Chapitre 11

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Aeden, depuis la mort de sa mère, s'était créé une carapace impénétrable. La perte avait creusé en lui un gouffre de douleur qu'il n'osait affronter, et pour se protéger, il s'était promis de ne plus jamais laisser ses émotions le submerger. Il vivait désormais derrière un masque de froideur et d'indifférence, son cœur barricadé par une muraille qu'il pensait infranchissable.

À l'école, Aeden était distant, répondant aux questions des enseignants avec une neutralité glaciale et évitant les interactions avec ses camarades. Les rares fois où quelqu'un tentait de percer sa carapace, il répliquait avec une dureté qui dissuadait toute tentative ultérieure. La joie et l'enthousiasme de l'enfance avaient laissé place à un jeune garçon qui semblait prématurément vieilli par le poids de sa propre tristesse.

Son père, bien qu'ayant remarqué cette transformation chez son fils, se sentait impuissant. Il n'avait jamais été doué pour exprimer ses propres émotions, et encore moins pour aider son fils à naviguer les siennes. Les efforts pour reconnecter avec Aeden semblaient infructueux, chaque tentative se heurtant à un mur d'indifférence. Il s'en voulait de ne pas pouvoir être le père dont Aeden avait besoin, mais il ne savait pas comment briser le silence entre eux.

Cependant, il avait une idée en tête. Il espérait qu'en introduisant une nouvelle figure dans la vie de son fils, quelqu'un de son âge, cela pourrait l'aider à sortir de sa coquille. Giovanni, le fils de son collègue et ami, Lorenzo semblait être la personne idéale pour cette mission.

« Aeden, il s'appelle Giovanni, c'est le fils de Lorenzo. Il a ton âge, vous pourrez faire des trucs ensemble. »

« Non, merci. » fit celui-ci avant de claquer la porte au nez de son père.

Quand il comprit que c'était peine perdue d'essayer de pousser son fils à rencontrer Giovanni, il décida de changer de stratégie. Plutôt que de forcer une rencontre à l'extérieur, il invita son ami Lorenzo et le fameux Giovanni à la maison. Peut-être qu'un cadre plus familier pourrait adoucir son fils.

Le jour de l'invitation, le brun traînait dans sa chambre, regardant le ciel perdu dans ses pensées. Son père était nerveux mais déterminé. Lorenzo était arrivé avec son fils, un petit blond aux yeux pétillants et un sourire radieux. Giovanni avait cette capacité naturelle à illuminer une pièce simplement en y entrant, et Ludovico espérait que sa joie de vivre pourrait toucher Aeden.

Lorsqu'il appela son fils pour descendre, Aeden descendit les escaliers lentement, traînant des pieds. Il ne cachait pas son mécontentement et sa frustration. En bas, Lorenzo et Giovanni étaient assis dans le salon, Lorenzo discutant avec son géniteur et Giovanni était en train de lire une BD. Le contraste entre l'atmosphère joyeuse du petit blond et l'attitude fermée d'Aeden était frappant.

Il s'arrêta sur la dernière marche, observant la scène avec une moue sceptique. Son regard se posa sur le blond, qui, à cet instant précis, leva les yeux et lui sourit largement. Ce sourire semblait se moquer de l'austérité de la situation.

Le brun soupira profondément, sentant une vague de frustration monter en lui. Il fusilla son père du regard, lui reprochant silencieusement d'avoir orchestré cette rencontre.

« Aeden, voici Giovanni. Je t'ai déjà parlé de lui. »

Il hocha légèrement la tête, mais son expression restait fermée. Il n'avait aucune envie de se faire un ami, et encore moins ce garçon. Giovanni, ignorant ou simplement imperméable à l'hostilité du brun, se leva et s'approcha de lui, tendant la main avec un sourire éclatant.

« Salut, Aeden ! On peut jouer ensemble ? »

Il regarda la main tendue, puis leva les yeux vers le visage rayonnant de Giovanni. Pendant un instant, il fut tenté de l'ignorer ou de repousser son offre, mais quelque chose dans l'insistance joyeuse de Giovanni le désarma légèrement. Avec un soupir résigné, il tendit la main et serra brièvement celle de Giovanni.

Prends ma mainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant