Rhapsodie XLVIII

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Jeonghan claqua la porte derrière lui. Il sursauta au bruit, et réalisa à quel point ses nombreux et puissants sentiments travaillaient son cœur et mettaient son corps à bout de nerfs. Être le demi-dieu de l'Amour. C'était à ses yeux quelque chose de magnifique. Il était le demi-dieu du plus beau sentiment de ce monde. Il répandait l'amour grâce à ses pouvoirs, vivait de celui des autres. Il avait appris à lire les cœurs et à partager les émotions.

Mais il découvrait aussi que l'amour n'était pas une chose facile, comme il le croyait avant. S'il lui avait fallu des années pour obtenir de Seungcheol un « je t'aime », il ne croyait pas à l'époque que le sentiment en lui-même était difficile. Il revenait maintenant sur sa conviction ; peut-être bien que l'amour était une chose complexe, logée au creux des âmes, qui les travaillait et les tourmentaient.

Le reste des demi-dieux semblait lui avoir accordé une autorité dans le domaine de l'amour. Il leur paraissait le mieux placé pour les conseiller tant par son ascendance divine que par sa connaissance du phénomène - lui qui avait tant aimé Seungcheol avant d'obtenir son amour en retour. Il n'y avait pas une seule histoire d'amour au sein de leur groupe dans laquelle il n'avait pas été impliqué d'une façon ou d'une autre. C'était lui qui avait suscité l'amour entre Junhui et Jeonghan ; de même, il avait accidentellement fait tomber amoureux Soonyoung et Jihoon l'un de l'autre, avant d'être l'observateur de l'évolution de leur relation, qui échappait quelque peu à ce que Jeonghan considérait comme du bon sens ; et maintenant, Wonwoo lui demandait conseil pour sa relation avec Mingyu contre la volonté des dieux.

Jeonghan aimait aider ses amis à aimer, mais il se rendait compte que toutes ces émotions commençaient à épuiser son cœur qui devait tant assimiler les siennes que celles des autres.

- Salut, mon ange.

Seungcheol, allongé sur le lit, avait levé les yeux de son livre pour saluer son petit-ami. La voix réconfortante du fils de Zeus, et son intonation qui traduisait la douceur de son amour, mit du baume au cœur de Jeonghan. Le fils d'Aphrodite se dirigea vers le lit, posa un genou dessus pour se pencher et embrasser le demi-dieu de la Foudre.

- Bonjour mon amour... murmura Jeonghan en réponse. Qu'est-ce que tu lis ?

- Un bouquin pour apprendre le grec. Cette langue est une vraie plaie ! se plaignit-il.

Mais sa réponse, qu'il avait consciemment exagérée pour faire rire Jeonghan, n'obtint aucune réaction.

- Oh, toi, il y a quelque chose qui ne va pas, remarqua aussitôt Seungcheol.

Le demi-dieu de l'Amour esquissa un sourire malgré tout.

- Tu me connais trop bien...

- Tu veux en parler ?

Jeonghan se releva du lit et se dirigea vers le meuble dans lequel il gardait ses bouteilles de vin aromatisé à la rose et au miel.

- En fait, il faudrait que je parle à mon frère.

- Tu veux que je vous laisse ? proposa Seungcheol en se redressant.

Lorsqu'il vit que son petit-ami se servait un verre de vin, il fronça les sourcils.

- Ça doit être sérieux... ajouta-t-il.

Il savait que Jeonghan ne buvait de vin qu'en de grandes occasions, ou bien lorsqu'il en avait gros sur le cœur. Ce devait être cette deuxième proposition, à en juger par le manque flagrant de joie sur le visage de Jeonghan.

- Tu peux rester, répondit Jeonghan après une gorgée de sa boisson. En fait... En fait, j'apprécierais ça, si tu pouvais rester...

Il se tourna vers le lit et lança à Seungcheol un regard qu'il ne pouvait pas tout à fait qualifier. Était-ce de la fatigue ? De la tristesse ? De la colère ? Peut-être un peu de tout ça, et ce mélange sonnait comme une demande, une prière silencieuse. Seungcheol posa son livre, se mit debout et vint enlacer tendrement Jeonghan par derrière. Il posa sa tête sur son épaule et le serra contre lui.

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