Chapitre 7 : Vérité fortuite

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Durant la nuit, mon esprit encore troublé par cette découverte, j'avais repassé en boucle les échanges et les scènes auxquelles j'avais assisté. Toujours excitée, je m'étais retenue de satisfaire mes envies du fait de l'espace collectif dans lequel je dormais. Au petit matin, je m'éveillais dans une humeur nostalgique. Si le doux rêve vécu dans la soirée avait suscité tout mon intérêt, le retour brutal à la réalité était des plus désagréable. Prenant connaissance de mes messages, Swan m'avait écrit : « Bonjour Kayla, je souhaitais simplement prendre des nouvelles pour m'assurer que tout allait bien de ton côté. N'hésite pas à m'appeler si tu souhaites discuter d'hier ». Lui confirmant que tout allait bien, je rejoignais la salle du petit déjeuner. M'installant seule à une table, je devais inspirer une certaine antipathie. L'éducatrice du foyer vint à ma rencontre en milieu de matinée.

— Kayla, alors ta soirée d'hier s'est bien passée ?

— Oui, c'était vraiment bien.

— Tu es rentrée plutôt tard à ce que j'ai vu... Pas de consommation d'alcool ou de stupéfiants ?

Roulant des yeux par réflexe devant sa question, je lui indiquais la négative.

— Parfait. Dis-moi, Aude m'a appelée pour me dire que tu envisageais de retourner au lycée, c'est le cas ?

— Oui.

— Je vois... Ne le prends pas mal, mais j'ai le sentiment que tu te fous de nous. Tu as toujours été réfractaire dans ta scolarité, je ne comprends pas du tout ta demande.

— ...

— Si tu n'as pas de commentaire à faire, je te souligne que je demanderai une vigilance particulière te concernant à l'établissement. Je refuse de me retrouver pendue au téléphone avec les autorités tous les quatre matins en raison d'une fugue ou d'une nouvelle absence injustifiée.

— Faîtes. Je m'en fiche.

— « Je m'en fiche », le séjour en centre éducatif a été de trop courte durée à ton goût ?

— Arrêtez de me chercher ! Vous savez pertinemment que je vais finir par perdre patience et m'énerver, ça vous apportera quoi ?! Je me suis engagée avec Aude à me reprendre en main ! Ne commencez pas à me prendre la tête avant de m'avoir laissé une chance !

Me laissant plantée au milieu du hall, elle repartit en direction des bureaux. Regagnant le dortoir, je récupérais mon téléphone et l'ouvrais sur le contact d'Aurélie. Si j'avais envie de lui écrire, j'ignorais quelles formes mettre dans mon message. Après avoir formulé des dizaines de phrases, je me décidais à faire bref : « Bonjour, c'est Kayla ». Récupérant mon sac de cour, je m'installais dans la grande salle pour demander les devoirs à un garçon de ma classe. Bien que surpris, il m'indiqua ce qui était à rendre et je m'attelais rapidement à la tâche. Prise dans un exercice de math, mon téléphone émit une vibration : « Bonjour Kayla, je me réjouis d'avoir de tes nouvelles. La nuit n'a pas été trop agitée ? ». Rougissant à la lecture du message, je répondais simplement par la négative. Nouvelle notification : « Surprenant... Tu as pris le temps de te renseigner sur certaines choses ? ». Questionnant le sens de sa question, sa réponse contenait un tableau listant un nombre incalculable de pratiques. Si certaines étaient plutôt explicites, d'autres me paraissaient plus obscures. Deuxième message : « Si tu ne comprends pas certains termes, abstiens-toi de rechercher sur internet et demande-moi ».

— Kayla ? Pour l'après-midi on a prévu deux groupes. Cinéma ou lac ?

— Lac.

L'éducatrice repartit. Irritée par son intervention, je relisais la liste et notais sur une feuille les nombreux termes que je ne comprenais pas. Entamant de la retaper sur mon téléphone, je baissais finalement les bras et me contentais de la photographier pour la lui envoyer. A l'heure du déjeuner, je m'installais à table avec Mégane. Si notre rupture avait suscité quelques tensions, nous étions parvenues à les apaiser pour préserver notre amitié. Discutant de tout et de rien, j'étais surtout accaparée par les nombreuses vibrations émises par mon téléphone. Le règlement du foyer était clair : Pas de téléphone sur les temps de repas. Aussi je me hâtais de terminer mon assiette pour m'installer dans l'herbe à l'extérieur. Déverrouillant mon téléphone, les explications transmises par la dominante étaient plus qu'explicites... Rougissant à la lecture de certaines définitions, je tentais de garder le contrôle en m'installant en tailleurs.

Le cadre de ma soumissionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant