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CHAPITRE 6.

Lundi. La motivation d'Oria est semblable à la température en Antarctique. Soit dans le négatif. Elle se cache sous sa couette alors que son réveil continue de lui vriller les oreilles.

On toque à sa porte et, avant même qu'elle ne puisse répondre, une tornade de bonne humeur, spécimen plus communément appelé Matt, entre en chantant. Il lui retire sa couette adorée, laissant le froid matinal agresser la jeune femme, et ouvre les rideaux, en l'aveuglant au passage.

Ils ont passé un excellent week-end et se sont pas mal rapprochés, mais là, tout de suite, elle le hait. Oria n'est vraiment pas du matin, c'est à ce moment-là de la journée qu'elle peut se transformer en meurtrière.

Mais il lui est impossible de lui en vouloir lorsqu'il pose une tasse de café fumante sur la table de chevet.

– Allez, on se lève La Belle au bois dormant. Ta mère a fait des pancakes bien meilleurs que les miens.

– Fallait le dire plus tôt ! s'exclame-t-elle en se levant d'un seul bon pour courir à la cuisine, ne manquant pas de se prendre les pieds dans ses chaussons et de rater de peu l'occasion de se refaire le nez dans la porte sous son rire.

Hannah sourit en la voyant arriver en furie. Elle pose une assiette devant sa fille en lui demandant si elle a passé une bonne nuit. En réalité, elle n'a quasiment pas fermé l'œil de la nuit.

La jeune femme appréhende trop cette première journée de cours. C'est la première impression qui est déterminante. Elle ne veut absolument pas se faire remarquer mais elle ne veut pas non plus être catégorisée en mouton noir. Oria avale rapidement son petit-déjeuner qui a le don de l'apaiser un peu puis, fonce sous la douche.

L'étudiante fait simple vestimentairement parlant et se maquille très légèrement. Son sac en main, elle attend Matt qui discute avec son père.

– Au risque de poser une question débile, on va comment à l'université ?

– Je conduis, pourquoi ?

Oria ignorait qu'il avait passé son permis de conduire. Mais ça lui convient parfaitement, prendre le bus bondé d'étudiants qui vont la juger du regard en se demandant qui elle est, très peu pour elle.

Après leur avoir souhaité une bonne journée, leurs parents respectifs les laissent partir. Dans l'ascenseur, Matt appuie sur le bouton qui les emmène au niveau -2.

– Tu conduis depuis longtemps ?

– J'ai passé l'examen cet été, il lui sourit.

Les portes s'ouvrent. Le garage est plein de voitures assez... coûteuses. Oria est sûre qu'il y a plus de véhicules que de gens dans l'immeuble.

– Je ne te ferai pas le coup de te dire qu'elles sont toutes à nous et que je te laisse choisir, mais une grosse partie est à mon père.

– Le contraire m'aurait presque étonnée.

Elle le suit à travers les allées. Apparemment, Marc achète des voitures autant que son fils achète des vêtements. Il lui ouvre la portière de l'une d'elle, noire, sobre. Elle n'a pas vu la marque mais elle s'en fiche un peu. En tout cas, elle est très jolie.

La jeune femme monte en souriant et il referme la portière derrière elle. Tout content de son jeu d'acteur de chauffeur de luxe, il démarre en rigolant.

– Sur une échelle de 0 à 10, à quel point as-tu envie de retourner sous ta couette ?

– J'hésite entre 24 et 40, plaisante Oria.

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