Mission 34 : se confier

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Enroulée dans un plaid blanc, un chocolat chaud entre les mains, une pile de cookie devant elle, Cathy raconte tout. Elle ne pleure pas, mais Daniel la sent bouleversée et admire sa force d'esprit à ne pas fondre en larmes.

Lui-même est inquiet, mais prend sur lui pour rester à son écoute : malgré l'envie de foncer voir Al, il reste calme et posé : c'est ici qu'il est utile.

— Que s'est-il passé ensuite ?

Elle serre le mug lapin entre ses doigts, puis explique comment le scientifique est arrivé, alors que Al venait de perdre connaissance : accompagné d'une femme indienne aux cheveux tressés, ainsi que d'une sorte de civière de l'espace, lévitant au-dessus du sol.

— Dis-moi ce que tu as ressenti : ne garde pas ça pour toi, il la rassure d'une brève caresse sur l'épaule, je ne te jugerais pas.

Elle hoche la tête, les images atroces encore en tête.

— Je ne voulais pas le lâcher... elle essuie une larme vient de rouler sur l'arête de son nez. Ils lui ont mis une minerve, et Hafsa l'a mis sur la civière. J'avais si mal au cœur quand Gehlal est partis avec lui... sans moi....

Sa main tremblante attrape un cookie pour le mordre avec peu de conviction, mais le sucre lui fait beaucoup de bien.

— Je voulais l'accompagner, rester avec Al... Mais Gehlal m'a dit que je ne ferais que le gêner, et m'a dit qu'il refuserait de me donner des nouvelles si je ne prenais pas soin de moi.

Daniel comprend que son réflexe a ensuite été de venir ici, pour avoir du soutien.

— Hafsa est gentille et m'a déposée ici, Cathy enchaine pour noyer le poisson, il m'a dit que c'est considéré comme un accident de travail : je pourrais en commander une aux frais de l'entreprise, et prendre un arrêt maladie en attendant, et...

Il repose sa main sur son épaule, sentant qu'elle veut éviter de parler de ses sentiments pour Al.

— J'aimerais que tu me parles de toi.

Avec une certaine hésitation, elle lui raconte son histoire, somme toute banale, qui vire au cauchemar une fois le mariage enlisé dans un quotidien médiocre, et sans magie. Les disputes, les amis qui s'éloignent, les rabaissements, puis vinrent les claques et les secousses, les rapports consentis qui deviennent des corvées maritales.

Puis elle lui parle de l'accident, de ce jour où elle a voulu que tout s'arrête, que toute cette souffrance cesse brutalement. Daniel l'écoute, lui caressant le dos quand les mots ont du mal à sortir.

— Le tribunal m'a acquittée mais... j'ai tué un homme et j'ai survécu.

Elle sanglote, Daniel poursuit en parlant toujours doucement avec sa jolie voix angélique :

— Les cauchemars sont le fruit de notre inconscient. Ce ne sont pas des entités venus des enfers pour nous torturer, explique-t-il calmement, souvent c'est nous-mêmes qui nous nous infligeons ça, inconsciemment.

Elle lève sur lui des yeux ronds et mouillés, comprenant que si "Ethan" existe, c'est grâce à son inconscient. La culpabilité lui tord l'estomac en repensant à Al. Daniel lui passe une main dans ses cheveux, ce qui la détend et dénoue le nœud dans son ventre.

— Dans quelles circonstances ton cauchemar apparaît ?

— D'habitude il apparaît quand des choses, des situations, me rappellent l'accident, ou du temps passé avec Ethan...  Mais aujourd'hui, tout allait bien.

Confuse, elle regarde Daniel verser de l'eau dans un verre, puis elle mord dans son cookie. Lui a une petite idée du pourquoi.

— C'est curieux en effet. Je me pose alors deux questions Cathy : étais-tu particulièrement heureuse aujourd'hui ? Et puis-je me permettre une question indécente ? Elle hoche la tête. A quand remonte ta dernière relation sexuelle ?

Bienvenue à Corporate [Romance paranormale]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant