Rhapsodie XXI

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Malgré les tensions qui persistaient au sein du groupe, les premiers jours de promotion de leur nouvel album « Going Seventeen » se passaient à merveille. Les retours étaient largement positifs, le public aimait leurs nouvelles chansons et cela chacun des demi-dieux. Même Jihoon, quoi qu'encore déstabilisé par sa brève et incompréhensible idylle amoureuse avec Soonyoung, était heureux de savoir que son travail était apprécié.

Jeonghan surveillait avec attention le fils d'Hadès et le fils de Poséidon afin de voir comment leur relation évoluait. Il ne pouvait pas dire qu'il y avait du progrès, car pas une seule fois il ne les vit se parler, ni même se regarder. Joshua, à qui il avait avoué tous les détails du problème, de même que Seungcheol – ses deux meilleurs amis – persistaient à dire que tout irait bien, que Jihoon et Soonyoung ne se haïssait pas et qu'il leur fallait simplement quelques temps pour surmonter la gêne d'avoir franchi une ligne implicitement interdite. Le fils de Déméter ajoutait aussi que Jeonghan trouverait un jour le moyen de comprendre ses pouvoirs et de les utiliser pour le meilleur. Le demi-dieu de l'Amour leur avait expliqué son don – ou sa malédiction – d'empathie, et ses sentiments exacerbés à tous les rendre pénibles, et Seungcheol comprenait désormais ô combien son refus avait dû blesser son ami. Il ne mentionnait plus cet évènement, mais tout comme Jeonghan, il n'oubliait pas, en faisant seulement abstraction.

En revanche, le fils d'Aphrodite avait gardé le silence, quant à la raison de l'accident amoureux de Soonyoung et Jihoon, ce que sa mère, elle, n'avait pas omis de lui rappeler. Il devait toujours faire tomber amoureux Junhui et Minghao. Et dix jours après s'être vu confié cette mission, il n'avait fait aucun progrès – et il ne voulait pas en faire. La simple idée de devoir à nouveau manipuler les sentiments de ses amis, après avoir vu la puissance émotionnelle de tels actes, le terrifiait. Il ne voulait pas avoir à le faire mais la céleste déesse l'y incitait sans cesse.

En s'occupant de ses deux colombes, toujours autant amoureuses, il ne pouvait plus ressentir leur bonheur quand sa propre honte engloutissait tous ses autres sentiments dans un abîme de culpabilité. Ces deux oiseaux n'auraient-ils pas dû continuer de se haïr ? Était-ce une bonne chose que de les contraindre à l'amour ? L'amour devait donner des ailes, et non pas enfermer dans une prison dorée. Si le sort des volatiles peinait déjà tant Jeonghan, il ne pouvait dignement concevoir infliger le même aux deux chinois.

Pourtant, il avait essayé. Seulement pour voir s'il en était même encore capable. Et dès l'instant où il lui avait fallu concevoir de l'amour, le souvenir douloureux du rejet de Seungcheol le prit à revers et lui arracha tout le bonheur qu'il pouvait tirer de lointains souvenirs. C'était peine perdu ; mais la belle Aphrodite n'en démordait pas, au point que Jeonghan se demanda si elle prenait en compte son propre état. « Ce sera pour le mieux » disait-elle. « Fais-moi confiance » répétait-elle. « Trouve un moyen ». Jeonghan était dans l'impasse et ne savait plus quoi faire.

De même, Soonyoung était complètement désemparé. Il avait bien tenté de parler de nouveau à Jihoon, de s'expliquer avec lui mais le plus jeune l'évitait farouchement, à toute heure du jour et de la nuit. Il l'avait appelé, envoyé des messages ; l'autre n'avait jamais répondu. Il essayait à chaque instant de se souvenir du moment où tout avait changé, où il avait soudainement commencé à aimer Jihoon plus que de raison, et il se souvenait du jour avant, du jour après, des heures autour, mais il ne pouvait s'expliquer l'amnésie mystérieuse qui séparait l'amitié de l'amour. Mais les images des quelques jours où ils avaient été en couple étaient encore très claires dans son esprit. Particulièrement leur dernier baiser avant la brusque déréalisation.

Mais si seulement il n'avait s'agit que de sa relation compliquée avec Jihoon. Les derniers jours avaient été éprouvants pour tous les demi-dieux, mais quand la plupart des divinités étaient compatissantes envers leurs fils et les laissaient se concentrer sur leurs promotions, Hadès, et Hécate également, attendaient de Soonyoung une ponctualité sans faille.

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