Chapitre 9

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Nous arrivons à destination avec deux heures de retard. Ben et moi sautons presque de la voiture encore en marche. Tristan, à la manière d'un père agacé, nous gronde et nous défend de recommencer, sauf que nous avons déjà refermé les portières pour courir vers notre appartement de location. Une partie de sa structure et de son toit arbore le marron reconnaissable du bois de montagne, celui qui orne les maisons et les chalets. 

Je manque de m'étaler de tout mon long par terre et m'émerveille de la neige tout autour de nous, dans les arbres, sur les toits, et le verglas dans les rues. Ça faisait longtemps depuis mon dernier séjour à la montagne. Enfin, oui et non. Je devrais dire mon dernier séjour à la montagne en hiver, car je m'y rends régulièrement avec mes parents au printemps ou en été. Tout ce blanc, ces flocons, ce froid et ce parfum d'herbe humide qui n'existe nulle part ailleurs, tout m'avait manqué. 

Notre panorama parvient à tirer des exclamations de joie à notre grincheuse nationale, a.k.a Aya. Malgré notre empressement, chacun récupère ses bagages, pendant que Sébastien s'en va rencontrer le propriétaire de l'appartement. Une fois les clefs en main, nous montons trois étages à la file indienne, chargés de nos valises, et notre aîné ouvre la porte de notre petit coin de paradis pour les six prochains jours. 

Je suis pris d'un hoquet de surprise face à cet appartement. A priori, il n'a rien d'extraordinaire. Une minuscule cuisine ouverte sur un salon carré séparé par une fine porte coulissante de la salle d'eau et des toilettes, une pièce véranda et à l'étage, deux chambres rectangulaires et étroites. Cependant, sa force réside dans ses nombreux équipements. La caverne d'Ali Baba comme dirait mon père ! Nous y trouvons toutes les machines de cuisine et d'hygiène pour rendre notre séjour commode et des tas de babioles qui, en dépit d'être nécessaires, prouvent que le propriétaire est soucieux du confort des vacanciers. 

Deux lits à l'étage, un canapé-lit double place et un lit d'appoint dans la pièce véranda, elle aussi chauffée, quel luxe ! 

Aya s'attribue d'ores et déjà la véranda pour sa tranquillité personnelle, Malik le salon, ce qui nous laisse les deux chambres. Le partage se fait automatiquement. Tristan et Sébastien, Ben et moi. Nous y déposons nos affaires et nous prenons nos marques. Très vite, la jeune femme annonce sortir à l'air frais, afin de profiter du soleil avant qu'il ne se couche trop tôt. Malik la suit, mais il ne compte pas l'accompagner au lac, choisissant de vagabonder dans le village. 

Je fais coulisser une fenêtre de la véranda. En face de notre appartement, s'étend le fameux lac décoré par un paysage de montagnes et de verdures profondes, agrémenté de quelques châteaux ci et là. J'aperçois des chalets à perte de vue et au loin, les pistes de ski. Je grimace en les regardant méchamment. Je n'y risquerai pas ma vie. Non merci, sans façon ! En revanche, mon attention est attirée par une enseigne à néon et je soupire en lisant son nom. Ni une, ni deux, je me retourne vers le salon où Sébastien et Tristan fouillent dans les tiroirs de la table basse, en extirpant des jeux de société.    

— Tristan ! Ne me dis pas que vous avez choisi ce village, avec ta mère, parce qu'il y a une salle de sport tout près ! 

Ses yeux s'écarquillent et s'illuminent à cette mention. Il en oublie les jeux de société et trottine jusqu'à la fenêtre. Apparemment, il n'était pas au courant et cette perceptive le réjouit. 

— Laisse-moi deviner, grogné-je, tu as pris au minimum une tenue de sport dans ta valise ?

— J'en ai pris trois. 

Je pousse un soupir dramatique qui amuse Sébastien.

— Que veux-tu ? chantonne celui-ci. Sportif un jour, sportif toujours.

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