𝙲𝙷𝙰𝙿𝙸𝚃𝚁𝙴 𝟷𝟹 ➯ 𝚃𝚎𝚖𝚙ê𝚝𝚎

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« 𝑳'𝒂𝒎𝒐𝒖𝒓 𝒏𝒆 𝒗𝒐𝒊𝒕 𝒑𝒂𝒔 𝒂𝒗𝒆𝒄 𝒍𝒆𝒔 𝒚𝒆𝒖𝒙, 𝒎𝒂𝒊𝒔 𝒂𝒗𝒆𝒄 𝒍'â𝒎𝒆. »
𝑾𝒊𝒍𝒍𝒊𝒂𝒎 𝑺𝒉𝒂𝒌𝒆𝒔𝒑𝒆𝒂𝒓𝒆

𝔏𝔲𝔫𝔡𝔦 13 𝔬𝔠𝔱𝔬𝔟𝔯𝔢 2014
11𝔥09
ℭ𝔩𝔢𝔳𝔢𝔩𝔞𝔫𝔡 𝔐𝔢𝔱𝔯𝔬𝔭𝔞𝔯𝔨𝔰

~Mat Da Silva-Heredia~

Mes yeux accrochés aux prunelles de ma petite fille, je souriais en la voyant se remettre à dessiner. Dès son plus jeune âge, elle gardait un crayon à la main. Elle dessinait tout ce qu'elle voyait, tout ce qu'elle ressentait, toutes ses peines et ses joies. Elle utilisait des feutres de couleurs chaudes pour dessiner le bonheur qui débordait de son petit corps. Des couleurs plus froides et sombres pour exprimer sa tristesse ou sa colère. Elle arrivait à voir la tristesse des autres, c'était comme un don. Elle arrivait avec ses yeux perçants, à lire dans l'âme de la personne en face d'elle. Aucune barrière ne peut lui résister, aucune carapace ne peut lui tenir tête. Elle était mon artiste.

Ma reine et j'étais son roi.

Elle lisait en moi et j'avais parfois l'impression qu'elle comprenait la douleur que j'ai pu ressentir autrefois. Et rien que d'y penser, mon cœur se comprimait dans ma cage thoracique. Je ne voulais pas qu'elle comprenne. Elle ne devrait pas comprendre. Il ne le fallait pas. Je ne le supporterais pas, pas elle, pas mes enfants. Ils sont trop purs pour ce monde. Je surveillais leurs scolarités de très près, j'appelais leurs enseignantes toutes les semaines pour m'assurer qu'aucun de leurs camarades eurent la brillante idée de les embêter. Je ne répondrais plus de rien, si cela venait à arriver. Cette légère obsession a d'ailleurs coûté pas mal de dispute avec leur mère. Elle ne pouvait pas comprendre, elle ne l'a pas vécue.

Elle ne peut pas connaître ce sentiment horrible qui t'habite quand tu es face à eux. Seul face à tes bourreaux. Lorsque tout le monde te dévisage et tu les supplies du regard pour qu'ils t'aident, rien qu'un signe. Mais ils se contentaient de rire allègrement.

Elle ne peut pas imaginer le profond dégoût qui peut s'immiscer dans tes veines, lentement, comme un poison. Qui devenait chaque jour, de plus en plus mortel.

Elle ne peut pas voir la douleur qui abrite nos pupilles, la boule au ventre, le nœud dans la gorge, constamment présente, l'envie de disparaître. Même si tu demeures heureux, l'envie de rejoindre Dieu est toujours aussi présente.

???: - Papa ?

Je sursautais légèrement et je levai la tête en direction de cette voix un peu enrouée. Léo.

Je lui souris et le pris sur mes genoux, tout en jetant un œil à son frère, jouant plus loin au ballon avec sa mère.

Mat : - Oui bonhomme ? répondais-je en le serrant contre moi

Je ne pouvais me résoudre à le lâcher, c'était mon fils, mon petit garçon, mon tout, mon monde. Sans lui, je m'écroulerai.

Léo : - On rentre bientôt à la maison ?

Je me pinçais les lèvres et soupirais lourdement. Comment lui avouer que son grand-père était mort en lui tout en lui expliquant que ce dernier était une personne mauvaise et qu'il ne fallait pas avoir de peine pour lui ?

Léo avait tendance à être très sensible, il me ressemble sur ce point. Toute la peine des autres, il la partageait. C'était un petit garçon gentil et très bienveillant. Il n'hésitait jamais à aider autrui, quitte à se mettre dans de beaux draps. Malgré tout, je ne pouvais m'empêcher d'être fière de lui et des valeurs qu'il reflète au quotidien.

LE CŒUR ENTRE DEUX CAMPS [Esprit Criminel] {TERMINÉ} ~ Tome 2 ~ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant