La porte s'ouvrit ; Newton jeta aussitôt un sweat, une chemise et un jogging sur son hôte. Thomas les rattrapa de justesse, surpris par la vue de son ancien petit ami qui s'époumonait : « Tiens ! Je te rends tes dernières vieilles affaires, maintenant que tu as décidé de les laisser chez ta pouf !
— Newt... Tu m'as déjà rendu mes "dernières affaires" il y a un mois à peine...
— Eh bah peut-être que je n'étais pas prêt à me séparer de tout, voilà ! J'ai un cœur qui bat, moi ! Un cœur qui aime ! Un cœur qui t'a aimé ! J'espère que tu es heureux, avec ta vieille chose ! »
Il comptait partir, mais le garçon le retint par le poignet, coupant : « Tu tombes bien, Newton. Je... Je dois te parler. » Le blond dévisagea la main qui étouffait son os et cracha : « Fais vite. Tu es déjà bien chanceux que je n'ai pas découpé toutes tes fringues une par une. » Le brun rougit : « Non...
— Non ? Non quoi ?
— Non, je ne suis pas heureux avec elle... Je l'ai quittée il y a quatre semaines, pour tout te dire. Je l'ai fait juste après que tu m'aies rendu mes derniers vêtements. Enfin, mes prénommés derniers vêtements...
— Ah oui ? Et pourquoi ? Elle refusait de te supporter ?
— Elle... Elle n'est pas... pas comme toi.
— Si c'est une façon de me dire qu'elle n'est pas gay, je crois que j'avais déjà bien saisi l'info lorsque tu m'as plaqué pour elle, je te remercie.
— Tu vois très bien ce que j'essaye de te dire... Tu me manques. Je me sentais bien, avec toi. Si bien. Et... j'ai l'impression que je viens seulement de le réaliser. Tu es celui que j'aime, Newt... Je me suis foiré ; prétendre d'être hétéro ne changera rien. Ça n'a que fait exagérer mon obsession pour toi, en réalité... Je me sens... idiot. Idiot pour tout. Ce que j'ai fait, ce que j'ai pu croire, ce que je t'ai fait sentir... Tu as mon pardon, Newton. Tu ne mérites rien de tout ça. J'ai vécu mes plus beaux souvenirs à tes côtés et te plaquer aussi abruptement était irréfléchi. Je suppose que... que j'avais peur. Même après dix mois de relation. Je crains encore ma famille et tu n'y es pour rien. Tu peux t'en aller sans rien rajouter, je ne ferai rien. Tu aurais raison. Je voulais simplement que tu le saches, et... que tu comprennes à quel point tu es rayonnant à mes yeux. J'ai été stupide. J'espère que tu me comprends suffisamment pour m'excuser, même si... même si tout ça sonne étrange. Pardonne mon comportement, s'il te plaît. Ça ne m'a jamais ressemblé. Tu dois le savoir. »
Newton l'observait, le menton droit, le regard dur. Il songea un moment, sondant Thomas de ses yeux ébènes qui ne cherchaient qu'à l'intimider. Et puis, il soupira : « Mouais... C'est une explication passable. Ça me va. Après tout, tu m'intéresses toujours autant. Mmh... Mouais... Je vais réfléchir encore un peu et je verrai si tu es sincère ou non.
— Je le suis, Newt. Je te le promets. sourit-il, un peu amusé par ses paroles.
— Et que me vaut ce sourire de merlan frit ? Ça va avec les excuses ?
— Je n'ai simplement plus l'habitude de... de toi, en réalité. Je connais peu de gens aussi vivant que toi, tu le sais.
— Ah ça, vu le portrait familial que tu m'as offert... Enfin bon. À la prochaine, Tommy.
— Newt, attends ! le rattrapa-t-il. Est-ce que... Est-ce que tu aimerais que l'on se remette ensemble ? Je veux dire... que l'on se voit et que l'on s'aime... comme avant ?
— Mmh... réfléchit-il. On peut toujours essayer. Ça m'évitera de ne penser qu'à toi et ton sourire.
— C'est... C'est vrai ? Tu es prêt à m'aimer de nouveau ? murmura-t-il, les yeux pleins d'espoir.
— Voyons voir... Tu es mignon, gentil, tu t'es expliqué puis excusé... Oui. Je suis prêt. Tu t'es égaré sans avoir pour autant l'intention de me blesser, ça peut arriver. Mais évidemment, au prochain coup, je t'arrache les yeux. Compris ?
— Tu m'avais tant manqué... »
Il le serra si fort dans ses bras que Newton fut incapable de respirer. Il sourit, plus sérieux : « Toi aussi, Tommy... » Ils se séparèrent, le regard étincelant de joie. Thomas proposa : « Ça te dira d'aller voir une vieille comédie romantique, au ciné ? Tout comme avant ?
— Seulement si tu m'invites chez toi le soir.
— Évidemment. »
Ils se sourirent et Thomas ferma la porte de sa maison à clef. Alors qu'ils partaient, Newton précisa : « Ah, je ne t'ai pas encore rendu toutes tes fringues. »