Sunshine Protector

Chapitre 8

— Je vous aime les gars ! Je t'aime aussi Aya, bien sûr ! 

Benjamin est complètement hystérique ; dans le sens, insomnie car excitation, donc pas dormi et saute dans tous les sens pour exprimer sa joie à la terre entière. En d'autres termes, nous voilà en direction de nos vacances, en ce lundi matin ensommeillé. Le soleil pointe quelque peu à l'horizon, départ à six heures du matin pour arriver vers midi, nous roulons à toute vitesse sur l'autoroute et il y a cette...ambiance spéciale, cette sensation de bien-être omniprésente dans la voiture. 

J'adore les départs en vacances ! La musique, les odeurs, les mouvements du véhicule, tout parait différent et exceptionnel. 

Par contre, un Ben qui n'a pas dormi peut se révéler très vite épuisant, surtout quand vous n'avez pas passé la meilleure des nuits vous-mêmes. Nous avons discuté par textos jusqu'à trois heures. Nous nous sommes envoyés tout un tas de liens vers des activités à faire, des restaurants où manger, des bars pour les soirées. Résultat, je lutte contre les dodelinements de ma tête et m'efforce de ne pas me cogner contre la vitre, tout en ignorant les exclamations farfelues de mon meilleur ami. 

Aya se retient à l'avant de lui hurler de se taire, sous le silence égayé de Tristan. Ce dernier ne dit rien, mais il se réjouit que son cousin relâche la pression, bien qu'il puisse être enquiquinant à la longue. 

Malik et Sébastien font le trajet avec la voiture de l'aîné. Je suis quasiment sûr que le sportif doit être en plein milieu d'un exposé sur les bienfaits de tel ou tel exercice de musculation. Benjamin a refusé catégoriquement de monter avec eux ; par-là, j'entends qu'il s'est agrippé à mon bras en regardant de partout sauf sur l'homme qu'il embrassait passionnément quelques semaines en arrière. 

Malik et Aya se chamaillant pour avoir une place à l'avant, nous nous sommes divisés ainsi. Je regrette la voiture de Sébastien. Il y règne sûrement du calme et de la paix, un véhicule où j'aurais pu me reposer et prolonger ma nuit. Au lieu de ça, Ben m'a tiré à sa suite et je suis désormais obligé de supporter sa bonne humeur excessive. Attendez que sa fatigue le rattrape. Là, le silence reviendra.

D'ici-là, je résiste, de toutes mes forces, je résiste à ce défilé de chansons toutes plus géniales les unes que les autres, et puis je craque. S'entame une sorte de karaoké somme toute désespérant et horrible pour les oreilles de Tristan. Aya se joint de temps en temps à nous, en particulier sur les musiques de Lady Gaga. La voiture se transforme en une véritable scène et la cacophonie atteint son paroxysme sur Bad Romance. 

Une petite pause à l'aire proche de Valence me permet de confirmer mon hypothèse : Sébastien et Malik n'ont cessé d'échanger sur la thématique du sport, sachant que le plus jeune s'intéresse au rugby et à la boxe, le sujet ne s'est jamais essoufflé entre eux. Ils continuent en allant se chercher des cafés. Tristan se mêle à leur conversation, certainement soulagé de discuter avec des êtres humains normaux, et non des casseroles ambulantes.

Et puis, c'est reparti, mais, cette-fois, Aya utilise le bluetooth de la voiture pour diffuser les musiques de son portable. Pas de soucis, baby ! Je m'égosille sur du Dua Lipa et bon sang, que ces vacances commencent bien ! Nous ne sommes même pas arrivés que toute la pression accumulée à l'université s'évapore d'un coup. 

— Let's get physical !

Je chante à plein poumon, sous les gloussements de Ben, et là un drame survient. J'ai le malheur de croiser le regard pétillant d'amusement de Tristan au travers du rétroviseur. Avec un pincement dans l'estomac, je m'enfonce dans cette chanson aux paroles des plus suggestives, en prenant soin d'observer la route au-dehors, mais je ne parviens pas à me défaire de la sensation de ses yeux sur moi. Ma voix dérive de plus en plus, je finis par marmonner et par me taire.