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CHAPITRE 10.

La routine s'est très vite installée. Métro, boulot, dodo, comme on dit. Oria a pu prendre ses marques à l'université et à la maison. Elle ne se sent pas encore comme chez elle, mais c'est un début.

Elle a cette sensation étrange, comme si dans quelques temps, elle allait rentrer dans sa maison à Eureka Springs. Elle ne se sent pas vraiment à sa place ici. Il y a comme un choc entre leurs deux familles qui sont censées n'en former qu'une. Leurs modes de vie sont complètement différents et elle a dû mal à s'adapter à la différence de classe sociale. Je sais que je réussirai à m'y faire avec le temps, mais c'est beaucoup trop bizarre.

À l'université, Karla la laisse étrangement tranquille bien que ce qu'elle lui a dit est passé par une oreille et est ressorti par l'autre.

Matt n'avait pas tilté quand elle lui en avait évoqué l'autre soir et lui a donc demandé ce qu'il s'était passé. Il a eu un gros fou rire quand il a compris que la seule chose qui lui importait à ce moment-là, était son livre.

Depuis, il est encore plus proche d'elle. Je suis sûre qu'il le fait exprès pour l'énerver. Visiblement, ça fonctionne. Certes, elle n'est pas revenue lui chercher des noises pour l'instant, mais si ses yeux étaient des lasers, elle ne serait probablement plus de ce monde.

Oria ne comprend pas pourquoi elle s'accroche à lui, elle sait pertinemment que ce n'est pas son âme-sœur. Décidément, les filles dans son genre vivent dans un autre monde. Tout pour la popularité et la reconnaissance des autres. Mais elle a probablement changé de cible vu son calme.

Quant à ce fameux Ethan, elle ne l'a pas revu. C'est comme s'il s'était volatilisé. Elle ne va pas s'en plaindre, elle ne veut plus croiser son regard. Mais Oria est quand même stressée à l'idée d'aller à l'université. Matthew est allé rendre le livre pour elle. La jeune femme ne lui a pas expliqué son passé, ce n'est pas le sujet le plus agréable. Mais il a compris que quelque chose clochait. Il l'a donc fait sans lui poser de question et elle lui en est reconnaissante.

Ce soir, l'étudiante est allée chez Rachel. Il y avait pas mal de cours qu'elle n'avait pas encore fait dans son ancienne université. Ils n'ont pas pris le programme dans le même sens. Elle lui a donc proposé de faire des petits cours particuliers pour qu'elle puisse rattraper son retard et ne pas se planter le jour des partiels.

Oria sort du métro, mal à l'aise. Il y a peu de monde à cette heure-ci et ça fait très film d'horreur. Elle presse le pas. Plus elle va mettre du temps à rentrer, plus elle se sentira mal. La jeune femme n'est pas loin de l'appartement, mais elle n'est pas rassurée pour autant.

Un bruit de claquement résonne derrière elle. Elle est très souvent paranoïaque, mais la peur la gagne et sa respiration s'accélère.

– Ce n'est qu'un piéton comme les autres, Oria. Il rentre chez lui comme toi, pense-t-elle, essayant de se rassurer.

Elle marche encore plus vite. Ses jambes lui font mal, ses muscles chauffent tellement qu'elle a l'impression qu'ils vont prendre feu. Les pas derrière elle accélèrent aussi. Oria est presque sûre maintenant, d'être suivie, quelqu'un est derrière elle et se rapproche dangereusement.

Une fois, on lui a dit que quand une personne nous suit, il ne faut surtout pas rentrer chez soi, mais prendre un autre chemin très fréquenté. Seulement, elle ne connaît pas la ville. La probabilité qu'elle se perde est grande.

Elle n'a retenu que deux trajets par cœur, celui de l'université et celui du café-librairie où Matt l'a emmenée. L'étudiante prend donc la deuxième option.

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