Pour quelques mots qu'ils pensaient si fort

Chapitre 13

JOY

Je pousse la porte et pénètre dans le hangar. Je traine ma valise derrière moi. J'ai pris presque toutes mes affaires. Demain il faudra que j'aille en zone B afin de remplir et de signer quelques contrats. Je pourrai ainsi rester vivre ici. J'ai pris mes cahiers. Je n'en aurais plus besoin, en choisissant d'être bannie, je refuse l'aide de l'Etat à la fois pour ma santé et pour mon éducation. Il faudra aussi que je Leur rende les clés de notre appartement, c'est avant tout pour ça que je me suis rendue là-bas afin de récupérer tout ce qui nous appartient, à moi et à mes parents. A vrai dire, pas grand chose, tous les meubles sont prêté par le gouvernement, alors je n'ai pris que des vêtements, des cahiers et les vinyles de ma sœur, qui, avec son amie LUV, se passionne pour tout ce qui est vintage.

- Scaldris ? Tu es là ?

Je traverse la première pièce et arrive dans la seconde, je frissonne, le sol est froid et humide. Scaldris est là, adossé au mur du fond, il relit la page que j'ai écrite tout à l'heure. Il relève la tête et repose le carnet.

- Salut, ça va ? (J'acquiesce) Trystaël est passé, apparemment Ils vont nous donner une aide financière à cause de la mort de Lenwë...
- Ah cool... Enfin c'est pas ce que je veux dire... bref... t'as compris.

Il sourit. C'est un sourire triste, mais un sourire quand même, je lis dans ces yeux gris que nous allons agir. Il y croit, et moi aussi. Mais je vois également sur son visage la peur. Il sait mieux que moi ce que nous risquons. Je ne sais pas bien ce qui m'arrive, la peur m'a quitté, depuis quelques jours. J'ai toujours eu en moi la crainte d'être bannie, et maintenant c'est moi qui décide de l'être. J'ai l'impression que je ne pourrais pas tomber plus bas, je sais bien que j'ai "légèrement" bousillé l'honneur de ma famille, et pourtant je continue d'agir, comme si au fond de moi j'avais toujours rêvé de lâcher prise.

Il se relève, repose la feuille sur la table un peu bancale, sans me quitter des yeux.
Je m'avance, je ne sais pas bien pourquoi, peut-être tout simplement pour voir son sourire d'un peu plus près, pour tomber dans ses yeux qui me promettent un avenir meilleur, parce que moi aussi, je veux y croire.
Et très vite, nos lèvres se frôlent et s'effleurent, hésitent mais se touchent, et son sourire, un sourire triste mais un sourire quand même, se propage sur mon visage. Et on se sourit.
Parce que c'est décidé, on va publier notre livre.
Parce qu'on sait qu'après, on s'enfuira.
Loin, très loin...

Je me réveille en sursaut. Il fait jour. Je m'habille en vitesse, je dois être à 10h30 en zone C, pour signer les contrats de bannissement, et rendre les clés de l'appartement.

Scaldris est déjà sortit, il a laissé un papier sur la table : "Je suis au marché transparent, je serais de retour à midi." Je sors à mon tour, et me dirige vers la zone J, là où je vivais avant.