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Les Danois avaient pris le départ. Aren et Talia attendirent quelques instants avant de les suivre pour ne pas être vus. La jeune fille avait prévu quelques provisions, ne sachant pas exactement à quelle distance se situait leur bateau.
Les jeunes gens ne marchaient jamais directement derrière la troupe. La meilleure technique était de rester sur un côté pour ne pas perdre leur trace, sans risquer d'être vus.

Le chemin ne fut pas si long que cela. Au bout de 3/4 d'heure, ils étaient arrivés au port. Les Danois mirent d'abord leurs armes sur le bateau. Avant qu'ils ne montent leurs provisions à bord, Aren et Talia eurent le temps de se cacher dans des tonneaux vides destinés à être remplis une fois à destination. Cette ruse était connue mais il faut reconnaître qu'elle marchait bien.

Quand le navire commença à bouger, les enfants se faufilèrent entre les tonneaux. Ils avaient largement de quoi tenir les semaines qui les séparaient encore de la France, mais ne pas se faire "chopper" était autre chose.

Le premier jour, Talia allait chercher des gourdes d'eau et de la nourriture pour les ramener là où Aren fabriquait un petit endroit presque invisible dans la cale pour dormir. Ils installèrent leur petit nid. Pendant la nuit, une fois les guerriers endormis, Talia sortit pour respirer un peu d'air frais. Son regard se posa sur une épée. Elle était à la ceinture d'un homme ronflant sans vergogne. Sans réfléchir, elle s'approcha et prit doucement l'épée. Elle l'admirait, tournée vers la mer. Elle était magnifique, avec des petits dessins gravés dans sa lame. Talia s'accroupit pour commencer à détacher la ceinture du guerrier, la où était accroché le fourreau. Elle attacha la ceinture à sa taille en la réajustant à son fin bassin. Elle y rangea l'épée, regardant une dernière fois la mer. Elle finit par redescendre dans la cale.
Une fois en bas, elle trouva Aren profondément endormi. Alors elle se coucha à son tour.

Le matin, vers 8 heures, Aren et Talia dormaient encore au moment où un cri retentit.

- Hé ! C'est toi l'abruti qui a volé ma ceinture ?!

Talia se réveilla en sursaut, c'était le Danois qui était resté endormi sur le pont.

- Moi ? Mais non ! Tu m'accuses juste parce que j'ai baisé la fille que tu voulais hein ?!?

- N'importe quoi ! Je sais que c'est toi, salop !

Celui qui avait encore son épée la brandit mais le capitaine s'interposa en un éclair.

- Ça suffit. Bande d'imbéciles. Vous réglerez vos comptes une fois arrivés en Angleterre.

Talia sursauta. En Angleterre ? Ils n'allaient pas en France ?! Elle secoua Aren dans tous les sens. Une fois ce dernier complètement réveillé, elle lui chuchota qu'ils n'allaient pas en France mais en Angleterre !

Après ça, Talia et Aren restèrent silencieux tout le reste du voyage. Au bout d'un temps, Aren craqua et se mit à pleurer.
Environ deux semaines plus tard, le bateau accosta en Angleterre. Les enfants restèrent cachés le temps que les Danois déchargent leurs chargements. Quand ils jugèrent le moment propice, Talia et son ami sortirent discrètement, ils réussirent à gagner la forêt non loin du nouveau camp danois.
La petite fille était furieuse, elle frappait un arbre avec sa nouvelle épée. Elle criait qu'elle voulait rentrer chez elle, Aren l'observait d'un air morne et désespéré, assis sur un tas de neige.

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Après une nuit passée dans la forêt dans le froid, les deux enfants n'eurent d'autre choix que de retourner vers le campement danois. Le chef les reçut en souriant. Il avait bien vu qu'ils étaient montés à bord malgré leurs tentatives pour passer inaperçus. Il avait laissé faire. C'étaient juste des enfants après tout. Il avait l'intime conviction qu'ils lui seraient utiles à un moment ou un autre. Il leur permit de rester avec eux, sans poser plus de questions.

Talia s'entraînait sans arrêt au maniement de l'épée tandis qu'Aren tuait le temps à tailler des fléchettes en bois.
Les soldats danois avaient prévu d'attaquer un village non loin de là. Le soir même, les guerriers se préparaient, ils allaient attaquer de nuit. Avec leur drakkar, ils allaient prendre la rivière qui mène directement au village.

Talia allait s'asseoir sur une bûche pour enfiler ses bottes quand Aren arriva en courant.

- J'ai hâte d'y aller ! Là bas, il y aura de la bonne nourriture !

Talia lui lança un regard dur avant d'ouvrir la bouche.

- Toi, tu restes ici. Tu ne sais pas te battre et tu n'as pas d'arme. On ne va pas là-bas pour faire "ami-ami".

L'excitation du jeune garçon retomba d'un coup. Il soupira et tourna les talons, épaules basses.

Talia monta dans le bateau avec les autres guerriers, elle tenait le pommeau de son arme attaché à sa ceinture. Sans s'en rendre compte, elle le serait fort, elle se tenait droite et ne regarda même pas Aren qui lui faisait un petit signe sur la rive. La petite fille se détendit seulement quand le capitaine lui donna une petite tape dans le dos.

Le bateau partit rapidement et silencieusement. Aren n'était pas seul, un guerrier était également resté au camp. Malade, il gisait dans son lit, une piètre compagnie.
Le garçon regardait les étoiles, allongé sur le sol près du feu.

Souviens-toi du but premier Où les histoires vivent. Découvrez maintenant