Colorless

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CHAPITRE 15.

Oria est plongée dans les révisions de ses premiers partiels quand on toque à sa porte.

Les examens se rapprochent à grands pas et il est hors de question pour elle de se laisser submerger par le travail et étouffée par ses problèmes personnels. Son cours d'histoire est d'un ennui mortel et la jeune femme se met à espérer silencieusement que Matt ait besoin d'elle pour x ou y raison et qu'elle ait ainsi une bonne excuse de s'extirper de ses cours.

Trop occupée à formuler ses prières, elle oublie la personne derrière sa porte. Des coups un peu plus appuyés résonnent dans ses oreilles.

– Oria ? C'est maman, je peux entrer ?

Surprise, l'étudiante ne répond pas immédiatement. C'est la première fois qu'elle s'adresse à elle volontairement et avec une voix aussi douce depuis un moment.

Hannah a toujours demandé à sa fille pour entrer dans sa chambre, même quand elle était plus petite. Elle lui a appris très jeune la notion d'intimité à laquelle elle a droit. Dans certains moments, Oria la remercie de ne pas entrer comme un bulldozer.

La jeune femme inspire une grosse goulée d'air et lui accorde l'accès que sa mère demande. Elle est curieuse de savoir ce que Hannah va lui dire. Oria ne bouge pas d'un pouce et feint d'être concentrée sur une prise de note. Certes, sa mère daigne enfin lui adresser la parole, mais ce n'est pas une raison pour tout pardonner d'un coup.

Elle entre d'un pas sûr et fait face à l'indifférence totale de sa fille qui ne pose même pas le stylo à bille qu'elle fait tourner entre ses doigts.

Hannah s'éclaircit la gorge en espérant obtenir un minimum d'attention d'Oria. Cette dernière pousse un soupir à peine camouflé et pivote sur sa chaise à roulette, tournant le dos à son ordinateur et faisant face à sa mère qui s'installe sur son lit.

– Quoi ? demande Oria en essayant de ne pas être trop cassante dans son ton.

– Il faut qu'on parle.

– Je ne te le fais pas dire, marmonne la jeune femme.

Hannah soupire, sentant que la conversation risque d'être un peu mouvementée si elle ne parvient pas à amadouer sa fille.

– Je ne supporte plus cette situation entre nous, commence la mère sans la moindre animosité dans la voix. C'est insupportable et Marc et Matt n'ont pas à subir nos querelles.

Son premier argument est orienté vers son nouveau conjoint. Encore une fois, je passe au deuxième plan. Mais Oria ne dit rien, attendant la suite et espérant que ce n'est qu'un début maladroit d'excuses. Elle garde cette physionomie blasée et pleine d'indifférence.

– Tu es peut-être en colère pour une quelconque raison, mais ce n'est pas une raison pour m'ignorer de la sorte.

Scandalisée par le déni de sa mère, la jeune femme écarquille les yeux. Comment ose-t-elle me rejeter la faute ? Ses joues virent au rouge lentement au même rythme que la colère lui monte au nez. En plus, elle ne reconnaît même pas les raisons, dont elle est la cause, qui énervent Oria.

– Je t'ignore ? questionne-t-elle, espérant avoir mal entendu.

– Oui. Tu t'en va à la moindre occasion et découche sans arrêt. Je ne sais pas où tu vas !

La jeune femme tremble de rage et ne réussit pas à se contenir une minute de plus. Déni ou inconscience, sa mère va trop loin. Elle se lève d'un bond et le dossier de sa chaise tape dans le bois de son bureau.