Chapitre 5 partie 2

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Aeden regarda son reflet dans le miroir, soupirant profondément. Ses cheveux habituellement bien coiffés étaient maintenant en désordre. Il passa de l'eau sur son visage pour essayer de calmer ses pensées tumultueuses, ses doutes et ses peurs. Marry lui avait demandé de l'accompagner à son rendez-vous pour son bébé, mais cette idée le terrifiait. Depuis la mort tragique de sa mère, les hôpitaux étaient pour lui synonymes de souffrance et de perte.

L'accident avait marqué son enfance de manière indélébile. Il se revoyait, jeune et terrifié, sur les genoux de son père, les joues trempées de larmes, tandis que sa mère gisait sur un brancard, ses vêtements maculés de sang, ses blessures criantes. Un accident de voiture violent, causé par un chauffard ivre, avait volé la vie à celle qui était son pilier. Les médecins avaient fait de leur mieux pour la sauver, mais en vain. Ce jour-là, Aeden avait ressenti la cruelle réalité de la mort, une réalité qui l'avait hanté depuis.

Chaque fois qu'il mettait les pieds dans un hôpital depuis ce jour, l'odeur médicale, le son des machines et les visages graves du personnel soignant ravivaient les souvenirs douloureux de cette perte. Pour lui, les hôpitaux étaient devenus des lieux de douleur et de désespoir, où l'angoisse et la tristesse régnaient en maîtres.

Aeden essuya son visage avec une serviette, ressentant la rugosité sa cicatrice sous ses doigts. Les tatouages qui décoraient son torse nu racontaient une histoire douloureuse, une tentative de dissimuler les marques laissées par le passé. Il enfila un t-shirt rapidement, préférant dissimuler ses souvenirs derrière le coton.

Se dirigeant vers la fenêtre, il tira les rideaux pour laisser pénétrer la lumière du jour. Son regard se posa involontairement sur Marry dans le jardin, où elle humait une rose avec un sourire éphémère. Pour un instant, elle ressemblait à une fleur elle-même, fragile et belle. Cependant, il chassa vite cette pensée de sa tête, sachant que les apparences pouvaient être trompeuses.

Rejoignant le couloir, il remarqua la porte de la chambre de Marry ouverte. Il soupira légèrement et s'approcha pour la fermer, mais quelque chose attira son regard : un bracelet qui ne lui semblait pas inconnu, abandonné comme un rappel silencieux.

Il entra dans la chambre et fut surpris de trouver tous les miroirs enlevés, leurs surfaces réfléchissantes manquantes laissant des traces d'adhésif sur les murs. Les fragments de verre brisé gisaient, témoins muets de la lutte intérieure de Marry.

Se rappelant du dossier psychologique qu'il avait lu, Aeden comprit que les miroirs étaient un symbole de douleur pour elle, une confrontation avec un passé douloureux et des cicatrices émotionnelles profondes. Elle n'aimait pas voir son reflet.

Il se sentit soudainement lié à elle par une compréhension tacite, car lui-même évitait souvent son propre reflet, comme si ses démons pouvaient le hanter à travers ses propres yeux. Le silence de la pièce résonnait avec les échos de leurs blessures intérieures, éveillant en lui une compassion qu'il n'avait pas anticipée.

Il soupira légèrement et s'approcha finalement du bracelet où s'y trouvait le nom : Irina.

« Que fais-tu dans ma chambre ? »

Le brun fit volte face et tomba nez à nez face à la jeune femme. Il ne lui répondit pas directement tout en regardant le bijou entre ses doigts.

« Où as-tu eu ce bracelet ? »

Marry haussa les épaules et récupéra le bijou entre ses mains puis le rangea dans son tiroir avant de croiser ses bras. Elle le fusilla du regard.

« Il appartenait à la meilleure amie de ma mère. Pourquoi ? »

« Pourquoi cette Irina n'a plus ce bracelet autour de son bras ? »

Marry se sentit un poids sur le cœur alors qu'Aeden lui posait cette question. Elle ressentit l'envie pressante de demander pourquoi il voulait savoir, mais une culpabilité silencieuse l'arrêta net. Elle savait qu'elle lui cachait beaucoup de choses déjà, et chaque nouvelle question risquait de révéler un autre morceau de son passé obscur.

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