CHAPITRE 11.
À peine a-t-elle passé la porte que sa mère lui saute dessus, poings sur les hanches, sourcils froncés et regard sévère. Oria enlève ses chaussures comme si de rien était et accroche son manteau dans le placard.
L'ignorance de sa fille semble l'agacer, croisant les bras, elle tape du pied comme pour lui signifier qu'elle attend quelque chose d'elle. N'en faisant rien, l'étudiante prend le temps de sourire à Marc, assis derrière. Il le lui rend, un peu contrit.
– Je peux savoir où tu étais ?
Sa question la scandalise. La veille, Oria lui a demandé si elle pouvait aller chez Rachel en lui donnant les raisons alors qu'elle aurait très bien pu lui imposer son programme. Elle avait acquiescé en disant que c'était très gentil de sa part de lui fournir son aide.
Qui plus est, les cours sont finis depuis un moment si, admettons, elle avait oublié où sa fille était, elle n'a pas essayé de la joindre. Donc, soit son inquiétude est purement artificielle, soit elle n'avait même pas remarqué son absence.
L'étudiante essaye de retenir la colère qui monte progressivement. Avec ce qu'il s'est passé il y a quelques minutes avec Ethan et le mec chelou, elle n'est vraiment pas d'humeur pour une dispute. Si on rajoute le fait que sa mère oublie qu'elle a une fille quand ça l'arrange, Oria risque de partir au quart de tour.
Face au manque de réactivité de sa fille, Hannah réitère sa question. Cette fois s'en est de trop. La jeune femme se rend compte qu'elle n'avait vraiment pas la moindre idée de là où elle se trouvait. Comment est-ce possible d'oublier à ce point de telles choses ? Ça fait mal. Une larme coule sur son visage, douloureuse, silencieuse mais brûlante de colère.
– Comment ça "où j'étais ?", demande-t-elle posément, essayant de garder son calme, vaine tentative. Je te l'ai dit hier, où j'allais ! Je t'ai collé un mot sur le frigo, ce matin ! Et je sais que tu l'as vu parce que d'ici, je vois qu'il n'y est plus.
– Baisse d'un ton avec moi, Oria.
Le visage baigné de larmes de rage, elle poursuit, sous le regard attristé de Marc. Hannah n'a même pas nié les accusations de sa fille. À son visage, on a l'impression qu'il s'y attendait, il avait déjà compris que les non-dits entre elles éclateront un jour.
La jeune femme entend la porte de chambre de son fils s'ouvrir et elle le voit arriver dans le salon, affolé, probablement par les cris de sa demi-sœur. Discrètement, Marc lui fait comprendre de ne pas se mêler du conflit.
– Non ! J'en ai marre. Je suis qui, hein ? Ta fille ! Je te le rappelle parce que visiblement tu as tendance à l'oublier ces derniers temps. En réalité, tu n'en as rien à faire de là où j'étais. Tu veux juste garder ton masque de "maman parfaite". Si tu étais aussi inquiète que ce que tu prétends, tu aurais essayé de m'appeler ou de m'envoyer un message. Je suis ta fille, bordel ! Ton enfant, la chair de ta chair.
Elle reste interdite quelques instants.
– Ce n'est pas vrai ce que tu dis, souffle-t-elle.
– Vraiment ? Tu ne m'écoutes pas quand je te parle. La preuve tu ne savais pas que j'étais chez Rachel. Tu ne fais plus attention à moi, non plus. Tu as vu que j'étais stressée et angoissée à l'idée d'aller en cours ? Tu m'as demandé pourquoi ? Non. Parce que tu t'en fous.
– Oria, tu fais tout un plat de rien du tout ! Ça suffit, maintenant. Non mais qu'est-ce qui te prends ?
– Il me prend que je n'ai plus de mère, elle m'a abandonné parce qu'elle est égoïste. Je n'étais pas assez bien pour toi donc tu as trouvé une nouvelle famille ?

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Colorless
RomanceQuand Oria découvre que la seule personne qui saura la rendre heureuse est celle qui l'a détruite. Quand il est celui qui la rendra heureuse mais que la culpabilité le ronge. Deux cœurs si différents mais qui battent pourtant à l'unisson. Cette hist...