Mission 31 : être jaloux

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Mika tend une chemise bleu foncé à son collègue. Délicatement, Daniel la saisie.

— Elle n'est pas blanche, et c'est du M/L, ça ira ?

— Je ne vais pas jouer la fine bouche Mika, c'est déjà gentil de me dépanner.

Les doigts fins de Daniel déboutonnent sa chemise tâchée. Il y a comme un malaise qui s'installe, très étrange.

— Vincent sera ravi de la laver pour moi, dit-il en souriant pour détendre l'atmosphère.

Mika s'appuie contre les casiers, et ne dit rien, observant Daniel : il n'a pas une grande carrure, mais il est sec et dessiné. Il parait léger, souple et élancé. Comment une crevette comme lui arrive à apaiser sa colère d'ogre ? Se dit Mika pensif.

— Tu te rinces l'œil ? Dit Daniel, amusé.

— J'te signale que je vois un torse d'homme tous les matins, ce n'est pas le tient qui va me faire rougir ou me rendre envieux, il détourne le regard.

Loin de se sentir vexé Daniel lui jette sa chemise sale à la figure et rit, le temps d'enfiler la chemise trop grande pour lui.

— Comment tu me trouves ? Dit-il en tendant les bras en croix et pivotant un tour sur lui-même.

La couleur foncée lui va bien, même s'il à l'air moins angélique, cela lui donne plus de caractère.

— On dirait un gosse qui a volé la chemise de son père.

Ils rient ensemble, complices.

₍⑅ᐢ..ᐢ₎ 

Après avoir réparé une bonne dizaine de machines, récolté les notes de frais des commerciaux sur leurs bureaux, coursé un lapin en fuite, fait un inventaire de post-it et livré des caisses de carottes à la cantine, Cathy est épuisée. Epuisée mais heureuse.

S'appuyant contre un mur, la jeune femme récupère son souffle. Al s'arrête et se montre compréhensif en lui proposant de s'assoir quelques minutes. Elle ne se fait pas prier, mais culpabilise de ne pas arriver à suivre le rythme : "c'est dont ça son travail... pas étonnant qu'il n'ait jamais le temps, où soit crevé le soir" pense-t-elle.

— Je suis un boulet pour toi... dit-elle en voyant le timer continuer de tourner sur ses lunettes.

— Non. Tu n'es pas habituée, ni équipée correctement : c'est normal que tu sois fatiguée.

Soudain le téléphone de Al sonne. Il décroche, écoute la personne, répond par son fameux "Oui." et raccroche. Cathy a compté : c'est le 7 ème appel depuis le début de la matinée.

— Si tu ne te sens pas bien, ou que tu n'as plus envie de me suivre : je comprends, et peux te ramener aux archives.

Il lui effleure la main, comme s'il voulait la prendre, mais s'est surprit lui même et recroqueville ses doigts. 

Cathy fait mine de ne rien avoir remarqué pour ne pas installer un malaise, mais se sent touchée par son intention de vouloir la rassurer.

— Non, je veux rester avec toi : ton travail est tellement varié : j'ai l'impression de n'avoir encore rien vu, elle sourit sincèrement.

Rassuré, Al s'approche d'une fenêtre et lui demande si elle veut sauter en autonomie, ou avec lui. Ouvrant la bouche pour dire qu'elle peut se débrouiller comme une grande : c'est totalement l'inverse qui en sort.

Cathy se retrouve donc dans les bras du SPF pour descendre une dizaine d'étages en quelques secondes. Trop court pour profiter de la situation, mais suffisant pour que l'adrénaline de la chute, et le plaisir d'être dans ses bras, la rendent heureuse.

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