Le cadre de ma soumission

Chapitre 23 : Glace vanille et nostalgie

 Le lendemain, mon réveil était marqué de ma décision. Malgré une légère frustration que j'anticipais face à ce choix qui m'écartait de mes tentations, j'étais satisfaite d'être parvenue à acter quelque chose dans mon propre intérêt. Sollicitant Jess, nous nous retrouvions sur les berges avec certains de ses proches. Malgré une légère différence d'âge, je parvenais aisément à m'intégrer au groupe et me réjouissais de pouvoir enfin retrouver des interactions de jeunes de mon âge. Si je ne cernais pas toujours l'objet de leurs conversations, les débats et occupations me convenaient en tout point.

— Et toi Kayla ? Tu as quelqu'un ?

Perdue dans mes pensées, je n'avais pas vraiment suivi le cours des échanges et me retrouvais surprise par la question. Indiquant simplement la négative, Jess me sourit en m'adressant un clin d'œil.

— En même temps, il n'y a rien d'urgent, j'imagine que tu as le temps de t'amuser un peu avant de chercher à t'engager.

— Je ne suis pas certaine de porter beaucoup d'intérêt à ces relations, généralement ça ne me réussit pas et j'ai plutôt tendance à me mettre dans des situations impossibles.

— Qu'est-ce que tu appelles « situations impossibles » ?

— Tomber enceinte d'un mec et découvrir cette grossesse trois jours avant qu'il ne soit incarcéré pour des braquages... M'attacher à une nana à fond, découvrir qu'elle était flic... Ce genre de conneries.

— Attends ?! Tu as des enfants ?

— Non, j'ai avorté... J'ai été interpelée le même jour que lui. Ce bâtard a essayé de me foutre dans sa merde...

— C'est complètement fou ! Mais du coup la flic ? C'est quoi l'histoire ?

— Au début je l'aimais bien, après j'ai découvert qu'elle était flic. Puis on s'est à nouveau rapprochées mais finalement, entre mon retour en centre et... Bref.

— Pas simple... Donc j'en déduis que tu es attirée par les femmes autant que par les hommes ?

— Non, plutôt les femmes en général. Jay' c'était un accident de parcours plus qu'autre chose.

Riant à gorge déployée, elle nargua les quelques mecs présents au sein du groupe en se vantant d'avoir plus de chances qu'eux. Sur le ton de l'humour, chacun entamait de livrer une anecdote de son passé jusqu'à ce que l'une des filles n'explique :

— J'avais rencontré un mec en or ! Aymeric, le gars vraiment parfait : stable, beau, intelligent, hyper attentionné ! Au début, vraiment nickel, il voulait prendre son temps, ne pas me brusquer. Le jour où on a couché ensemble, le gars m'a mise à genoux en me disant qu'il voulait que je me soumette à lui ! Un gros malade ! Je me suis barrée direct !

Plissant les yeux sur son explication, il me semblait évidemment avoir deviné l'identité de ce fameux « Aymeric ». Alors que les autres lançaient un débat autour de ses pratiques, je suivais leurs échanges avec attention. Là où certains mettaient en avant la dangerosité, d'autres proposaient des arguments féministes cherchant à démontrer qu'il s'agissait simplement d'un nouvel asservissement. Pour majorité, ils exprimaient de grandes réticences et réserves relatives à ce milieu. Passionnée de pouvoir assister à un débat que j'avais dû mener seule la veille, Jess exprima enfin son point de vue. Décrivant qu'il s'agissait de pratiques dégradantes qui visaient à détruire l'autre pour en prendre le contrôle, je serrai légèrement les poings.

— Kayla ? Tu n'es pas d'accord ?

— Pas forcément d'accord avec tout ce qui a été dit... Mais c'est plutôt intéressant.