Chapitre 13

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La journée avait défilé rapidement, trop rapidement. Malgré le soulagement éprouvé tout à l'heure, mon cœur me semblait peser une tonne dans ma poitrine. J'appréhendais le retour chez moi, et même si je n'y pensais pas trop depuis ce matin, comment allais-je affronter mes parents ce soir ?

Je m'attardais volontairement et chaque excuse était bonne à prendre pour retarder mon départ. Je savais que je devais rentrer tôt ou tard, mais pour l'instant, je préférais rester au calme dans la boutique.

Laïa était partie, il y a maintenant une dizaine de minutes et c'est avec un grand plaisir que j'accueillais le calme qui s'offrait à moi. Je fermais les yeux et prêtais attention aux moindres sons et aux odeurs qui m'entouraient. Le battement régulier de l'horloge apaisait légèrement mon cœur, l'odeur des livres anciens me faisait me sentir comme chez moi et les oiseaux que j'entendais au travers de la fenêtre me donnaient la sensation, le temps d'un instant, d'être ailleurs. J'aimais cet endroit, plus que je n'osais me l'avouer. C'était pour moi un lieu de vie, mais aussi un havre où j'aimais me recueillir. Lorsque je me sentais perdue, il m'arrivait souvent de venir et de lire plusieurs heures et une fois que mes doutes s'envolaient, alors, je retournais à ma vie et à mes habitudes.

Le carillon de la porte d'entrée annonça l'arrivée d'un client.

- Je suis désolée, mais nous sommes fermés pour aujourd'hui.

N'obtenant aucune réponse de notre invité, je me forçais à me lever du fauteuil où je me trouvais. Je me dirigeais vers l'entrée du magasin lorsque je vis Feren courir vers moi et me sauter dans les bras. Malgré sa petite taille, cette créature pesait son poids et si je n'avais pas amorti son saut, je me serais certainement retrouvé les fesses par terre.

- Comment ça va ma fripouille préférée ?

J'accompagnais ma phrase par un geste affectueux en lui caressant la tête. Son feuillage était resplendissant et la feuille située au sommet de son crâne avait bien grandi, signe qu'il était en parfaite santé. Une joie immense envahit mon âme, Feren était également une bouffée d'oxygène pour moi, il était toujours présent quand j'en avais besoin et cette petite bouille avait le don de m'égayer.

- Comment es-tu arrivé jusqu'ici ?

- Je l'ai emmené avec moi, je pensais qu'il te redonnerait le sourire.

Ma mère fit son apparition, un sourire timide s'étirait sur son visage. A sa vue, une angoisse oppressa ma poitrine. Était-elle venue pour savoir qui était Lilith ?

Par réflexe, je faisais un pas en arrière. Elle plaça ses mains devant elle pour me faire signe de ne pas partir. Je me stoppais et la fixais inquiète de ce qu'elle allait me dire.

Je ne me sentais pas prête à avoir une quelconque discussion avec elle, tout ce dont j'avais envie pour l'instant, était de fuir et qu'on me laisse tranquille.

Je me sentais perdue. Pour la première fois, j'avais vu ma mère telle que je ne l'avais jamais connue et j'en venais à me demander si celle qui m'avait élevé avec amour et bienveillance était réelle ou fictive.

Je savais qu'elle était venue jusqu'ici pour parler, pour se justifier sur le comportement de mon père ou certainement trouver une explication qui tiendrait la route. Mais nulle raison ne pouvait pousser à un tel retranchement et en aucun cas, je n'accepterais ce qui s'est passé. L'angoisse laissa place à la colère et un sentiment d'amertume créa une boule dans ma gorge.

- Ma chérie, je viens juste discuter.

- Comme ce matin ? Merci, mais non merci.

- Ma chérie, pour ce matin, je suis vraiment...

Entre deux mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant