Tome 6 - En vol avec les Potter

Chapitre 2 : Cauchemar

Chapitre 2 : Cauchemar
(Teddy)

    Quand il était petit, Teddy ne faisait pas beaucoup de cauchemars. Le peu de fois où cela arrivait, il était rapidement rassuré par sa grand-mère ou par son parrain et sa marraine.

    La première fois qu'il se rappelait avoir fait un cauchemar, c'était après avoir écrit une longue lettre à ses parents avec l'aide de son parrain. Harry lui avait expliqué qu'ils ne pouvaient pas leur envoyer la lettre mais que ses parents la verraient quand même. Teddy avait insisté pour préparer quelques cookies supplémentaires pour ses parents parce que, peut-être, qu'ils ne pourraient pas les manger mais, comme sa lettre, ils les verraient. Teddy pensait que c'était sympathique de leur offrir des cookies même si ce n'était que par la simple pensée. Cette nuit-là, il avait rêvé que de grands hommes encapuchonnés avaient volé les cookies destinés à ses parents et il s'était réveillé, triste et inconsolable pendant une bonne demi-heure. Lui, il n'avait pas le droit d'avoir des parents comme tous les autres, et en plus, on volait les cookies qu'il voulait leur offrir.

    C'était un cauchemar stupide. Mais il n'avait pas plus de cinq ans. Et à cinq ans, c'était terrifiant.

    Pendant des années, les cauchemars de Teddy avaient été stupides. Après que Victoire l'ait quitté pour la toute première fois, il avait sept ans, et il rêvait souvent de Victoire qui lui disait qu'il était le garçon le plus moche au monde. Quand il y repensait, il se demandait s'il s'agissait même d'un cauchemar. C'était beaucoup trop réel. Peut-être Victoire avait-elle vraiment dit ça et qu'il avait vécu la scène, encore et encore, dans ses rêves...

    Encore une fois, c'était stupide. Il était Métamorphomage, il pouvait être aussi moche et beau qu'il le souhaitait.

    En grandissant, ses cauchemars n'étaient franchement pas beaucoup plus terrifiants. Quand il sortait avec Victoire, il rêvait qu'elle le quittait et, cela finissait toujours par arriver. Ils s'étaient quittés tant de fois qu'il avait perdu le compte.

    À Poudlard, il faisait les mêmes petits cauchemars, il avait une mauvaise note, il se retrouvait en retenue, quelqu'un se moquait de ses cheveux bleus, il perdait un match de Quidditch, un garçon s'intéressait de trop près à Victoire...

    Une fois, il s'en rappelait bien, il avait rêvé que le Calmar géant avait essayé de l'engloutir alors qu'il volait juste au-dessus du lac. Il lui avait arraché un bout de jambe et avait assuré que cela avait le même goût que le ragoût avec un arrière-goût de clémentine. C'était vraiment bête parce que le Calmar géant était très gentil et, en plus, Teddy ne volait jamais au-dessus du lac !

    Teddy respectait plus ou moins le règlement. Bien sûr, il aimait tout de même emprunter le passage du Saule Cogneur pour sortir en douce de l'école, passer du temps dans la Cabane Hurlante où il avait l'impression d'être le plus proche possible de son père, et il se rendait un peu trop souvent dans les cuisines qui étaient normalement interdites aux élèves. À part ça, c'était un garçon respectueux des règles. Mais surtout de la loi. Teddy n'avait jamais rien fait d'illégal. Ce n'était pas son genre. Il était plutôt sage mais surtout honnête.

    Tout avait changé le jour où il était devenu père. Le père de Remus Harry Lupin, un petit garçon maudit, un seizième de Vélane, Métamorphomage et loup-garou.

    Dès lors, les cauchemars hantaient presque toutes ses nuits et, au réveil, cette sensation de soulagement face à la réalisation de l'absurde n'apparaissait plus. La réalité était pire que le cauchemar et, chaque jour, c'était comme si l'univers lui prouvait que tout pouvait empirer.

    Il avait commencé par acheter illégalement de la potion Tue-Loup sur le marché noir afin d'éviter que son fils ne se retrouve catalogué dans une liste. La potion n'était accordée qu'aux loups-garous déclarés.

    Puis, il avait dû acheter de plus grandes quantités de potion parce que son fils pouvait se transformer en loup-garou n'importe quand. La potion était le seul moyen de l'empêcher de tuer quelqu'un. Il devait la prendre quotidiennement.

    Ensuite, après que Remus ait attaqué Victoire, le jour de leur mariage — parce qu'il avait stupidement oublié de lui donner sa potion tant il était pressé et enthousiaste de se marier avec l'amour de sa vie — il avait disparu avec son fils. Il l'avait arraché de sa mère, préférant être le seul à souffrir de sa condition. Il était resté en fuite, huit mois. Huit mois à vivre tel le criminel qu'il devenait, empruntant chaque jour une nouvelle apparence pour ne pas être retrouvé, apprenant à son fils à vivre tel un fugitif...

    Et son fils, qui n'avait jamais aimé prendre sa potion, commençait à devenir trop fort pour qu'il puisse simplement le forcer. Il avait, donc, été obligé de le soumettre au sortilège de l'Imperium, chaque jour pendant des mois, pour qu'il la boive et qu'il ne se transforme pas...

    Jusqu'au jour où son fils avait résisté au sortilège de l'Imperium...

    Remus s'était transformé, l'avait attaqué, et s'était enfuit, tuant des centaines de personnes au passage...

    Et, depuis, personne ne savait où il était. Sa seule — et mince — consolation, c'était que Remus avait une particularité que personne ne comprenait vraiment : il était capable de guérir subitement de toutes ses blessures. Alors, peut-être... peut-être que Remus allait bien...

    Mais Teddy avait mis en danger le monde magique en le laissant s'échapper, d'abord en ayant caché tous ses pouvoirs relevant de l'extraordinaire, et, bien évidemment, la justice avait fait son travail en le traitant comme un criminel. Parce que c'était ce qu'il était. Il était responsable des crimes de son fils.

    Et c'était pour ça qu'il était en prison.

    Trois murs et des barreaux. Un sol dur, humide et froid. Des cris à droite, à gauche, en haut, en bas, en lui. Le bruit des vagues, martelant parfois la forteresse isolée lors de nuits agitées. Il n'y avait rien d'autre à Azkaban.

    Il n'y avait que les pensées et les cauchemars pour s'occuper.