Mission 13 : le couvre-feu

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C'est un violent mal de tête qui la sort de sa léthargie. Tout est noir et froid. Son nez lui brûle. Elle tousse, puis cligne plusieurs fois des yeux avant de comprendre que c'est la pièce dans laquelle elle se trouve qui est plongée dans les ténèbres. Par réflexe sa main va trouver son téléphone portable pour l'utiliser en lampe torche. Le flash violent de la lumière la fait geindre, puis elle balaye les alentours avec.

Cathy reconnaît l'endroit : le carton, les boîtes noires, les capsules, et un Mika qui dort profondément. Par réflexe elle vérifie qu'il va bien et le secoue : il respire, mais pas de réaction. La panique la saisit. Elle se redresse et appelle Luan au cas où : mais personne ne répond.

L'ambiance est totalement différente de nuit. L'impression d'être observée de toute part la rend anxieuse. Le silence est pesant et sourd, comme lorsque l'on met la tête sous l'eau dans une baignoire.

— L... Luan ? Quelqu'un ? À l'aide ?!

Elle tente d'appeler l'accueil de l'entreprise, et évidemment il n'y a plus personne à 19 h.

Les yeux de Cathy se mettent à loucher sur l'heure. Combien de fois lui a-t-on répété de ne jamais rester pour faire des heures supplémentaires car c'est interdit "pour le bien-être des employés" ? Mais c'est plutôt l'idée de se retrouver ici, dans le noir, avec tout ce qui peut exister entre ces murs, dont un requin blanc, qui l'inquiète.

Elle tente d'appeler le SAV interne au cas où Vincent serait encore là à faire un énième rangement titanesque. C'est un répondeur qui décroche :

-Bonsoir, il est 19h passé, nous sommes navrés d'apprendre que vous êtes encore là. Aucun service n'est disponible, nous sommes tous partis retrouver nos adorables familles aimantes, nos chats, et nos pantoufles. Nous vous recommandons chaudement d'en faire de même la prochaine fois. Nous vous souhaitons bonne chance et à demain, peut-être.

Cathy peste, raccroche et tente d'appeler les pompiers. Une voix humaine l'accueille :

— Oui bonsoir ! Je suis coincée avec un collègue qui ne se sent pas bien : on a inhalé un drôle de gaz et... Il a l'air de dormir, mais je ne sais pas si tout va bien ! Dit-elle tremblante.

— Très bien madame, votre adresse ?

— Corporate !

— ... Corporate ?

— Oui !

Silence pesant, puis la voix reprend :

— Oui ? A... allo ? Allo ?! Olé ?! Olala ! Je ne vous capte plus ! C'est ballot ! Tant pis hein ! Salut !

Cathy reste interdite tandis qu'on lui raccroche au nez. Se débrouiller par soi-même semble être la seule option viable, surtout que plus le temps passe et plus elle voit les barres de réseaux et internet diminuer. Elle revient vers Mika, le soulève et le met sur son dos. Cela lui rappelle l'entretien d'embauche, où elle a dit pouvoir porter son oncle de 100 kg sur 20km.

— J'espère que Vincent ne m'a pas recruté que pour ça...

Lentement, et lourdement surtout, elle se dirige vers les ascenseurs. Porter Mika n'est pas pratique pour tenir la lumière, mais il en faut plus pour la décourager. Face aux portes de la cabine noire, elle appuie sur le bouton d'appel, qui ne s'allume pas évidemment. Ce serait trop facile sinon.

Elle tourne et se dirige vers la cage des escaliers quand un mouvement dans la pénombre attire son regard. S'arrêtant quelques secondes pour éclairer l'endroit, elle ne voit qu'une grande poubelle en métal. Soulagée, elle continue son périple et entend du bruit cette fois, dans la même direction. Elle s'arrête et éclaire de nouveau : la poubelle semble plus proche.

Bienvenue à Corporate [Romance paranormale]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant