temps à autre elle se lève, son téléphone à la main, et ne revient qu'une heure après, sa mission accomplie. Elle ne porte pas de trace de sang. Tant mieux. Je me demande pourquoi ça m'inquiète.

— Mikey, il faut y aller ! Me hurle Ema depuis l'entrée du dojo.

J'attrape ma veste et la rejoint. Dans la rue, Kenchy, Chifuyu, Takemichy et Hinata nous attendent. Les efforts vestimentaires varient pour ce jour de deuil. Personne, sauf le petit couple, n'a changé sa tenue. Je doute qu'Hiyori nous en tienne rigueur. Sur place, le reste des salopards de Mizo rejoint notre troupe hétérogène. La cérémonie a commencé depuis quelques minutes. Au loin, je vois des dizaines de personnes rassemblées. Ça m'étonne. A ma connaissance, le vieux ne recevait aucune visite à part la brunette. Je la vois. En retrait. La veste en cuir de son grand-père sur ses épaules. Elle nous remarque en premier. L'espace d'un instant, je crois voir son visage s'éclairer. Je lui souris et m'approche. Elle n'écoute plus les paroles prononcées avant la mise en terre de l'urne. De toute façon, ces funérailles n'ont aucun sens. Elles sont trop rapides, bâclées. Probablement une demande du connard qui se tient au premier rang.

— Je les déteste tous, souffle Hiyori quand j'arrive à ses côtés.

Je peux comprendre sa colère. Et sa douleur. Surtout sa douleur. Je n'aime pas l'odeur d'herbe tout juste tondue qui se dégage des cimetières. J'ai l'impression de pouvoir sentir la mort émaner du sol. Cette réflexion me traverse à chaque fois que je vais voir Shinichiro avec Ema.

— Je ne connais pas ces gens. Aucun n'a jamais rendu visite à Papy et les voilà à se pavaner à son enterrement. Qu'ils fassent semblant de chialer au moins...

La voix d'Hiyori s'étrangle dans sa gorge serrée, tout autant que ses poings dont les phalanges blanchissent à vue d'œil. J'attrape sa main. Celle qui porte la cicatrice de son dévouement pour Kenchy. Je pourrais rajouter ça à la liste des détails qui font que la voir tous les jours ne me déplaît pas. Malgré tout l'amour qu'elle porte à son grand-père, elle a fait le choix de ne pas planter mon meilleur pote. Son esprit doit être un vrai champ de bataille.