Mission 7 : faire le tri

542 83 315
                                    

Ce mercredi matin, dans le tram, Cathy est comprimée. Entre celui dont l'aisselle arrive pile à la hauteur de son nez, et celui se moquant que son sac à dos arrive à hauteur de tête des personnes mesurant moins de 1m70, Cathy fulmine.

Pour ne pas craquer, elle s'enferme dans sa bulle musicale et s'imagine en super-héroïne des transports en commun : mettant des "tatanes-pv" dans la tête des incivils avant de prendre une pause sentaï de la victoire. Elle réfléchit à quoi ça pourrait ressembler, ça l'occupe.

Heureuse d'avoir décidé de porter des vêtements confortables, cela ne va pas l'empêcher de sentir une palpation peu ragoûtante sur sa fesse droite. Encore dans sa fiction de sentaï la jeune femme attrape la main, et l'écrase de toutes ses forces. Une force qui ne va pas manquer de surprendre et de faire hurler son propriétaire.

On entend en réaction des "Chut!", un "Moins de bruit là, je suis en call !", ou encore "Souffrez en silence comme tout le monde !".

C'est de bonne humeur qu'elle arrive au grand hall du rez-de-chaussée. À peine les portes  s'ouvrent, et probablement parce qu'elle commence à avoir l'habitude que des choses se jettent sur elle, la jeune femme esquive un homme qui hurle. Un coup de feu retentit. Par réflexe, elle se baisse les mains sur la tête.

Elle relève la tête et voit la vieille de l'accueil pointer une carabine Berthier, sortant tout droit de la Seconde Guerre mondiale.

— R'vient ici p'ti salopard ! Que je trou tes fascicules de mes deux !

Elle tire de nouveau sous le regard médusé d'une Cathy qui ne l'a jamais vu avec autant d'énergie et qui a entendu "testicules", et non 'fascicules". Pendant que la vieille poursuit l'étranger elle rampe jusqu'à l'escalier, monte au 3e et prend l'ascenseur aux portes noires.

Ce n'est pas peu fière qu'elle se souvient du chemin vers les archives.

En bas, Luan n'est pas encore là et Mika ne l'a pas entendue arriver : il écoute de la musique, perché à plusieurs mètres de haut pour noter des numéros inscrits sur des cartons. La jeune femme l'observe tout en posant ses affaires. Ses manches retroussées laissent apparaître des tatouages. Ses yeux se posent ensuite sur les échafaudages : tant et tant de cartons, il y en a probablement pour des années.

Lorsque Mika redescend, il vient à sa rencontre. Ils se disent bonjour chaleureusement avec un check du poing, devenu à la mode depuis une épidémie dont nous tairons le nom pour ne pas invoquer de cultistes.

Cathy ne peut s'empêcher de regarder les dessins sur les avant-bras de son manager. Il le remarque, et les lui présente :

— L'artiste s'appelle Krvll, dit-il avec une pointe de fierté.

Côté droit : une femme-vampire, aux traits et vêtements japonais, est dessinée dans un style mélangeant estampe nippone et art médiéval. De l'autre, dans le même style, c'est un chevalier qui combat un loup. Cathy a les yeux qui brillent : elle adore le style.

— Un jour je te dirai ce que ça représente. Mais pour le troisième, ça attendra qu'on aille à la piscine ensemble.

Elle devine qu'il a le dos tatoué. Mika la tire de son admiration et en remettant les manches de sa chemise.

— Je vois que tu es venue "nature" cette fois. C'est mieux.

— Oui, c'est plus pratique pour travailler le nez dans les cartons. Cathy termine de poser ses affaires. Est-ce que je dois chercher un ... café ?

— Non, ne t'embête pas. On a quelques cartons en bas qui n'ont pas encore été ouvert. Il soupire. Pour le moment on ne trouve que de la paperasse, mais on peut trouver des choses plus... sympa il paraît.

Bienvenue à Corporate [Romance paranormale]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant