Mission 18 : eat or not eat the burrito

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L'ascenseur qui mène au -3 ne fait "que" les sous-sols, c'est ce qu'observe Cathy en attendant dans la cabine. Elle a évité inconsciemment le regard de Mika à plusieurs reprises, évidemment ce dernier s'en est rendu compte et ça l'agace. Luan chantonne "Ich tu dir weh" pour détendre l'atmosphère tendue comme une corde à linge de ring de catch.

C'est dans un soupir de soulagement que la cabine s'ouvre enfin sur un long couloir entièrement peint en violet, du sol au plafond, et éclairé par une lumière blanche. Au bout il y a une seule et unique porte, en violette aussi.

Pour la première fois de sa vie, sa couleur préférée écœure Cathy. Mika serre sa batte et ouvre la porte, prêt à éclater la moindre menace. Ils arrivent dans une salle d'attente : des chaises sont alignées contre le mur, sur une table basse sont empilés des magazines, et une jeune femme lit, apparemment peu perturbée par leur arrivée. Elle porte une blouse blanche, et un badge avec seulement écrit dessus "stagiaire n°5".

— Bonjour, je suis Cathy et voici mes collègues. Nous sommes archivistes.

La stagiaire lève les gros yeux sur eux, on dirait un cocker avec ses cheveux châtains ondulés qui encadrent son visage.

— Bonjour, vous cherchez quelque chose ?

— On cherche une commande, numéro KU5...

D'un geste de la main, elle stoppe Cathy.

-Désolée, je suis stagiaire. Elle pointe son badge. Je ne sais rien des commandes, et je ne peux pas vous aider : j'attends que mon responsable vienne me chercher. Il m'a mise à la porte car j'ai eu 0.29s de retard un matin.

La jeune femme relève le "un matin" mais ne dit rien. Une porte sans poignée est la seule issue, un post-it est collé au milieu avec une formule griffonnée. Mika tente de la pousser en vain.

— Comment on entre ?

— Vous n'avez pas pris rendez-vous ?

Luan roule des yeux et regrette de pas y avoir pensé : pourtant c'est un classique dans les services les plus sécurisés. Quand ils demandent à la stagiaire la signification de la formule, cette dernière hausse les épaules et se replonge dans sa lecture. Mika, déjà agacé depuis plusieurs minutes, appuie avec violence sur une sonnette.

Il ne se passe rien.

Cela fait maintenant dix minutes que Luan lit un magazine d'un air impassible avec pour gros titre "comment ne plus avoir peur des robinets", que Mika fait les cent pas autour de la table basse en fulminant, et que Cathy discute avec la stagiaire.

— Vous êtes ici depuis combien de temps ?

— Oh ça doit faire 2 ans.

Luan lève les yeux quelques secondes avant de retourner à son article sur le top des choucroutes garnies de 2003.

— Qui est votre responsable ?

— Le docteur Ghelal, il dirige le laboratoire et travaille seul. Ou plutôt personne ne peut travailler avec lui, elle sent le regard interrogateur de Cathy. C'est un peu comme essayer de travailler avec un adulte troglodyte qui réfléchit dans une cour de maternelle.

Cathy essaye de se faire une image mentale de ce Ghelal : un vieux scientifique barbu ressemblant à Dumbledore, en train de préparer des potions chimiques, sur un cheval à bascule, dans un bac à sable.

Mika craque, il s'approche du bouton et se met à le harceler avec véhémence. Après avoir appuyé exactement 36 fois sans vraiment y réfléchir : la porte s'ouvre.

Luan et Cathy fixent leur manager.

— C'était pas compliqué en fait, il renifle pour se faire passer pour un génie et ne pas assumer qu'il s'agit d'un hasard total.

Bienvenue à Corporate [Romance paranormale]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant