A l'ombre de ton sourire

Epilogue

Accoudé au balcon qui surplombe le jardin du manoir que nous avons loué pour notre mariage, je me laisse assaillir par mes pensées depuis que le soleil s'est levé à l'horizon.

J'ai été incapable de dormir cette nuit, l'excitation du jour J coulait déjà dans mes veines et mon estomac ne cessait de faire des loopings au fur et à mesure que je me remémorais toutes ces années passées aux côtés de Lumi. Il nous en aura fallu du temps avant de réaliser que cette amitié si fusionnelle dissimulait en réalité un amour profond et intense. Si j'ai toujours su que j'aimais Lumi, j'ai longtemps cru que cela se résumait à de l'amitié exacerbée. Est-ce cette promesse d'enfance qui nous a empêché d'ouvrir les yeux plus tôt ? Qu'importe finalement... Désormais, Lumi est mon omega, mon amant, mon meilleur ami, mon partenaire de vie et, dans quelques heures, mon mari.

Cette simple pensée me file un frisson et je ne peux empêcher un sourire exalté de fendre mon visage. Ma nature d'alpha trépigne d'impatience à l'idée de lui passer la bague au doigt et d'exhiber un peu plus au monde le fait qu'il m'appartient – comme si la marque qui décore sa nuque n'était pas une preuve déjà suffisante.

Je crois que je ne réalise toujours pas que Lumi et moi sommes liés. Depuis toujours, notre relation est si forte qu'il ne s'est pas passé un jour sans qu'il ne soit pas ma tête. Jamais je n'ai envisagé un futur sans lui et il est présent dans chacun de mes souvenirs. Cependant, je crois que je n'avais jamais réalisé la force et l'authenticité de ce lien, du moins pas à sa juste valeur.

Lorsque nous nous sommes promis de ne pas laisser nos natures d'alpha et d'omega entacher notre relation, nous nous sommes privés de la possibilité de réaliser que ces dernières ne faisaient que compléter un lien déjà si solide que rien ni personne n'aurait pu le briser.

Le simple fait de penser que nous aurions pu passer à côté de notre vie de couple lié fait grimper un frisson d'effroi le long de mon dos.

Perdu dans mes pensées, je n'entends pas Lumi arriver et réalise qu'il est levé seulement lorsque ses bras s'enroulent autour de ma taille et que son visage se presse dans mon dos.

— C'est trop tard pour t'échapper, grogne-t-il de sa voix éraillée matinale. Je te lâche plus.

Un petit rire franchit mes lèvres et je me retourne pour pouvoir le serrer dans mes bras.

— Je ne pourrais rêver de fatalité plus heureuse.

Lumi ricane contre mon torse avant de lever la tête pour déposer ses lèvres sur les miennes.

— T'es prêt ?

— Prêt à affirmer au monde entier que tu es l'homme de ma vie ? Bien évidemment.

— Tchatcheur.

Nous sourions puis nous tournons vers l'étendue herbeuse qui s'étale à nos pieds. Quelques voitures transportant nos proches sont déjà là. Nous avons beau avoir loué un manoir, il n'y aura pas plus d'une vingtaine de personnes présentes. Nous voulions un mariage simple, en petit comité, sans tous ces parasites qui s'entêtent à graviter autour de moi. Le manoir, c'est juste une extravagance que nous avons décidée un soir de pluie où, trempés jusqu'aux os et calfeutrés dans notre minuscule appartement, nous avons estimé que nous avions le droit d'être fastueux au moins une fois dans notre vie. Juste une fois.

J'ai hâte de me marier avec Lumi. J'ai hâte de pouvoir l'appeler mon mari, de le lier complètement à moi et de le voir porter mon nom. Mais j'ai tout aussi hâte de rentrer chez nous, de retrouver la promiscuité confortable de notre appartement et de replonger dans cette bulle où seul notre amour existe.

Un an auparavant, nous avons déménagé en périphérie de la ville pour nous éloigner de l'effervescence du centre. Lumi a trouvé un emploi dans un atelier de menuiserie et je ne l'ai pas vu aussi épanoui depuis bien longtemps. Peut-être même n'a-t-il jamais été aussi resplendissant. J'ai l'impression qu'il embellit chaque jour et que son sourire ne cesse de croître. Il est la lumière de mon existence et bordel, s'il ne se foutait pas de moi à chaque fois que je dis ça, je pense que je le lui rappellerais chaque minute.

— Il va falloir qu'on descende se préparer.

Les yeux indigos de Lumi brillent de mille feux et l'impatience transparaît dans chacun de ses traits. Caressant tendrement sa joue, je hoche la tête avant d'attraper sa main pour me précipiter hors de la chambre. Nous dévalons les escaliers en marbre et je me délecte des éclats de rire qui sortent de sa bouche.

— J'ai hâte de te voir dans ton costume !

— Et moi j'ai hâte de te l'enlever !

Pourrais-je seulement être plus heureux ?

NDA : Et voilà, " A l'ombre de ton sourire " est déjà terminée... Je suis ravie d'avoir mené à bien cette histoire. J'ai dû l'écrire en une semaine, mais elle m'a fait un bien fou.

J'espère qu'elle vous aura plu, encore une fois, merci pour vos votes et vos lectures, ils me vont droit au cœur. 

Je vous dis à très bientôt et vous fais des bisous !

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