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CHAPITRE 18.

Après un long bâillement, Oria introduit sa monnaie dans le distributeur de l'aéroport. Elle sélectionne le paquet de cookies au nougat et l'observe, complètement à l'Ouest, tomber dans le bac de récupération. Quelqu'un se baisse et le récupère avant elle.

Caleb le lui tend et elle le gratifie d'un sourire fatigué.

– J'en connais une qui manque de sommeil, se moque-t-il.

– On n'est pas tous capable de s'endormir en moins de 10 secondes, marmonne-t-elle.

Il rigole une nouvelle fois, passe le bras autour de sa taille et l'embrasse.

– Allez, viens, on va te chercher un café.

Elle hoche la tête, la jeune femme en a grand besoin. En ce début de soirée de dimanche, Oria ne s'est que peu reposée. Son esprit est resté très loin, il lui était impossible de dormir.

Ethan était partout dans sa tête.

Ils n'ont pas reparlé de ce qu'il s'est passé ce matin. Il était assez tard et il est parti assez rapidement après leur discussion. Très étrange cette discussion.

Le lendemain de la soirée a été très calme. Après avoir aidé Matt à tout remettre en ordre, Ethan est parti sans un mot. Matt a dormi tout le reste de la journée tandis qu'Oria se tournait et se retournait dans son lit, incapable de trouver le sommeil avant de prendre l'avion le soir-même.

Le soir, Matt a proposé de commander chinois, histoire de ne pas partir le ventre vide. Aucun des deux n'était en état de faire quoi que ce soit.

Lorsqu'Ethan est parti, son demi-frère lui a offert ce magnifique regard qui sous-entend : "tu as des choses à me dire". Elle a pouffé en l'ignorant complètement. Comment pourrais-je lui parler de quelque chose que je n'ai moi-même pas encore assimilé ? C'est encore très étrange. C'est allé assez vite, elle trouve. Peut-être trop ? Je n'en sais rien.

Il est vrai que ces derniers jours, elle s'est laissée porter par ses émotions sans réfléchir à la suite. Il y a tout de même quelque chose qu'elle trouve étrange.

On dit que lorsqu'on croise le regard de l'âme qui complètera la nôtre, il est possible de voir la couleur de ses yeux, et qu'après une véritable preuve d'amour seulement, nous pouvons voir un monde en couleur de façon permanente. Mais elle, elle ne les voit pas.

Pourtant, le baiser échangé la veille avec Ethan était sincère pour eux deux. Je crois... Peut-être qu'embrasser la personne qui nous complète ne suffit pas. Ou bien ses sentiments pour Caleb, à la fois amour et culpabilité, bloquent le processus.

Il est peut-être encore un peu tôt pour parler d'amour entre Ethan et elle, cependant. Oria n'en sait rien, complètement perdue.

Ce matin, Ethan l'a simplement regardée, restant à bonne distance d'elle mais malheureusement avec Karla accrochée au bras. Oria a détourné le regard aussi vite. Sa culpabilité la ronge.

Elle a peur de rester trop près de lui sans le vouloir, de le regarder une fois de trop, bref, que ce qu'ils ont fait dans le dos de Caleb et Karla soit révélé au grand jour. La colère de Karla serait si grande qu'elle serait capable de la harceler de nouveau malgré leur âge qui ne laisse normalement plus de place pour ce genre de comportement immature.

Caleb lui place son café bouillant dans les mains, pensant que son manque de réactivité est lié à la gueule de bois affreuse qu'elle se tape et non au fait que sa bouche était collée à celle d'un autre le matin même.

Ils rejoignent le reste du groupe dans la salle d'attente pour l'embarquement. Oria remet les pieds sur terre lorsqu'elle se brûle la langue en ayant machinalement pris une gorgée de sa boisson. Elle couine de douleur. Au même moment, Caleb et Ethan relèvent la tête.

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