Prends ma main

Chapitre 7 partie 2

Le moteur ronronnait doucement tandis que la voiture filait à travers les rues animées de la ville, les lumières des enseignes clignotants et se reflétant sur le pare-brise. À l'intérieur, Aeden et Gio étaient assis côte à côte, en silence.

Depuis leurs dix ans, leur destinée était entrelacée par les affaires louches de leurs pères. Le père d'Aeden, Lodovico Lucchese, avait fondé une entreprise de tueurs à gages avec une mission ambivalente : appliquer une forme de justice à ceux que la loi n'atteignait pas, tout en profitant des affaires sombres de la ville. Son entreprise visait à punir ceux qu'elle jugeait méritants, tels que les pédophiles, les violeurs, les proxénètes, ainsi que les hommes violents envers leurs femmes.

Leur alliance avec le marchand d'armes, Lorenzo Guerra, le père de Gio, avait exacerbé les tensions avec les cartels locaux, redessinant les lignes de pouvoir dans le monde criminel. Gio, habitué à l'ombre de cette double vie, savait que chaque collaboration entre leurs familles avait des répercussions profondes et souvent violentes.

Le brun regardait fixement la route qui défilait, ses pensées naviguant entre les souvenirs d'enfance et les défis présents. À côté de lui, Gio gardait une expression stoïque, ses mains fermement posées sur le volant.

« Tu crois vraiment que ton père aura les réponses ? » demanda le blond.

« Mon père sait tout et je suis persuadé qu'il cache des choses. »

Son ami acquiesça silencieusement alors que la voiture se glissait avec fluidité devant un grand portail. Gio serra le frein à main, retirant les clés du contact avant de sortir de l'habitacle. Il suivit Aeden de près, regardant par-dessus son épaule alors qu'il tapait un code sur le panneau à côté du portail. Un léger clic annonça l'ouverture, et ils s'engagèrent sur le chemin bordé d'arbres qui menait à la maison où le brun avait grandi.

Pour Aeden, chaque pas le rapprochait de réponses tant attendues, même s'il redoutait ce retour. La maison, d'apparence calme et presque abandonnée, était pour lui un mélange de souvenirs d'enfance et d'angoisse palpable. Il savait que son père était difficile à cerner, un homme qui ne révélerait ses secrets que par petites doses, comme s'il savourait chaque parcelle de pouvoir que cela lui conférait. Heureusement pour lui, Gio était là pour réfléchir à sa place sur les non-dits de son géniteur.

Ce dernier marchait à ses côtés, une présence rassurante dans ce moment de tension. Il connaissait bien Aeden, savait comment son esprit travaillait.

Arrivés devant la grande porte en bois massif de la maison, ils toquèrent d'une manière qui se voulait respectueuse mais aussi pressante. Ils ouvrirent lentement la porte pour tomber sur un intérieur sombre et silencieux. Les cadres photo étaient retournés, une fine couche de poussière marquant les meubles, signes d'un laisser-aller perceptible. Les volets étaient fermés hermétiquement, comme si la maison elle-même refusait de laisser filtrer la lumière extérieure.

Aeden frissonna légèrement, sentant le poids du passé s'abattre sur ses épaules. Il savait que son père se cachait probablement dans son bureau, un sanctuaire privé où il noyait ses pensées dans l'alcool. C'était là qu'il allait trouver les réponses qu'il cherchait, mais il savait aussi que chaque vérité déterrée amènerait son lot de nouvelles questions et de dilemmes.

En arrivant devant son géniteur, qui arborait des lunettes sur le nez et un verre à la main, Aeden soupira légèrement avant de s'asseoir en face de lui, suivi de près par Gio. Ludovico Lucchese, le visage marqué par les années et les choix difficiles, resta silencieux, absorbé par la lecture de son journal. Il tournait les pages avec une nonchalance apparente, comme s'il était parfaitement insensible à la présence des deux hommes dans la pièce.