Mission 17 : le dossier Bouchard

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Daniel, sautillant sur son fauteuil,  ne peut s'empêcher de satisfaire sa curiosité débordante :

— Alors ? Elle a trouvé les chocolats mignons ? Elle a gouté ? Elle a aimé ma recette ?

— Adoré.

— Tu as pu t'excuser ? Demande Vincent en fronçant les sourcils.

— Oui.

La conversation aurait pu s'arrêter là, Vincent démarre la voiture, mais Daniel lui n'est clairement pas satisfait : il sent son ami ailleurs, typique quand Al ne dit pas tout et ce dernier ne les regarde même pas.

— Elle était contente de te voir, ou fâchée ?

— Elle s'est évanoui. Dit-il dans un murmure.

Vincent et Daniel restent interdit quelques secondes, puis l'homme en Fursac serre son volant et lève les yeux au ciel :

— C'était risqué Daniel, je ne crois pas qu'elle l'avait déjà vu avant.

Mais l'ange ne l'écoute pas : il a des étoiles dans les yeux et s'imagine toute une scène dans sa tête :

— Tu l'as porté jusqu'à son lit comme un prince charmant, n'est-ce pas ?

— Je me suis contenté du canapé une fois que Dowdo me l'a autorisé.

— Dowdo ...?

— Le chat de Cathy.

— D'accord, et ensuite ?

— Je... lui ai donné les chocolats, et me suis excusé d'avoir mal fait mon travail.

Al se triture les mains, un détail qui n'échappe pas à Daniel qui d'instinct devine qu'il s'est passé quelque chose qui l'affecte encore.

— Parfait. Tonne Vincent au volant. Maintenant j'espère que ça va la convaincre de revenir.

Daniel se rassoit correctement. Le silence est pesant, et finalement il se retourne à nouveau : ne sachant pas rester sur sa faim.

— Il s'est passé quelque chose n'est-ce pas ? 

— J'ai mis un sac en papier sur la tête.

Daniel et Vincent se mettent à rire, moqueurs : ils auraient adoré voir ça. Al n'est pas du tout dans la même attitude : les mains croisées, pensif, son regard fini par regarder l'extérieur qui défile doucement.

— Elle m'a touché...

Les deux comparses cessent immédiatement de rire. Al a la fâcheuse manie de communiquer de façon très décousue, et là ils ont l'impression d'avoir carrément raté un TGV dans la discussion, voire même un Concorde. Ils s'exclament de façon parfaitement synchrone :

— Quoi ?!

— Le visage. Complète Al. Pour... me "voir".

Les yeux de Daniel deviennent ronds quand il entend la voix balbutiante de son ami et ses pommettes rosir légèrement. Al sent son cœur se serrer.

Vincent n'a pas l'air de tout saisir : trop concentré sur les gens qui ne savent pas conduire bien "droit" sur la route, ni doubler de façon bien "parallèle" et qui ne s'arrêtent pas exactement "pile" avant la bande du Stop.

Al se remémore cette scène, si claire encore dans son esprit. Dans le paysage qui avance, il revoit le visage de la jeune femme qui s'efforçait de garder son sang-froid. Les deux hommes l'écoutent attentivement.

— Elle s'est donné beaucoup de mal. Il regarde sa propre main, la sienne était plus douce. J'ai retiré le sac. Je... Daniel est suspendu à ses lèvres. Je crois que ça s'est bien passé.

Bienvenue à Corporate [Romance paranormale]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant