Chapitre 16

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Le lendemain matin, je ne compte pas casser l'ambiance et m'efforce d'entrer dans une humeur joyeuse et détendue, malgré tous les questionnements contradictoires qui tournent en boucle dans ma tête. Tout le monde se réveille les uns après les autres, ils brillent de bien-être, apaisés, heureux. Malik ne cesse de se vanter pour avoir obtenu le numéro de trois filles. Aya tente tant bien que mal de le faire taire, l'étouffer tantôt avec sa main, tantôt avec un coussin.

Sébastien les ignore, non sans des ricanements amusés qui ponctuent chacune de leur chamaillerie. Ben lui fait les yeux doux, pendant qu'il se charge de ranger l'appartement, soucieux de tout remettre en ordre pour l'arrivée du propriétaire, ce qui inclut le réajustement du canapé-lit, lancer la machine à laver pleine de draps, descendre les poubelles, sortir la vaisselle et la replacer dans les placards. Autant de tâches auxquelles mon meilleur ami participe sans rouspéter. 

Les voir tous les deux, plus proches que jamais, égaye mes pensées. Ils ne s'en doutent pas, mais je retrouve progressivement mon sourire sincère à chaque gloussement, chaque regard tendre, chaque espoir que Sébastien offre à mon meilleur ami. 

Cependant, il apparaît que je ne cache pas assez bien mes tracas internes, puisque Tristan s'en aperçoit. Il lui suffit d'une œillade dans ma direction pour les repérer – les tressautements de ma jambe. Il termine de rassembler ses affaires dans sa valise et vient s'asseoir sur le canapé, à côté de moi. Je ne saisis pas tout de suite sa raison. Aussi discret que possible, il s'empare délicatement du bas de ma cuisse. Ah. Je n'avais pas conscience de ce réflexe nerveux. De ce fait, j'arrête de marteler le sol et empoigne sa main en retour, lui faisant comprendre que je vais bien. Relativement. Qu'il ne doit pas s'inquiéter. Pas plus qu'hier soir. 

Lorsque le propriétaire arrive, nous louons tous à l'unanimité les qualités de son appartement. Je prévois d'ores et déjà de laisser cinq étoiles sur son site, et même un commentaire enjoué. En dépit de tout ce qu'il s'est passé durant ces vacances, je ne regrette rien, pas une seconde. 

— Qui veut de la musique ? 

Dans la voiture, Aya lance immédiatement sa playlist, n'épargnant pas un instant à notre conducteur. Ben me scrute en coin dès la seconde musique que je ne chante pas. Pour ne pas attirer son attention, je m'égosille, tout comme à l'aller. Il en est rassuré. Tant mieux. Et puis, je reçois un message de Nathan. Je n'ai pas regardé mon portable hier.

Nathan : J'espère que tu te sens mieux, Lou. Dors bien.

Je le remercie de ne pas revenir sur l'incident. 

Nathan : Je suis passé devant votre appartement tout à l'heure, vos voitures avaient disparu. Je suppose que vous êtes sur la route. Tu as pu te reposer, hier ? Prêt pour le trajet ?

Moi : J'ai réussi à dormir un peu, merci de t'en préoccuper. Et je suis assommé, pas du tout préparé à la route, mais je relativise. Nos deux conducteurs sont très gentils de nous épargner la route. Je ne sais pas comment ils font pour rester éveillés.

J'envoie ce message. Mes pensées me taraudent et je commence à en taper un autre. 

Moi : Peu importe ce que tu en penses, je suis vraiment désolé pour hier. Ne te fatigue pas à me répondre que ce n'est pas un problème ou que ce n'est pas ma faute. Je veux juste m'excuser et te dire que tu es un ami formidable. Tu mérites plus que d'être une relation pansement. Tu mérites de trouver ta perle rare. Ça ne tardera pas. Je suis content de t'avoir rencontré, tu as rendu encore meilleures mes vacances. Profite des jours restants et rentre bien à Montélimar.

Je n'attends pas longtemps pour recevoir sa réponse.

Nathan : Mes vacances sont devenues tellement plus amusantes et intéressantes à ton apparition, Lou. N'écoute pas les autres, les personnes néfastes dans ta vie. Tu es un gars en or, ne change pas pour eux. 

Sunshine ProtectorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant