Chapitre 10

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La bonne nouvelle, c'est que je ne dépenserai pas beaucoup en alcool, puisque je suis pompette en un verre, chancelant en deux verres et ivre en trois. 

Pantalon en cuir marine, pull léger et son bomber au blason léopard incrusté ; je confirme que Ben est entré en mission revanche contre Sébastien. Celui-ci bloque complètement en le voyant attaché ses cheveux en arrière, dégageant son visage fin. À n'en point douter, Tristan n'a pas menti en affirmant que son meilleur ami est attiré par le mien. Physiquement, au moins. 

Je me serais contenté d'une tenue des plus classiques sans mon meilleur ami. Il m'a choisi son bas sobre en jeans avec la ceinture où pend une chaîne, ma chemise à carreaux noirs et blancs, ainsi que mon long manteau, car, selon lui, le pantalon me fait des fesses d'enfer et le reste participe au style beau gosse mystérieux. Ce sont ses mots, pas les miens. Il rajoute à cet attirail de fausses lunettes qui collent plutôt bien à mon style global. Une lubie de Ben.

— Comment tu le trouves ? demande-t-il depuis la salle d'eau.

L'interpellé, en l'occurrence Tristan, met un certain temps pour comprendre que la question s'adresse à lui.

— Comment je te trouve ? Comme d'habitude, je suppose.

— Je ne te parle pas de moi ! 

— De qui, alors ?

Je me tiens bêtement au milieu du salon, posé là par Ben pendant qu'il termine de se préparer. Les deux aînés sont assis sur le canapé, devant la télévision. Aya et Malik nous attendent déjà, prêts et déterminés à passer une première soirée parfaite ici. Mon meilleur ami a décidé de se confronter à son crush avec un mélange de défi et d'indifférence. Inutile de le pleurer, a-t-il dit, puisque je peux lui démontrer son erreur, à la place. Il rêvera jour et nuit de mes fesses ! À nouveau, ces mots, pas les miens. Et oui, il a une obsession pour les postérieurs. Il quitte la salle de bain en furie et me pointe grossièrement de toute ma hauteur.

— De Lou, bien sûr ! De qui veux-tu que je te parle ? N'est-il pas sexy ?

Oh... Je lui fais les gros yeux, ce qu'il ignore superbement. Tristan soupire, mais consent à m'examiner avec le plus grand des sérieux. Je n'ose plus bouger, à peine respirer. À quoi joue Ben, bon sang ? Puis, le châtain hausse les épaules et retourne à son émission. Pardon ? 

— Je ne vois rien de nouveau, ou de spécial, conclut-il. C'est Lou.

Ah... Là encore, il ne se trompait pas tout à l'heure, lorsqu'il m'avertissait que ni lui, ni Sébastien n'étaient doués avec le langage. Ben cligne plusieurs fois des paupières et se tape le front, déconfit. 

— Tu as fini de te préparer, Ben ? Allons-y, dans ce cas. J'espère tout de même qu'un Lou pas nouveau et pas spécial plaira aux mecs de la boîte.

Je ne sais pas trop pourquoi je lui lance ça, mais c'est fait et je tourne les talons aussitôt, quittant l'appartement au pas de course. 

— Tu ne pouvais pas le complimenter ? entendis-je Ben.

— Faites attention les jeunes et ne rentrez pas tard ! crie en retour Tristan. 

Ben me talonne de près et nous descendons les trois étages dans un mutisme pesant. Malik et Aya interceptent tout de suite l'éclat contrarié dans mes yeux rétrécis par les paroles quelque peu agaçantes de Tristan. Mon meilleur ami leur fait un bref compte-rendu et la jeune femme éclate d'un rire désabusé.

— Ces deux-là sont définitivement irrécupérables ! Vous êtes tombés amoureux des pires. L'un est pas fichu de déballer ses sentiments sans blesser les tiens, l'autre n'arrive même pas à te complimenter. Vous êtes probablement mieux sans eux, au final.  

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