Rhapsodie XIII

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Les membres avaient eu un programme chargé qui les avait contraints à ne rentrer à leur dortoir qu'à une heure tardive. Ils avaient enregistré plusieurs interviews pour diverses chaînes de télévision, ce qui les avait grandement fatigués. Ce ne fut que vers 3 heures du matin que Jeonghan put monter sur l'Olympe pour y rejoindre sa mère Aphrodite. Contrairement à la plupart des jours, où le soleil était encore haut quand le demi-dieu rejoignait sa mère, la nuit avait déjà pris place. La déesse céleste était accoudée à la rambarde de la terrasse de sa chambre.

- Bonsoir Aphrodite, dit Jeonghan en arrivant près de sa mère.

La déesse anadyomène accueillit le jeune homme avec un sourire affectueux.

- J'ai cru que tu ne viendrais jamais, plaisanta-t-elle avec un rire gracieux. Je ne t'attendais plus !

- Je ne manquerai aucun de nos rendez-vous, répondit joyeusement le demi-dieu.

La belle Aphrodite avait ce talent de se rendre sympathique à tout le monde, et aux yeux de son fils, si elle était déjà une amie certaine, elle agissait avec une douceur maternelle qui lui faisait sentir qu'elle était de sa famille.

- Je te sers à boire, Jeonghan ? demanda agréablement la déesse.

Le demi-dieu acquiesça, en précisant toutefois :

- Rien qui contienne de l'alcool, s'il-te-plaît. Je suis trop fatigué pour ça.

La déesse née de l'écume fit aussitôt disparaître par magie la coupe de vin qu'elle venait de remplir, et l'échangea contre un gobelet en cristal. Jeonghan le prit volontiers mais observa avec curiosité le liquide rose fumant qui s'y trouvait.

- C'est une infusion à la rose. C'est doux et fleuri, et les boissons chaudes sont toujours réconfortantes après une journée de dur labeur.

Le demi-dieu remercia sa mère en s'inclinant poliment, et essaya la mystérieuse boisson du bout des lèvres. Le parfum de rose était léger mais distinct, et le miel que la déesse avait rajouté rendait l'infusion tout à fait gourmande, et tout à fait au goût de Jeonghan.

- Nous nous entraînerons moins longtemps ce soir, je ne voudrais pas t'épuiser. Cela te convient-il ?

Reposant le verre qu'il avait vidé de moitié, le demi-dieu hocha la tête.

- Je sens que nous touchons au but, affirma la sublime Aphrodite. Je tiens à te prévenir, toutefois, le déclic risque d'être un choc pour toi.

- Pour l'instant, je me porte bien, commenta Jeonghan, perplexe. Ça ne m'inquiète pas trop...

- Nous verrons cela... souffla la déesse.

Jeonghan devait l'avouer : il ne saisissait pas l'enjeu de l'entraînement d'Aphrodite – il doutait même que l'on pût appeler cela entrainement. Depuis plusieurs jours qu'il expérimentait la méthode de la déesse de l'Amour, il ne comprenait pas ce qu'elle lui faisait, et ce que c'était censé provoquer. Il lui avait demandé, curieux, et elle avait répondu que s'il le savait, le résultat mettrait plus de temps à arriver.

Chaque fois, la puissante Aphrodite procédait de la même façon. Elle faisait s'asseoir confortablement son fils sur un fauteuil, face à l'horizon et au sublime paysage. Elle lui demandait de fermer les yeux et pendant plusieurs minutes – ou parfois des heures, il n'en était jamais certain –, elle lui parlait de tout et de rien, de légendes et de mythes et d'histoires d'amour, tout en marchant et tournant autour de lui. Parfois, elle posait ses mains délicates sur son visage et lui murmurait des phrases en grec qu'il ne comprenait pas. De temps en temps, Jeonghan avait la sensation qu'elle agissait sur lui, d'une manière ou d'une autre qu'il n'aurait su expliquer ; mais il soupçonnait qu'elle employait une partie de sa magie.

DEKAEPTAIA ⋮ ΔΕΚΑΕΠΤΆΙΑ |Livre I|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant