7 2 0
                                    

CHAPITRE 12.

Oria est épuisée et n'a que peu dormi. Sa dispute avec sa mère reste dans sa tête. La jeune femme l'a tournée et retournée dans tous les sens.

Ce matin, Hannah n'est pas venue la voir, elle a complètement ignoré sa fille.

L'esprit embrouillé, Oria rejoint Matt à l'extérieur de sa salle. Son cours a fini plus tôt que le sien alors il est venu la chercher pour aller manger. Il passe son bras autour de ses épaules pour la rapprocher de lui et pose un baiser sur son front. Il est conscient qu'avec ce qu'il s'est passé la veille au soir, sa demi-sœur n'a pas le moral.

Dans la voiture, ce matin, elle n'a pas lâché le moindre mot. Elle ne digère pas la situation – est-ce seulement possible ? – et elle lui serre tellement la gorge que les larmes menacent sans cesse de couler.

Ils marchent ainsi dans les couloirs de la fac, toujours en silence, jusqu'au réfectoire. Oria n'a pas faim alors elle attrape seulement une bouteille de sa boisson préférée, de l'eau aromatisée à la fraise. Lucy fait la moue en voyant que son amie n'a rien pris à manger, elle comprend rapidement que quelque chose ne va pas, mais elle ne lui pose pas de question. L'Arkansassaise s'assoit entre Matt et Caleb.

– Tu as des petits yeux, beauté, tu veux en parler ? s'inquiète son ami. Elle secoue négativement la tête et pose un bisou sur sa joue pour le remercier de son inquiétude.

Il lui ouvre sa bouteille d'eau en voyant qu'elle n'y parvient pas. Le brouhaha dans la salle lui vrille les tympans. Pour couronner le tout, la voix stridente de Karla se fait plus proche. Toujours aussi pétasse, elle s'assoit aux côtés d'Ethan.

Oria n'avait même pas vu qu'il était là, lui. La nouvelle venue la toise du regard.

– Tu avais le même visage quand ton père est décédé, lâche-t-elle. Il faudrait que tu te reprennes en main parce que tu fais peine à voir.

Oria ouvre de grands yeux, abasourdie par sa réflexion. Comment peut-elle sortir un truc pareil avec si peu de considération ? Elles ne se connaissaient même pas. Et puis, comment sait-elle ce détail ? Peut-être Ethan lui a-t-il dit.

– Je te demande pardon ?

Toutes les conversations se sont arrêtées. Tous ont été aussi choqués qu'elle par ses propos. Même Ethan la regarde, scandalisé.

– L'anticerne ? Tu ne connais pas ? fait-elle, arrogante en la toisant du regard.

Sa respiration s'accélère et la colère s'empare de chaque cellule de son corps.

– Comment tu sais ça ?

– Oh Oria, tu reconnais Ethan mais pas moi  ? Je vais finir par me vexer, dit-elle faussement outrée. En te parlant de farine, ça te rafraîchit la mémoire ?

Son sang ne fait qu'un tour. Comment ai-je fait pour passer à côté ? Karla Young, celle qui m'a détruite. Au collège, un soir après les cours, elle et ses amies l'avaient coincée dans une rue adjacente à l'établissement et l'avaient couverte d'œufs et de farine.

Avec tout ce maquillage qu'elle s'étale sur le visage, impossible de la reconnaître. Elle a l'impression de revivre le même cauchemar qu'il y a quelques années. Ethan tourne la tête en grimaçant, ce qui ne lui échappe pas. Reste calme, Oria, reste calme.

– Je me demandais pourquoi tu te maquilles autant. Maintenant que je te reconnais, je comprends mieux.

La rage coule dans ses veines et son sang bouillonne. Elle hausse les sourcils, prenant cet air supérieur qu'elle aime tant arborer pour écraser les autres. Furieuse, elle se lève et s'approche d'Oria. Alors que Karla allait parler, elle la coupe dans son élan.

ColorlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant