Chapitre 8

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Un peu plus tôt, je m'étais séparée de Laïa. Nous avions jugé bon de laisser la nuit passer pour reparler de tout ça. Me voilà donc de retour chez moi. Il était tard et je savais que mes parents étaient morts d'inquiétude. C'était plus fort qu'eux. Ils savaient que sans pouvoirs, j'étais une cible facile.

Je pris donc une grande respiration et franchis le seuil de la porte. La chevelure verte de ma mère fit son apparition dans le couloir. Elle avait l'air inquiète et prête à me bondir dessus pour obtenir toutes les explications de mon retard.

- Lomion ! Notre fille est de retour !

Mon père descendit les escaliers, vêtu de sa tunique blanche. Elle mettait parfaitement en valeur sa peau foncée et ses tatouages argent situés sur son visage, le bout de ses oreilles pointues et un peu partout sur son corps. Comme à son habitude, il dégageait une aura puissante et élégante. Il était calme et fier à l'inverse de ma mère.

- Calme-toi ma chérie, je suis persuadé qu'Aerin a une bonne raison d'être rentrée si tard.

Ma mère était bien plus impatiente. Elle ressemblait parfois à une enfant et ne savait pas contenir ses émotions. Comme à son habitude, elle avait de part et d'autre de sa tête des branches qui ressemblaient à des cornes et quelques feuilles coincées dans ses cheveux. Étant une nymphe des bois, il arrivait parfois que des oiseaux la prennent pour un arbre et se pose sur sa tête. Ma mère s'appelait Aura et était diamétralement opposée à mon père. Pour autant, ils étaient d'une complicité infaillible. Ils étaient loyaux l'un envers l'autre et se comprenaient en un regard.

- Je suis désolée, j'étais plongée dans ce que je faisais et je n'ai pas fait attention à l'heure.

- Ne nous mens pas Aerin !

Ma mère me connaissait par cœur et je ne pouvais visiblement rien lui cacher. Mais je ne pouvais pas lui raconter cette soirée. Je savais que si je leur expliquais, ils commenceraient à paniquer et à avertir les gardes. Je jouais donc la carte joker et regardai mon père afin qu'il m'aide à me sortir de cette situation.

De sa hauteur, il me regarda droit dans les yeux et sembla juger s'il devait me soutenir. Il savait que je finirais par lui dire en temps voulu. Il se résolut à clore le débat pour ce soir.

- Écoute chérie, il se fait tard et je pense qu'Aerin aura tout le loisir de nous raconter ses mésaventures demain. Qu'en penses-tu donc ?

- C'est hors de question ! Tant que je ne connaîtrais pas la vérité, je ne bougerais pas de ce palier.

C'était peine perdue. Ma mère avait dû atteindre une limite importante de stress pour ne plus écouter mon père. Résolue et épuisée par cette soirée je lui donnais une réponse qui mettrait fin à ses interrogations.

- Je faisais des recherches concernant mes pouvoirs. Je pris un air triste pour accentuer mes propos.

Ma mère regarda mon père, elle semblait avoir des doutes quant à ma version, mais je savais que ce sujet les mettait mal à l'aise. Ils ne savaient pas comment me rassurer. Elle regarda le sol et fronça les sourcils, signe qu'elle était en pleine réflexion sur ce qu'elle allait me répondre.

- Ecoute Aerin, avec ton père, nous sommes vraiment navrés que tu n'aies pas de pouvoirs magiques et que nous ne savons pas comment te venir en aide. Mais ce n'est pas en nous mettant à l'écart que ça fonctionnera. Si tu as besoin de nous parler de quoi que ce soit, tu sais où nous trouver. En attendant, allons nous reposer, d'accord ?

- Je sais que je peux tout vous dire, mais je vous assure que je ne cache rien. Bonne nuit Maman. Bonne nuit Papa.

Je les embrassais chacun sur la joue et montais dans ma chambre. Je retrouvais Feren assoupie dans son petit lit. Sans faire un bruit, je me dirigeais vers la salle de bain. J'ôtais mes vêtements et en enfilais des plus confortables pour la nuit. J'attachais mes cheveux en un chignon lâche et partis me coucher.

Cette nuit-là, des démons, des spectres et des créatures en tout genre vinrent hanter mes rêves. 

Entre deux mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant