Mission 6 : signer le contrat

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Dans l'ascenseur qui descend aux archives, partagée entre émerveillements et grosses frayeurs, Cathy se demande déjà si revenir est une bonne idée. La voix gênée de son manager la tire de ses pensées :

— Je suis désolé... je suis un piètre manager.

Elle lève sur lui des yeux interrogateurs. L'homme soupire, se passe une main dans ses cheveux. Dans le silence ronronnant de la cabine, ils se regardent un instant. Il sent qu'il doit aller au bout de sa pensée avec elle, être franc : n'est-ce pas là une de ses devises après tout ?

— Je veux dire... il se racle la gorge et fuit son regard. J'aurais dû venir te chercher ce matin à l'accueil, je n'aurais pas dû t'envoyer préparer un café seule... J'aurais dû casser la gueule à Karim moi-même et à ce pervers psychopathe.

Il expire et baisse les yeux avec un air déçu, dégoûté de lui-même. Cathy le trouve touchant et ne veut pas qu'il se décourage.

— Tu feras mieux la prochaine fois. Et puis, tu n'es pas si nul que ça.

Elle lui sourit et montre son pansement sur sa main, puis se passe la main dans le cou.

— Sans parler de tes massages spontanés, ils sont très bien mais je ne suis pas une personne tactile, désolée : j'aurais dû te le dire.

Soulagée d'avoir pu être honnête à son tour Cathy espère toutefois que cela ne va pas le décourager d'être attentionné envers elle.

— Et  moi je n'ai pas pensé à te demander : on ne se connaît pas après tout. Mais... Si tu restes, on fera plus ample connaissance, avec Luan. J'essayerais d'être meilleur et de faire de nous trois une super équipe.

Il sourit à son tour, chose qu'il n'avait pas vraiment encore faite jusque-là. L'expression adoucit ses traits, il a un certain charme : ce genre de gas viril, qui pleure quand il a une écharde dans le doigt. La jeune femme répond d'un hochement de tête et une mine joyeuse.

À cet instant-là, il la trouve jolie.

₍⑅ᐢ..ᐢ₎

De retour au bureau, le trio travaille. Cathy et Luan jouent avec des confettis dans un carton qui fait presque leur taille. Mika tape dans ses mains comme le ferait un professeur pour mettre fin à la récréation. Elles s'arrêtent. Il tapote ensuite sa montre : il est 18h, il est temps de rentrer.

Le temps de saluer ses collègues qui partent en direction du parking, Cathy monte au rez-de-chaussée. Elle réalise soudain qu'elle a oublié son téléphone portable.

Demi-tour.

Mais il n'est pas à son bureau. Elle se repasse le fil de la journée dans sa tête : un joli sac de nœuds, avant de se souvenir de l'avoir utilisé comme lampe-torche dans une cage d'escalier.

Cathy se dépêche et adopte une petite lampe torche dans la réserve pour s'en servir dans les escaliers. Mais pas de trace du téléphone. Elle sort au 3e et tourne un peu dans les couloirs, en vain.

L'électricien a dû le récupérer.

Elle déglutit. Comment le joindre ? Est-il encore là ? Cathy soupire et décide de retourner sur ses pas. Au détour d'un couloir, son nez sent une odeur familière. Même si elle n'aime pas vraiment faire ça : elle décide de suivre son flair à travers les couloirs, au bout devrait se trouver... Al.

Son nez la promène dans le labyrinthe de corridors. Plus elle avance, plus son odeur est tangible.

Il est là. Une machine à café est totalement ouverte, dévoilant toute sa mécanique de câbles et de réserves de grains. Accroupit devant l'homme s'affaire avec divers outils. Ses mains sont plongées dans les entrailles de la machine. Sous la lumière du coin café elle remarque que ses cheveux sont brillants, ils ont l'air léger et doux. Ils sont légèrement en bataille et court. De beaux reflets Acajou dansent dans ses nuances de brun.

Bienvenue à Corporate [Romance paranormale]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant