Chapitre 12

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SCALDRIS

Je lui rends la feuille et acquiesce.

- J'aime bien. A mon avis, on devrait écrire environ dix pages, si on en fait trop ça sera long pour tout recopier après.
- On va pas le photocopier ? Ah bah non, sinon Ils le sauront. Et tu as du papier ?
- Un ou deux cahiers de brouillon, trouvés dans les bacs à décharge (elle grimace). Et toi ?
- Mes cahiers de cours, mais il faudrait que j'aille les récupérer à l'appart'. Par contre... Comment on va faire pour que les gens le lisent sans qu'ils nous dénoncent ?
- On pourrait garder l'anonymat ? Mais dans tous les cas il faudra trouver un moyen pour leur donner notre livre sans qu'Ils s'en rendent compte. Je sais ! On pourrait Leur dire qu'on a besoin d'argent, et qu'on veut travailler pour Eux. 'Y a un ami de mes parents, Trystaël, qui avait décidé de faire ça ! ...Sauf que c'est pas en jetant des cadavres dans une fausse qu'on va faire lire notre livre... Sinon on peut faire des livraisons de chocolat à Noël ou au nouvel an, et on glisse dans les boîtes nos dix pages, c'est bien, ça, non ?
- Oui... mais quand les gens ouvriront leur boîte, Ils verront qu'on y a mis un livre à cause des caméras dans les appartements... Bon, on verra, il faut déjà finir d'écrire avant de se poser toutes ces questions. Alors... Je vais chercher mes affaires à l'appart' ok ? Tu m'accompagnes ?
- En réalité j'ai pas tellement l'droit d'aller là-bas, alors je crois que je vais rester ici pour continuer d'écrire. Bon... bah à tout à l'heure alors !

Je déchire une des pages de mon cahier de brouillon, prends un stylo et commence à griffonner deux trois mots :

"Est-ce que le monde a toujours été comme ça ?
Tout devient il absurde sans qu'on le remarque ?

Silence, encore et toujours, on nous l'ordonne.
Impossible de leur résister.

On a tous fait ce constat.
Nous n'avons, et nous n'aurons jamais le choix.

Rire forcé, faux sourire, tout va bien...
Écoutez moi, je vous cris à la figure la vérité :
Si rien ne change, il sera bientôt trop tard pour revenir en arrière.
Il est peut-être déjà trop tard...
S'il vous plaît, juste un signe, un regard, pour prouver que je ne suis pas seul à voir l'absurdité de ce monde.
Tout le monde reste immobile, tout le monde ferme les yeux...
Alors que je cris, vous faites semblant de ne pas m'entendre.
Il ne me reste plus qu'à vous poser une question.
Trouvez la, elle est sombre mais nous devrions nous la poser dès le début..."

Je repose le stylo. Me relis... Ça va, on comprend plutôt bien que la question est faite à partir des majuscules, "ET SI ON RÉSISTAIT ?"... On a déjà écrit deux pages sur dix.
Il faudra que je montre celle-là à Joy. Quelqu'un toque à la porte, ce doit être elle...

- Oui, entre ! Ça va ? Tu as trouvé les cahiers ? J'ai écrit la deuxième page !

Je me retourne, et ce n'est pas Joy.

- Trystaël ?!

Trop tard... il les a vu. Ces mots qui devaient rester cachés...




Pour quelques mots qu'ils pensaient si fortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant