03 octobre, début de soirée.
Un mois s'était écoulé depuis mon arrivée à Poudlard. J'avais pris mes marques assez rapidement, à vrai dire. Blaise semblait commencer à s'habituer à ma présence au château, et les choses se déroulaient pour le mieux entre nous. Je perdais quelque fois la face lorsqu'il s'avérait absent car je connaissais indirectement les raisons de ses absences répétées. Parfois, il revenait de ses excursions complètement muet, le regard vide et il ne nous adressait pas la parole jusqu'au lendemain ou surlendemain. Il nous arrivait aussi de remarquer des blessures ça et là sur son corps ou son visage, mais nous préférions ne pas l'embêter d'avantage avec ça.
Celui qui semblait bien plus impacté encore, c'était Malfoy. Ses absences à lui étaient plus courantes et plus longues que celles de Blaise, et il donnait l'impression de n'être que le fantôme de lui même. Une marionnette au service d'un détraqué qui se servait de lui pour assouvir ses désirs les plus fous ou bien le torturer quand la folie pointait le bout de son nez, et ce point paraissait plus fréquent que ce que l'on pouvait imaginer.
Draco n'était plus que sa propre ombre et ce n'était que le début de l'année. Muet, il avait l'air d'avoir perdu toute envie de vivre. Les regards sur lui n'avait pas changés, au contraire, ils semblaient se renforcer d'avantages au fur et à mesure du temps qui passait. Nous nous sentions quelques fois obligés de placer une remarque poignante en espérant que ces débiles le laisse tranquille, mais Malfoy n'avait pas l'air de se soucier de sa "célébrité" mal placée plus que ça. Le dos droit, la démarche élégante, ce mec avait du charisme et il savait l'utiliser. Sa position de mangemort n'avait pas encore éteint son éternelle confiance en lui surdéveloppée. En revanche, je le surprenais de temps en temps dans les couloirs à déverser sa haine contre les pierres des murs du château. De ce fait, il revenait souvent avec les jointures abîmées ou des phalanges cassées. Sa gestion de la colère était quelque peu approximative, mais ce point pouvait se comprendre relativement facilement. N'importe qui ce serait déjà jeté de la tour d'astronomie à sa place. La semaine dernière, je n'avais pas réussit à supporter plus longtemps la détresse du blond.
Flashback ; 27 septembre, 23h52.
L'air frais du château chatouillait ma peau, m'arrachant par moment des trainées de frissons le long de mes bras ou de mes jambes. Lorsque je n'arrivais pas à dormir comme ce soir, j'avais pris la mauvaise habitude de me balader dans les couloirs ou d'observer les étoiles à la tour d'astronomie. C'était devenu mon endroit préféré de Poudlard depuis que Zabini m'y avait menée.
Il faut dire que ce soir, le château était particulièrement silencieux et c'était incroyablement reposant, mais il ne fallait pas que ce point me monte à la tête au point d'oublier Rusard, le concierge. Si j'avais de la chance, au mieux je tomberais sur Nott, au pire ce serait Granger et son foutu Weasley.
Les pas s'enchaînant, je m'arrêta net en apercevant une silhouette au bout du dégagement aboutissant sur plusieurs salles de classe. La personne que je pouvais distinguer semblait en vouloir férocement au mur face à elle. Du peu que je pouvais voir, l'ombre ressemblait à celle d'un homme relativement grand. Il se recula du mur, les poings serrés.
"-Putain...Putain, putain, putain ! "marmonna-t-il entre ses dents. Il ne parlait pas fort, mais le simple écho du couloir vide suffisait à amplifier ses paroles. Je décida de m'avancer doucement, reconnaissant au fur et à mesure de ma progression les traits familiers de Malfoy.
Nous n'étions pas amis, nous n'étions même pas de simple connaissance. La seule chose que nous échangeons depuis le début de l'année sont des regards envieux traînants ou des sourires en coin. Très peu de paroles. Parfois, il arrivait que je sente ses mains effleurer furtivement ma taille lorsqu'il passait derrière moi, ou bien son corps contre le mien quand il attrapait pour moi un livre trop haut perché pour ma taille à la bibliothèque. Souvent, lorsque je me retournais en salle de classe pour attendre Blaise ou Pansy, je croisais son regard orageux car il était déjà en train de me regarder. Alors, il descendait lentement ses yeux le long de mon corps et il souriait de toutes ses dents pour m'achever d'un clin d'œil entendu. Rien que le souvenir me fit frissonner. Putain.
Le son de sa respiration haletante me fit revenir brusquement à la réalité. Me rendant compte que je n'étais plus qu'à quelques pas du jeune homme, je m'approcha doucement.
"-Draco, as-tu besoin d'aide ? Tout va bien ? Il releva brutalement la tête vers moi, son regard accrochant le mien. Visiblement, il ne m'avait même pas entendu.
-Qu'est-ce que tu fous ici, Rosebury, à cette heure-ci en dehors de ton dortoir ? me cracha-t-il, comme si à cet instant la seule priorité était ma présence à ses côtés. Je roula des yeux, le faisant contracter sa mâchoire.
-Tu peux me retirer autant de points que tu le veux Malfoy, je m'en contre fiche. Je suis venue voir si tu avais besoin que je t'aide éventuellement à démolir ce mur vu que tu sembles si acharné à le faire avec tes poings. Il me regarda brièvement de haut en bas, l'air dédaigneux. Mais si tu juges que tu peux réussir tout seul, grand bien te fasse. En revanche tu saignes Draco, je lui fit remarquer de mon index pointé sur ses phalanges ensanglantées. Tu ne résoudras pas tes problèmes comme ça, tu le sais. Ses iris argentées remontèrent de ses mains à mon visage rapidement.
-Je n'ai pas besoin que l'on s'inquiète pour moi Rosebury, rugit-il. Tu peux jouer les mamans avec Zabini autant que tu le veux, -il s'approcha de moi, pas à pas, me faisant reculer.- mais je ne suis pas Blaise. Je ne t'accorderais aucune affection en retour et je ne te gratifierais d'aucun remerciement comme lui le fait car je ne suis reconnaissant qu'envers moi-même, Cassiopée. Mon dos rencontra les pierres glaciales du mur, m'arrachant un violent frisson. Tu perds ton temps, retourne te coucher."
D'ici, je pouvais observer son visage aisément. Ses traits fins étaient tirés, probablement à cause de la fatigue. Sa mâchoire était saillante, accentuée par la contraction qu'il lui faisait subir. Il faisait presque une tête de plus que moi, de ce fait, je devais relever légèrement la tête pour soutenir son regard perçant.
"-On se donne des ordres maintenant, Malfoy ? J'haussa un sourcil, provocatrice. Il haussa les siens en réponse, appuyant une main à côté de mon visage, sur le mur derrière moi. Cette action entraîna le rapprochement de nos visages.
-Je connais une situation où je pourrais te donner une tonne d'ordre Rosebury, -sa main glissa jusqu'à ma joue, et brusquement, il attrapa mon visage de cette même main me faisant rouler à nouveau des yeux.- et tu les exécuterais sans broncher. -Il plaça une de ses jambes entre les miennes, m'obligeant à les écarter- Cesse de rouler des yeux, où je te donne une bonne raison de le faire. Maintenant, retourne te coucher." Et il me lâcha, s'éloignant et me laissant seule dans ce couloir froid, mon corps s'étant réchauffé sans que je ne m'en rende compte.
C'était quoi ça, putain ?
à suivre...
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A l'encre de tes yeux
Hayran KurguDans un monde où l'espoir d'un avenir heureux s'écroule jour après jour, Draco Lucius Malfoy pourrait voir renaître une lueur grâce à une belle inconnue. /!\ Tout élément, personnage, lieu et histoire venant de l'œuvre Harry Potter appartiennent à J...