Rhapsodie XLIII

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Junhui enfila un t-shirt, un pantalon, se recoiffa rapidement, puis jeta un regard vers son lit. Minghao dormait toujours paisiblement. Le fils d'Athéna se dirigea vers son bureau, attrapa une feuille de papier et un stylo et griffonna rapidement un petit mot à l'intention du fils d'Hermès lorsqu'il se réveillerait. Puis il sortit de la pièce, veillant à fermer la porte avec la plus grande délicatesse. Il se dirigea vers la cuisine de l'Ossa, prit une maza que Seokmin avait préparée la veille, et la dévora sur le chemin de l'Olympe.

Ce matin-ci, il avait rendez-vous avec sa mère. La déesse de la Sagesse l'attendait toujours au même endroit, sur une terrasse verdoyante de l'Olympe. Junhui rejoignit rapidement le lieu, et il regarda sa montre au moment d'abaisser la poignée. Il était pile à l'heure. Alors il ouvrit la porte, et la lumière du soleil levant inonda son visage.

La déesse, fille de Zeus, attendait assise sur son siège, les jambes croisée et regardant l'horizon. Junhui remarqua immédiatement ce qui était posé à côté d'elle. Un bouclier. Pour l'avoir déjà étudié au cours de ses lectures, le demi-dieu savait de quel bouclier il s'agissait. C'était l'Égide. Le bouclier divin qui, longtemps ayant recouvert le bras de Zeus, armait désormais le bras de sa fille, la sage Athéna. Ouvrage d'Héphaïstos, forgé d'orichalque, pendillaient sur les bords de l'Égide cent franges merveilleusement tressées d'or. En son centre, l'arme divine portait le Gorgonéion, le masque sculpté de métal de la tête de Méduse, que le héros Persée, après l'avoir tranchée, avait remis à Athéna. C'était une arme d'une grande puissance.

— Bonjour Junhui, dit posément la déesse en épargnant à son fils le moindre regard. Assieds-toi.

Même si la sage déesse était impassible, Junhui savait pourtant le fond de sa pensée. Rien n'échappait au regard du demi-dieu comme rien n'échappait à celui de sa mère. Elle devait savoir ce qui s'était passé la nuit d'avant, entre Junhui et Minghao. Et comme le demi-dieu s'y attendait, elle ne s'en réjouissait pas, loin de là. Sans un mot, le fils d'Athéna obéit et s'assit sur le siège en face de celui de sa mère.

— À ce qu'il parait, tu as succombé aux passions du corps.

— Je n'ai succombé à rien, Athéna. Je peux te l'assurer.

Du coin du coin de l'œil, elle jugea son fils.

— Et tu me mens, désormais ? reprit-elle. On ne cache rien aux yeux d'une déesse.

— Je ne vais pas prétendre n'avoir rien fait, se justifia Junhui aussitôt en levant les mains dans un geste de défense. Mais je le répète : je n'ai pas succombé.

— J'ai accepté l'amour, parce que le destin en a décidé ainsi et que je ne peux m'opposer à sa volonté. Mais le désir ? Le contrôler est l'apanage des sages, ce qui nous distingue des bêtes.

— Et je le contrôle, Athéna, affirma le demi-dieu. Tu n'as pas lieu d'en douter.

La déesse regarda de nouveau devant elle, l'horizon baignée de la lumière chaleureuse du soleil levant. Elle inspira profondément et secoua la tête.

— Je suis une déesse vierge, tu le sais ; et je t'ai donné naissance par la force de ma pensée. Et sais-tu pourquoi j'ai juré de rester à jamais parthenos, quand bien même il me fallait donner naissance à un demi-dieu ? Afin de me consacrer pleinement à mon art, sans jamais en être déviée. Te dévies-tu de mon enseignement, Junhui ?

— Je l'applique à chaque instant, Athéna. Je n'écoute que ma raison.

Un rire sec échappa à la déesse. Elle haussa les épaules avec un certain dédain. Puis elle replaça d'un geste délicat son manteau sur son épaule alors qu'un vent froid balayait les murs d'or de l'Olympe.

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