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<ruby sparks - monét ngo>
i saw you in my dreams, floating in the blue

Jisung se tenait debout dans ce couloir bruyant, dont l'odeur de tabac froid avait imprégné ses sinus, comme l'effluve chaude de la madeleine pour Proust

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Jisung se tenait debout dans ce couloir bruyant, dont l'odeur de tabac froid avait imprégné ses sinus, comme l'effluve chaude de la madeleine pour Proust. Mais il était seul, cette-fois. Il était étrangement seul. Il fit un demi-tour sur lui-même, et il fixa ses mains, le monde ne tournait plus, il était sobre, complètement sobre. Il s'avança naturellement, il devait probablement trouver les toilettes, c'était les toilettes qu'il cherchait. De nouveau, il réalisa qu'aucune musique ne se jouait, mais ça ne paraissait pas tant surréaliste, ça paraissait même cohérent, évident. En poussant la porte, il tomba enfin sur quelqu'un, de dos. Des ailes blanches. C'était lui, l'inconnu. Il s'avança par automatisme, mais l'autre ne se retournait pas. Pourquoi ? On n'entendait que ça, le bruit de ses pas, pourquoi ne se tournait-il pas ? Il se figea, frustré, à son tour incapable de bouger.

« - Ji' ? Il se redressa d'un bond quand une main se déposa sur son épaule. »

Il regarda autour de lui, encore confus, Martin s'étonna de son réveil en sursaut et s'octroya un léger rire moqueur.

« - Tu devrais aller à la douche, avant de pioncer. Lui intima son copain, tandis que la bouche pâteuse, il acquiesça. »

Il n'avait pas le souvenir de s'être endormi quand son amant était allé prendre sa douche, ils la prenaient rarement ensemble. Lui, il lui fallait un peu plus de temps pour se remettre d'ébats houleux et tenir debout convenablement, ce qui expliquait sa léthargie soudaine. Il était de ce fait, toujours complètement nu, enroulé dans son drap, les cheveux débraillés et humides de sa sueur. Il se releva, chancelant, et s'avança vers la salle de bain, tandis que Martin s'occupait déjà de ses mains en roulant un joint, sur son bureau.

Sous le jet d'eau fraîche, il se ressassa les bribes de son rêve, il sentait toujours la frustration lui tordre le ventre. Pourquoi était-il incapable de se re-dessiner les traits de son visage, de ce qu'il avait entrevu ce soir-là ? Il savait qu'il n'allait sûrement jamais le revoir de sa vie, mais pour autant, il semblerait que ce moment l'ait marqué. Il aurait dû, juste le temps d'un instant, lui demander d'ôter son masque. C'était comme un soudain désir viscéral, connaître l'identité de cet inconnu qui revenait le hanter dans ses rêves.

Il fronça les sourcils au songe, pourquoi il pensait à ça, soudainement ? Puisque c'était complètement inutile. Il avait un copain qu'il chérissait, et c'était juste une simple bêtise commise sous l'influence de l'alcool. Il ne comprenait même pas comment il avait pu agir ainsi. Même bourré, il ne lui était jamais venu à l'esprit d'embrasser n'importe qui, et surtout pas en couple. Mais il y avait eu quelque chose en lui ce soir-là qui l'avait poussé à commettre cette erreur. Il se remémorait parfaitement cette sensation, celle d'être attiré, invraisemblablement, comme s'il n'allait jamais pouvoir être rassasié jusqu'à ce qu'il ne goute à ses lèvres, ça lui revenait clairement. Il pouvait parfaitement se remémorer l'émoi du moment, sa chair de poule, ses vertiges, son ivresse. Ça, il s'en souvenait, mais les souvenirs palpables de ce que ses yeux avaient vu ce soir-là, tout était plus confus. L'éthanol, ce n'était définitivement pas son fort, et il s'en voulait de le regretter, à l'instant.

LE BAISER D'ÉROS; ᵐⁱⁿˢᵘⁿᵍOù les histoires vivent. Découvrez maintenant