Chapitre 24

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— Qu'est-ce qu'il s'est passé, au juste ?!

Le lendemain, Ben et Sébastien tardent à se réveiller ou à quitter la chambre. Mon très cher petit-ami, à la patience d'un saint, écoute mes commentaires enjoués sans rechigner, souriant de temps à autre, concentré sur la préparation du petit-déjeuner. Ils ne se lèvent pas avant onze heures. Au lieu d'assaillir tout de suite mon meilleur ami, j'observe. Ils se lancent des regards complices, leurs doigts sont entremêlés et ils semblent à l'aise l'un envers l'autre. Bingo ! Les voilà en couple, ou presque ! 

Je me retiens de sauter de joie et ne perds pas une seconde pour agripper le bras de mon meilleur ami pour le ramener à l'étage. Il rit, aux anges. Ça me rassure tellement de le voir dans cet état. Ces dernières semaines, les partiels et les cours lui pesaient beaucoup, sans oublier son différend avec ses parents. Il avait besoin d'une telle joie dans sa vie. Nous nous asseyons en tailleur sur son lit et il me répond sans détour, ne créant pas le moindre suspens :

— J'en sais rien ! Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. J'étais frustré qu'il n'ait pas répondu à mon texto. Et, tout à coup, il s'est pointé et je...bah, je l'ai embrassé, comme ça, sans raison particulière. Ou disons, que le rhum-soda a joué. On s'est emballés et ça s'est terminé dans la chambre.

Clairement, la lueur dans mes yeux pose ma question muette. Il rit, pas le moins du monde intimidé.

— Bien sûr qu'on l'a fait, Lou ! À quoi bon monter dans la chambre, si c'est pour une partie de carte ? 

— Le flamenco, donc. 

— Exactement, le flamenco, le tango, le cha-cha-cha, la totale !

Je glousse avec lui et nous continuons à discuter de tout et de rien, surtout de la soirée jusqu'à ce que mon ventre crie famine et que je regarde l'heure. Midi ? Mais, à midi, j'étais censé commencer un merveilleux rencard avec mon merveilleux petit-ami. Mauvais timing. Nous nous en souvenons presque au même instant et Ben me pousse hors de sa chambre en quête de Tristan. 

Celui-ci est avachi sur son lit, Sébastien en train de tournoyer sur sa chaise. Riri sur le bureau, sous la main experte de notre aîné, Loulou au pied de son maître et Fifi sur son ventre. Trop mignons ! Ben pense également à ça, à en juger par son air attendri. Cependant, il se dépêche de récupérer son...petit-ami et de déguerpir dans le salon pour que je pose une ou deux questions au mien. Au passage, je l'arrête et chuchote :

— Au final, tu n'as pas précisé l'essentiel, vous deux, vous êtes ensemble ?

Ben acquiesce vivement et les voilà partis au rez-de-chaussée. Je rejoins aussitôt Tristan, grattouillant Fifi par automatisme. 

 — Tu n'aurais pas oublié quelque chose, par hasard ? asséné-je.

— Et toi ? Je croyais que notre rencard était reporté.

J'affiche une expression de pure indignation auquel il ricane. 

— Ce rencard a pris un peu de retard, mais il aura bien lieu ! En plus, mon réfrigérateur est plein de délicieux aliments.  

— Des aliments qu'il me faudra cuisiner, je suppose ?

— Eh, c'est toi qui as proposé de cuisiner, ne me donne pas le rôle du profiteur !

Il m'embrasse tendrement, pour me faire taire à n'en point douter, puis nous nous mettons en chemin. Un tour de grattouilles à tous les chats et quelques clins d'œil peu discrets et sans une once de subtilité à nos meilleurs amis plus tard, nous nous engageons sur la route de mon appartement, octroyant toute l'intimité requise à ce nouveau couple qui, j'en suis convaincu, rentabilisera ce temps seul à seul. 

Sunshine ProtectorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant