Chapitre 2

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Quelqu'un sait comment fonctionne le tirage à la poulie ? Tristan m'a conseillé cet exercice, car je cite, mes bras ont du potentiel. D'abord, aucune idée d'à quoi ressemble cette machine. Ensuite, aucune idée de comment l'utiliser. Enfin, aucune idée de quoi faire pendant qu'il termine sa série. Je me tiens debout à proximité, tout penaud, en quête de la fameuse poulie. 

— C'était juste un conseil, précise-t-il en se levant. Tu fais ce que tu veux. Le cardio, c'est par là-bas si tu préfères. 

— N-Non, puisque je suis ici, autant que tu me montres des exercices pour plus tard. Si ça se trouve, j'y prendrai goût et je viendrai avec vous.

Je ricane de ma propre bêtise, n'ayant pas la moindre intention de me passionner pour la musculation, sauf qu'il répond, premier degré :

— Quand on pratique depuis un certain temps, c'est facile de repérer les potentiels. Tout le monde peut prendre du muscle, attention, je ne dis pas le contraire, mais certains sont avantagés par la génétique et des prédispositions. Tu en fais partie, je pense. Ça ne dérangera pas Seb, si tu nous rejoins, au contraire. 

Tout le long de sa tirade, Tristan m'a détaillé de la tête aux pieds. Je fonds ! Il m'entraîne d'un signe de tête vers ladite machine. J'attrape sous ses directives une barre horizontale destinée à être tirée à la verticale, la poulie donc. Problème : je n'arrive pas à m'asseoir sur le banc, le poids étant trop lourd pour moi. Quel mauvais karma, franchement. Par gentillesse, il m'épargne un rictus goguenard et baisse la charge. Je commence l'exercice tranquillement, ressentant peu à peu une brûlure s'installer dans mes épaules et le haut de mes bras. 

Sans crier gare, il relève les manches amples de mon t-shirt et se met à observer mes mouvements. Deux doigts appuient sur ma colonne vertébrale pour que je me redresse. Et puis il repart sur sa machine. Quitte à passer du temps ici, je me prête au jeu et entame des répétitions qui m'arrachent des geignements sourds, mes jambes encore ankylosées par la course. Très vite, j'aperçois un rameur de libre et m'y jette, lui au moins je sais l'utiliser. 

Honnêtement, j'ai beau placarder un sourire constant sur mon visage et faire n'importe quoi en présence d'autrui, discutant avec qui veut bien me parler, je ne suis pas tout à fait un extraverti. Ben ne pourrait pas être davantage un social butterfly. En ce qui me concerne, je me raccroche à mes amis, je les garde soigneusement près de moi et tant mieux si de nouvelles personnes entrent dans ma vie, sinon je ne cherche pas forcément le contact et les rencontres. Par conséquent, l'environnement de la salle de sport ne m'a jamais attiré.

Je dois cependant admettre que je me sens plutôt bien au bout d'une demi-heure à tester des machines, à mesurer ma capacité à soulever des poids et à découvrir des exercices en contemplant les mouvements des autres adhérents. Personne ne me regarde, personne ne me juge, malgré mon air paumé. Peut-être que je vais m'y mettre, en fin de compte !

— T'as une touche.

Je bondis à ce souffle pressé dans mon oreille. Ben vient de se précipiter sur moi et j'en lâche les haltères que je portais. 

— Ne crie pas comme ça !

— Je ne crie pas, imbécile, je murmure !

— Tu murmures trop fort dans mes oreilles, dans ce cas. J'ai une touche avec quoi, au juste ?

— Avec Tristan ! Non, non, écoute-moi avant de me tourner le dos ! Je te le promets, tu as une touche avec lui ! Je le connais. Nous vivons ensemble, je te rappelle. Il est comme mon frère et mon quasi-frère ne s'intéresse pas autant aux autres qu'à toi. La liste des gens avec qui il s'exprime à son aise consiste en Sébastien et moi. Mais, avec toi, il s'ouvre de plus en plus. Je crois que la soirée a changé quelque chose. 

Sunshine ProtectorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant