Chapitre 27

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LYD, LA SOEUR DE JOY

C'est l'heure de la pause : je retourne dans ma chambre et m'écroule sur mon lit. J'ai pu obtenir une platine, grâce à l'autorisation de la directrice. Je prends, sur l'une de mes étagères, un vinyle de Giana, que ma sœur a ramené... Où est-elle en ce moment ? Je sors le vinyle de sa pochette, lorsque quelques feuilles en tombent. Je les rattrapent, et j'ai juste le temps de lire la première phrase : "Ce n'est pas de notre faute si on y croit, parce qu'on a jamais connu un monde meilleur, un monde différent". Je reconnais l'écriture de JOY. Je range rapidement ces quelques pages dans la pochette du vinyle et appuie sur le bouton de la platine afin de lancer la musique. La voix de Giana emplit la pièce... Pourquoi JOY a-t-elle décidé de me donner ces quelques feuilles ? Voulait elle que j'écrive, moi aussi ? Pour cela, il faudrait déjà que je puisse lire la suite, mais avec toutes ces caméras, ça s'annonce compliqué. Mais il y a des lois, qui, si je me souviens bien, interdisent de filmer des mineurs lorsqu'ils sont nus. Je pourrais par exemple aller dans la salle de bain, en prenant soin d'emporter discrètement les feuilles dans ma serviette, et me déshabiller. Je pourrai ensuite faire couler l'eau pour qu'on me croit sous la douche, et pendant ce temps, lire la suite. Je prends dans mon placard ma trousse de toilette, et me rends dans la salle de bain, avec les feuilles que JOY a noircies. Je commence à faire couler l'eau, et à lire. JOY n'est pas la seule à avoir écrit : apparemment il y avait aussi quelqu'un d'autre. Mais qui ? Il y a environ six pages, que je lis en diagonale. Je n'ai pas le temps de déchiffrer attentivement. Ça parle de la rébellion, d'espoir, aussi. J'ai du mal à me convaincre que JOY ait écrit cela, elle qui était toujours si sage, si respectueuse des règles, des lois. Je referme ces pages, puis me rince rapidement, parce que ce ne serait quand même pas très crédible de sortir de la douche entièrement sèche. Je m'essuie grâce à ma serviette, et enroule cette dernière autour de mon corps, avant de quitter la pièce, les pages que j'ai pliées, dans ma trousse de toilette. Quelques minutes plus tard, une fois habillée, je m'installe à mon bureau pour réviser. Ici, en École Spéciale, les cours ne sont pas très différents de ceux que j'avais avant. Il y a juste plus de propagande. Je n'aurais jamais cru ça possible. Le procès de papa et maman aura lieu d'ici une semaine. J'ai peur qu'Ils les bannissent, et que je sois la seule à rester de ce côté de la ville. Dans ce cas-là, je demanderais sûrement à aller vivre moi aussi là-bas. J'ouvre un cahier, fait semblant de réviser, alors qu'en vérité, j'écris la suite du livre que JOY m'a confié. Je souris, ça me rappelle les fois où nous "révisions" toutes les deux. Après tout, JOY n'était peut-être pas si sage que ça...

Soudain, des cris, venus de dehors, résonnent, couvrant un peu la voix de Giana. Je me dirige à la fenêtre et aperçoit une silhouette.

Pour quelques mots qu'ils pensaient si fortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant