Chapitre 7

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Et non, je ne me suis pas réveillé dans ses bras. Zut ! Nous sommes restés sagement de notre côté de canapé-lit. Quel dommage. Rien n'a changé après cette soirée. Je cherche toujours à prendre de la distance avec Tristan. Ben n'a plus adressé un mot à Sébastien, malgré les deux ou trois tentatives de ce dernier pour entamer un dialogue. Même à moi, il ne m'en parle pas. Mieux vaut enterrer profondément son embarras et son erreur, a-t-il affirmé. Je respecte son choix. Il se livrera plus tard. Rien ne servirait de le forcer.

Un mois s'est écoulé. Nos partiels de fin de semestre ont été annoncés pour fin janvier, ce qui nous laisse trois semaines de révision, parmi lesquelles une sera dédiée à ce voyage à la montagne. Tristan a partagé son idée avec Ben, puis avec Malik et Aya. Sébastien était tout de suite partant. Au début, l'euphorie était au rendez-vous et ensuite, nous nous sommes rappelés de la sécheresse de nos comptes en banque.

Par chance, la mère de Tristan nous a effectivement déniché un sympathique appartement en plein village paumé dans le Vercors. Rien de trop cher, surtout en divisant le coût total par six. Finalement, tout le monde a accepté avec grande excitation. Dois-je préciser que la dernière semaine de cours a été un supplice pour nous. 

Les six jours qui ont précédé Noël, je les ai passés la tête dans mes fiches de révision, ainsi qu'à préparer mes affaires petit à petit. Je suis monté à Paris, comme prévu. Ma mère m'a concocté les meilleurs plats, j'ai dû prendre un kilo, peut-être deux. 

Ben fête Noël avec les Beaumanoir, un véritable soulagement pour lui. D'après ce qu'il m'a raconté, personne n'a commenté l'attitude de ses parents ou son coming-out. De mon côté, j'ai dévoilé mon orientation à ma grand-mère. Elle m'a ri au nez, en me rappelant que j'écoutais les Village People avec elle dans ma jeunesse. En fait, ils étaient tous au courant ! 

À minuit, ouverture des cadeaux ! Cinq romans, deux parfums, une paire de boucles d'oreilles, un carnet, un coffret de chocolat belge typique de mamie. J'ai été gâté ! 

À une heure trente, Ben m'envoie un message. Le déballage de cadeaux est terminé. Mon père conduit mamie au lit et j'en profite pour m'éclipser dans ma chambre. Je l'appelle, il décroche dans la seconde et nous lançons une vidéo. Il est entouré d'une guirlande électrique. Je ne veux pas savoir le contexte. Bien évidemment, nous nous listons nos présents et les commentons. 

— J'ai failli pleurer ! Tantine s'est souvenue du sac que j'ai mentionné l'été dernier. Il coûte une blinde, en plus. Je te jure, ils sont trop riches pour moi, je n'arrive plus à suivre. Chez eux, les cadeaux, ce sont des habits de créateur, des nouvelles technologies et des chaussures hors de prix. J'avais l'air fin avec mes DVDs et mes livres de cuisine !

J'explose de rire à sa mine abattue. 

— Ne te plains pas. S'ils ont les moyens, qu'ils se fassent plaisir et qu'ils fassent plaisir aux autres ! L'argent devrait servir à ça.

— J'ai tellement hâte pour après-demain.

— Demain, tu veux dire. Techniquement, nous sommes le vingt-cinq. Je sens que ces vacances vont être magiques ! T'imagines ? Toute une semaine avec...tu sais.

Nos crushs. Loin d'Avignon, de la faculté. À la montagne. Dans un cadre idéal. Quoi de mieux ? Ben n'est pas de mon avis.

— Je vais mourir en le revoyant. Ne te moque pas de moi, Lou ! Eh, arrête de rire ! Ce n'est pas drôle ! Je lui ai roulé le meilleur patin de ma vie, puis j'ai fui la conversation et je l'ai ghosté. Il doit me prendre pour un fou. Ou un trouillard. Ou un mec bourré qui regrette. Je suis nul, franchement !

— Tu n'es pas nul. En revanche, tu n'es pas doué. Je maintiens que tu aurais dû l'affronter au lieu de te cacher. Ces vacances te permettront au moins de rectifier le tir. Parce que tu feras des efforts, hein, Ben ? 

Sunshine ProtectorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant