Suicide Squad || RANZU

V- « Juste une baise.. »

Ran

Je vois cette fille qui se faufile parmi les corps en mouvement pour venir à ma rencontre, celle qui me dévisageait sans vergogne, il y a à peine quelques instants. Elle m'interpelle:

- Tu veux un verre? me demande-t-elle sans tourner autour du pot.

Les filles qui m'accompagnent, dont j'ai déjà oublié le nom, la dévisagent, outrées. Moi, son audace m'amuse; elle n'a peut-être pas d'expérience, mais au moins elle a du cran. Sauf qu'elle ne m'intéresse pas.

- Offrir un verre dans une soirée où l'alcool est interdite pour les mineurs ? la taquiné-je avec sarcasme.

Évidemment je suis au courant qu'elle n'est pas mineur mais bien plus âgée que ça. Mais pas mon type.

Son regard passe de moi aux filles. Je lui ai donné un avertissement : elle a intérêt à se bouger de là.

Elle vide son verre sous mes yeux, garde la bière dans sa bouche, puis s'approche de moi. Elle glisse une main derrière ma nuque, même si la différence de taille l'en empêche de le faire à la perfection, ses doigts tremblent un peu, trahissant son angoisse.

Elle compte vraiment me faire boire de l'alcool comme ça ? Elle a du courage, mais elle manque de jugeote. D'autant plus qu'avec ses joues gonflées, elle ressemble à une tomate bien mûre.

Je plaque ma main libre sur son visage et la repousse gentiment sans un mot. Les deux jeunes filles qui se disputaient mes faveurs commencent à se foutre de sa gueule.

Quant à l'autre joueuse, stoppée dans son élan, elle rouvre les yeux et éclate de rire elle aussi. Son rire n'est pas faux. Elle se marre pour de vrai.

Finalement, celles à mes côtés partent se rincer aux toilettes, et le nombre de joueuses se réduit aussitôt.

Pour la première fois, je prends le temps de la détailler. Son carré court plongeant, légèrement ondulé, est aussi sombre que ses yeux sont clairs.

Je la fixe en silence et ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire. Elle reprend la partie en premier :

- Le mot que tu cherches est « merci », déclare-t-elle en m'arrachant ma bière des mains.

- Merci pour quoi, en fait?

- Oh, pardon, tu appréciais peut-être vraiment la compagnie de ces pots de peintures ?

J'avoue son audace m'impressionne.

- Une fois dans un lit, sans doute.

Pas de réponse.

- Ça vaut aussi pour toi.

C'est terminé. Mais pourquoi depuis le début je voulais lui faire baisser les bras ? Purée Sanzu tu me fais perdre la tête. Regarde où est-ce que j'suis tombé par ta faute..

Par le chagrin de la jalousie.

♡︎♡︎♡︎

- Prends-moi! Oh oui, encore ! Allez, vas-y, baise...

Putain, pourquoi j'y arrive pas à aller à fond ? J'ai limite l'impression de plutôt vouloir entendre ses gémissements à lui.

Pourquoi il occupe si souvent mon esprit ? Et d'ailleurs pourquoi je suis venu ici ? Non.. quand meme pas, si..? Suis-je jaloux à cause de la proximité qu'ils ont ensemble ces derniers temps ? Même si ils s'apprécient pas vraiment j'en doute que les deux s'attirent de plus en plus chacun de leur côté.

Bordel !

Je me redresse en me retirant de cette fille mystérieuse avant de m'habiller à la hâte en récupérant mon téléphone après avoir reçu son appel il y a aux alentours de 30 min.

Je n'avais pas sorti mon téléphone de ma poche après l'avoir mis en sourdine depuis le début de la soirée et en voici les conséquences.

Abasourdie par ce revirement, elle me regarde quitter la pièce sans rien trouver à ajouter. Se retrouvant sûrement humiliée, seule et nue sur le lit. Je tente d'éteindre le désir qui me brûle en répondant à ses plusieurs appels manquer.

-Allô.. Sanzu ?