Prends ma main

Chapitre 14

La vie avait longtemps été amère au goût d'Aeden. Chaque jour, il semblait marcher sur une route pavée de douleurs et de cicatrices. Rien ne lui avait jamais été donné avec facilité, et la seule personne qui avait adouci son existence fut sa mère, une étoile disparue trop tôt, laissant derrière elle un vide que rien ne pouvait combler. Avant de mourir, elle était la lumière de sa vie, son havre de paix dans un monde brutal et sans répit. Depuis sa disparition, l'obscurité s'était installée, étouffant les moindres éclats de bonheur.

Mais aujourd'hui, quelque chose de nouveau brillait. Marry. Personne n'avait jamais illuminé sa vie comme elle. Son sourire éclatant, son rire cristallin et sa voix douce étaient comme une symphonie, résonnant au plus profond de lui, faisant battre son cœur plus vite à chaque fois qu'il la voyait. Chaque moment passé avec elle était un baume apaisant, une caresse pour son âme meurtrie. Pourtant, ce n'était pas seulement sa douceur qui le fascinait, mais aussi sa force. Elle possédait une détermination farouche, une résilience tant mentale que physique qui surpassait la sienne. Elle affrontait les tempêtes de la vie sans fléchir, et il admirait cette puissance en elle. Une femme si forte, si redoutable, qu'elle lui paraissait parfois invincible.

Pendant ce long coma qui l'avait cloué, Aeden avait souffert. Enfermé dans son propre corps, incapable de bouger, il avait ressenti chaque douleur avec une intensité décuplée. Il voulait tant la serrer dans ses bras, sentir sa chaleur contre lui, et lui murmurer ces trois mots qu'il n'avait jamais osé prononcer avant. Mais au lieu de cela, il était piégé dans un cauchemar. Des flashs, des visions distordues de Marry remplie de douleur, de souffrance, se projetaient dans son esprit. Parfois, il la voyait s'éloigner de lui, comme un mirage insaisissable, et son cœur se serrait à s'en briser. Cette agonie intérieure, ce sentiment d'impuissance, le dévorait lentement. Il savait qu'il devait se réveiller, que sa survie en dépendait, mais aussi celle de Marry. Il ne pouvait pas la perdre, pas elle.

Et finalement, un jour, ses yeux s'ouvrirent. La réalité le frappa de plein fouet, mais avec elle vint une nouvelle force, un nouveau but. Il fit ce qu'il n'aurait jamais cru possible : il lui sauva la vie en tuant Francesco Genovese, l'homme qui menaçait de tout détruire.

À sa sortie de l'hôpital, Aeden découvrit un nouveau chez lui. L'atmosphère avait radicalement changé : les pièces, autrefois sombres et silencieuses, s'étaient remplies de lumière et de vie. Des livres en désordre s'entassaient sur les meubles, témoignant de l'esprit curieux de Marry, et des fleurs colorées, dans des vases disposés çà et là, apportaient une touche de fraîcheur à chaque pièce. Mais surtout, il ne pouvait ignorer le joyeux bazar qui l'entourait. Des jouets de bébé traînaient ici et là, des couches propres, des vêtements minuscules, tout un monde qui contrastait avec ses dernières années de solitude.

Il se souvint de son ancienne vie, de ses journées passées dans le silence, sans aucune couleur ni éclat. Cette image de l'obscurité et du désespoir semblait tellement lointaine maintenant. En voyant ce désordre, un petit rictus se dessina sur son visage. Il aimait bien. Cela lui donnait un sentiment de normalité, comme s'il faisait enfin partie de quelque chose de vivant et d'animé.

Alors qu'il s'imprégnait de cette ambiance joyeuse, Marry entra dans la pièce, les joues légèrement rosies de gêne.

« Désolée pour le bazar, Aeden... » s'excusa-t-elle en regardant autour d'elle, un sourire désolé sur les lèvres. « Depuis que j'ai accouché, je n'ai pas une seconde pour moi. C'est un peu... chaotique. »

« Et Angela ? » demanda-t-il, intrigué.

Sa gouvernante qui était une vraie maniaque aurait fait un infarctus en voyant cela.

« Je lui ai laissé prendre des vacances pour qu'elle puisse passer du temps avec ses petits-enfants. » répondit Marry, une lueur de fierté dans ses yeux.