Rhapsodie LVII

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Soonyoung n'était pas rentré avant minuit. Il n'était pas rentré de la nuit. Jihoon était rongé par l'inquiétude. Maintenant qu'il savait que Soonyoung s'obligeait à être son lui fou, qu'il se forçait à être dans cet état d'esprit tout en gardant de clairs souvenirs de ces moments où il était cet autre qu'il détestait tant, et tout cela au moyen d'une drogue hallucinogène, le fils de Poséidon se sentait coupable. Et comme cela faisait bientôt vingt-quatre heures qu'il n'avait plus vu Soonyoung, il se demandait s'il n'avait pas fait une bêtise.

Il se rendit dans le Bas-Monde et essaya de l'appeler au téléphone mais il n'obtint aucune réponse. Si son téléphone était dans le Paradigme, c'était déjà peine perdue. Les heures passaient et Jihoon devenait de plus en plus nerveux. Il avait attendu Soonyoung dans sa chambre, puis avait cherché dans les pièces principales de l'Ossa où il pensait que Soonyoung pouvait être. Il s'était rendu aux écuries, au gymnase, au balnéion ; mais jamais aucune trace de Soonyoung.

Après vingt-quatre heures – il n'avait pas fermé l'œil de la nuit – il se rendit dans le salon principal, où il savait que la majeure partie du groupe se trouvait. Il poussa les portes et s'avança dans la pièce avant de demander à haute voix :

— Excusez-moi. Est-ce que, par hasard, vous auriez vu Soonyoung ?

Seungcheol, assis sur un canapé, regarda les autres demi-dieux, seulement pour les voir tous secouer la tête. Il se tourna de nouveau vers Jihoon et répondit au nom de tous :

— Non, désolé. Pourquoi ?

— Euh... Ça va faire une journée qu'il est parti... Il m'a dit qu'il serait rentré avant minuit m-mais...

Quelques murmures étonnés accueillirent l'explication.

— Étrange... commenta Junhui. Je vois mal où il aurait pu passer pendant une journée s'il n'est ni ici, ni au dortoir...

— Il s'est passé quelque chose ? demanda tout à coup Jeonghan.

Jihoon secoua la tête avant de s'immobiliser et de se raviser. Il afficha une moue concernée qui attira l'attention des demi-dieux.

— En fait, on s'est... On s'est disputé avant qu'il parte...

— Disputé ? répéta le fils d'Aphrodite sur un ton qui cachait à peine ses suspicions.

— Rien de grave, s'empressa de préciser Jihoon. Je crois qu'il m'en veut ou... ou peut-être qu'il ne veut pas me voir. Mais j'aimerais être sûr qu'il va bien...

— Hyung, je peux utiliser le Caducée, si tu veux, proposa Minghao en se levant.

— Tu peux faire ça ?...

— Oui, attends. Je reviens tout de suite.

Minghao disparut presque instantanément sous ses yeux, pour réapparaitre quelques secondes plus tard, tenant cette fois la baguette des hérauts entre ses mains. Les dons de téléportation du fils d'Hermès étaient toujours aussi impressionnants, surtout par la façon dont il en faisait usage le plus naturellement du monde. Le fils d'Hermès tint le Caducée devant lui, et prononça distinctement le nom de Soonyoung. Presque aussitôt, le petit globe de cristal en son sommet s'illumina, et s'éleva un étrange filet de lumière, comme un ruban, qui traça le chemin jusqu'à celui dont on venait de prononcer le nom.

— Suis-moi, hyung, dit Minghao en commençant à marcher.

Jihoon acquiesça, et marcha dans ses pas. Le fils de Poséidon crut que le Caducée les emmènerait hors de l'Ossa, que Soonyoung était loin, perdu au fin fond du Paradigme. Mais le chemin de lumière empruntait les escaliers du palais, et descendait. Alors Minghao et Jihoon descendirent un étage, deux étages, trois, quatre, et ils arrivèrent au bout des escaliers, au plus bas sous-sol du palais. Là, ils remontèrent un couloir faiblement éclairé, qui ne desservait qu'une seule porte tout au bout. La piste lumineuse s'arrêtait devant cette porte.

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