Rhapsodie XVIII

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— Grand dieux, lança Zeus à l'assemblée divine. Je pense qu'il est temps.

On haussa les sourcils et on accueillit sa proposition aces des murmures stupéfaits.

— Temps de quoi ? demanda le divin Poséidon.

— Il est temps, reprit le roi des dieux, de révéler à nos fils pourquoi nous les avons faits.

— Tu es certain, mon père ? s'enquit la farouche Artémis. Cela fait à peine un mois qu'ils savent qui ils sont...

— Et certains l'ignorent encore... commenta narquoisement le maître des Mânes dans un souffle inaudible.

— C'est au vu des progrès de mon fils que je l'affirme maintenant : ils sauront faire face à cette révélation. J'ai vu Seungcheol dompter la foudre, et l'ai entendu parler. À n'en point douter, il est et sera un roi compétent, capable d'unifier son armée, et de porter pour eux ce qu'ils ne peuvent pas porter. Mon fils m'a fait comprendre qu'ils ont besoin de savoir. Nous ne pouvons plus leur mentir d'avantage, nous devons être honnêtes.

— Mon père, je suis d'accord, approuva la sage Athéna. Mon fils fait déjà preuve d'une grande sagesse. Je suis de ton avis.

— Et je m'y oppose, intervint le souverain des Mers.

Toute la divine assemblée se tourna vers lui et son frère, père des dieux et des hommes, l'invita d'un geste à faire part de sa position.

— Je me répète, déplora le protecteur de l'Isthme, mais Jihoon n'est pas encore capable. Je refuse que nous impliquions dès maintenant des incapables dans la plus grande cause des mondes.

— Qui oses-tu appeler « incapables » ? s'offusqua la sublime Aphrodite. Mon fils est loin d'en être.

— Je ne te permets pas non plus de parler ainsi de mon enfant, s'offensa quant à elle la porteuse de saisons Déméter. Je donne mon accord afin que l'on dise à nos fils en vue de quoi ils sont en ce monde.

Le suprême Zeus, roi d'entre tous les dieux, fit savoir qu'il reprenait la parole, et tonna :

— C'est assez. J'entendrai chacun d'entre vous avant de prendre ma décision. Je tiens compte de ta parole, mon frère. Hadès, toi qui règne sur les Enfers, qu'en dis-tu ?

Le maître des Mânes que l'on semblait tirer d'une profonde rêverie, posa son regard sombre sur les flammes du Feu Sacré. Ses yeux étaient froids malgré l'éclat brûlant. Il appuyait sa tête sur ses mains croisées, les coudes posés sur les genoux et penché vers l'avant.

— Je laisse au Sort le soin de décider ce qu'il adviendra de Soonyoung.

Il se redressa pour s'adosser au fond de son trône.

— Il fait ses choix ; malheureusement pour lui, on ne choisit jamais tout. Qu'il soit maître de son destin autant qu'il le peut.

— Que s'est-il passé pour que toi, puissant Hadès, qui il y a peu encore plaçait tant d'espoir entre ses mains, tu ne délaisses tes ambitions ? l'interrogea la farouche Artémis.

— Je suppose qu'il comprendre mieux la nature de son existence s'il en fait l'expérience par lui-même, puisqu'il semble que mon action directe soit un échec... soupira le dieu aux nombreux hôtes.

— En faire l'expérience par lui-même, dis-tu ? répéta le divin Poséidon.

Dans l'Assemblée, on fit part de ses avis, et ceux-ci étaient divisés. Les uns souhaitaient que l'on révélât promptement aux demi-dieux leur mission aussi honnêtement que possible, parmi lesquels la belle Aphrodite, la sage Athéna, le brutal Arès, le rayonnant Apollon et la farouche Artémis, et le maître de l'Assemblée Zeus lui-même ; les autres désiraient qu'on gardât le secret, encore un peu. Le père des dieux et des hommes leva l'assemblée, et chacun repartit à son domaine. Seul Poséidon restait pensif sur son trône.

DEKAEPTAIA ⋮ ΔΕΚΑΕΠΤΆΙΑ |Livre I|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant