Chapitre 12 : L'escalier

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Narrateur : Katsuki

Quand je suis sorti de l'hôpital, j'ai passé le week-end chez mes parents. L'ambiance était étouffante. Mais je ne m'en suis pas plains, ma mère m'a aidé à trouver un nouvel appartement pendant que j'étais à l'hôpital et je lui en suis franchement reconnaissant. Enfin je lui ai hurlé dessus tout le week-end, mais elle sait que je lui suis reconnaissant.

Le lundi suivant, Mina, Denki, Kyoka et Hanta m'ont aidé à emménager. Je n'aime pas recevoir de l'aide mais là je n'avais pas le choix. Je ne suis franchement pas bien remis de mon séjour à l'hôpital. Je boite, j'ai perdu toute mon endurance, je ne tiens pas debout sans béquille et la douleur dans mon dos et dans mon abdomen est toujours bien présente malgré les tonnes de cachets que j'ingurgite. J'ai toujours des séances de kinésithérapie et de psychologie obligatoires... Ça commence à me gaver.

Bref, donc cette bande d'abrutis est venue installer mes affaires dans ce studio que je peux me permettre uniquement grâce à la moitié de la part de la vente de l'appartement que je partageais avec Deku. Ils sont restés le soir, manger une pizza et boire une bière. Je ne suis pas forcément adepte d'inviter des amis à la maison, mais là ça me semblait le minimum pour les remercier. Ce soir-là on a parlé d'Eijiro... On ne l'avait pas encore fait. En fait, on s'est à peine vu après l'enterrement.

Ça a été dur, Denki et Mina ont fondu en larme, Hanta a cassé un verre sous le coup de la rage, Kyoka a dû sortir prendre l'air une trentaine de minute seule, et moi... moi aussi ça a été dur. J'ai fini par craquer. Je ne l'avais pas fait depuis un bout de temps, mais à force d'en reparler, je n'ai pas réussi à me retenir. Mes amis sont venus me conforter et je ne les ai pas repoussés. Ce n'était pas pareil qu'avec Deku, je ne me sentais pas aussi à l'aise. Mais ça fait du bien de partager ça avec eux. On s'est répartit nos émotions, maintenant on ne porte plus le deuil seul chacun de son côté, c'est notre bande soudée ensemble qui se bat pour sortir de cette tristesse. Je sais que ça rendrait heureux Eijiro.

Depuis ce soir-là, ça fait un mois que je vis seul. J'ai eu le droit de reprendre le boulot à mi-temps et essentiellement à domicile. Le reste du temps j'enchaine les rendez-vous chez le kiné, chez la psy, chez le médecin, visite de l'infirmière et aller-retour à la pharmacie. Je déteste ça. Mais le plus dur c'est de rentrer et de ne pas trouver une touffe de cheveux verts qui m'attend. Je ne m'y habituerai jamais, ça me fait mal à chaque fois que j'ouvre ma porte d'entrée et que je trouve une pièce triste et silencieuse.

Deku me manque. Ma solitude est cruelle. Je n'ai plus envie de me faire à manger si ce n'est pas pour lui partager la moitié de mon repas. Je n'ai même plus envie de sortir, moi qui ne pensais qu'à ça avant. Maintenant c'est lui le centre de mes pensées. Je le vois partout, il me manque tout le temps. Je ressens plus le phénomène de manque que quand on était lié. Je pense à lui toute la nuit, j'imagine sa petite respiration ensommeillée qui m'agaçait à l'hôpital et qui maintenant me parait essentielle pour m'endormir.

Petit à petit je perds tout enthousiasme. Mon apparence devient négligée, ce que ne manque pas de me faire remarquer ma mère à chaque visite. Un jour, mon père est venu me voir seul pour me demander si ça allait. Et ça, ça n'arrive jamais normalement. Je n'ai pas réussi à lui dire que Deku me manquait atrocement, mais je lui ai dit que je me sentais terriblement seul. Je ne m'étais jamais confié à lui avant. Alors il m'a accompagné chez ma psy, comme si j'étais un môme, et je ne sais pas de quoi il lui a parlé, mais elle a décidé de faire un compromis par rapport à nos séances hebdomadaires.

Donc je n'ai plus qu'une séance toutes les deux semaines si j'accepte d'aller à une thérapie de groupe... un groupe de soutient pour les victimes d'agression anti-alphoméga. Ce genre de lieux ridicules avec des bénévoles imbus d'eux-mêmes qui se croient assez heureux dans leurs petites vies rangées de merdes pour aller conseiller les autres... très peu pour moi. Mais c'est déjà mieux que voir la tronche de cette andouille de psychologue tous les mardis. Et puis les gâteaux sont gratuits. Alors j'ai accepté de tenter leur association. Je suis censé m'y rendre dans une demi-heure, mais un courrier dans ma boite-aux-lettres attire mon attention.

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