Take a sad song and make it better...

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Take a sad song and make it better...

Vous avez déjà eu un jour comme celui-ci ? Un jour où tout va bien, tout va crescendo ? Vous allez si bien, que rien ne vous atteint, enfin c'est ce que vous pensez... Vous allez si bien que vous vous mettez à faire des choses que jamais vous ne faisiez... Vous allez si bien que même la pire des chansons, eh bien vous pouvez sans problème l'écouter, voire même l'aimer ! Parfois vous allez bien, juste comme ça, par simple hasard, parce que c'est le destin... Mais parfois, c'est un évènement particulier qui vous met de bonne humeur dès le matin ! Eh bien, ce matin m'est arrivé.

Ce matin, vous vous rappelez ? Oui, je crois que ça m'a redonné envie d'aller au lycée. A ce moment précis, j'avais envie de sautiller partout, de chanter, de danser ! C'est fou, ce sentiment ! Et puis, après ça, vous avez l'impression que vous pouvez tout faire, vous avez ce sentiment de puissance, de joie, d'estime de vous-même, tout cela sans que vous ne pouviez le contrôler.

J'avançais donc vers la salle 2B, mais mon regard a été détourné par une salle que je n'avais encore jamais vue... Je distingue une sombre masse au fond de la pièce, et deux petites ombres se dressent non loin... Je m'approche, et je réalise : il y a une salle de musique ! Je m'avance vers la fenêtre, colle mon nez contre, et avec ma main parvient à regarder plus en détail à l'intérieur de la salle... La batterie, on dirait presque une Ludwig, semblable à celle de Ringo ; je vois aussi une guitare électrique, une Eagle, juste magnifique, puis une basse, la plus basique qu'on puisse.

"Si vous êtes intéressée, il faut vous adresser à la vie scolaire pour avoir un ticket d'entrée !" me surprend une voix.

A ce moment je n'avais qu'une envie, c'était de rigoler. J'avais eu si peur, que je voulais rire. Mais je me retiens, et me dirige vers la vie scolaire pour prendre ce fameux ticket pour la salle de musique, un ticket d'entrée vers un paradis idyllique. Feeling Good, de Muse résonne à fond dans ma tête. Oui, seulement dans ma tête. Je vais si bien, que je n'ai même pas besoin d'entendre la musique dans mes écouteurs, mon cerveau la reprend très bien, futur coordinateur de concerts.

J'arrive donc devant le bâtiment de la vie scolaire, et j'attends. Aucun problème, j'ai tout mon temps. On a deux heures de pause aujourd'hui, la prof de physique n'est pas là. On m'a parlé d'un accident, qu'elle serait en arrêt maladie, pour plusieurs jours voire semaines. Dès le début de l'année, on a déjà l'occasion de se reposer ! Je laisse passer certains, des plus petits, des plus grands, des gens à qui j'ai déjà pu parler, d'autres que je ne connais. Puis je laisse aussi passer quelqu'un de familier. Un garçon, grand, brun, je le reconnais. Il ne porte pas ses Raybans, mais c'est bien lui, le leader du groupe des trois gars.

"Monsieur... William Chesnel... fit une vielle dame lorsque le garçon lui tend sa carte de lycée. Vous avez une absence ! Vous savez mon cher, bien que ce soient des cours théoriques, vous n'avez pas l'obligation de les sécher à chaque fois !"

Et il reprend sa carte et repart par les escaliers. Je le regarde, il porte toujours son blouson en cuir. Je le trouve magnifique, son blouson. The Neighbourhood, the Who, Nirvana... Ce gars a plus de groupes sur son manteau qu'en contient une discographie du rock alternatif. Et que des groupes que j'aime ! Enfin des gens qui ont du goût sur cette terre. C'est à mon tour. Je tends ma carte à la dame, qui lit mon nom à haute voix.

"Anna Delmartier..."

A ce moment, des milliers de murmures montent dans la pièce, je sens qu'on parle de moi, encore une fois.

"Vous n'avez pas d'absence ni de mot ! Vous venez pourquoi ? me demanda-t-elle

-Je voudrais prendre une carte pour la salle de musique ! fis-je

-Comment, je n'ai pas compris...

-JE VOUDRAIS PRENDRE UN TICKET POUR LA SALLE DE MUSIQUE ! criai-je

-Oui, vous savez ma chère, nul ne sert de crier, simplement me répéter suffisait..."

Je m'excuse, saisis la carte, et repars en direction de la salle de musique. J'ouvre, grâce au ticket magique, et pose mon sac contre la porte. Les lumières s'allument, illuminant chaque petit grain de poussière, brillants, posés sur les toms de la batterie. Je souffle, et un nuage de particules s'envole, et je pose sur la caisse-claire une partition. Je saisis le tabouret, branche la guitare, allume les amplis, et commence à jouer.

Je vous avais parlé de ces jours où tout va bien, où vous vous sentez puissant. Ce jour est là. Je commence à appuyer sur les cordes. L'accord G, mon préféré. Vous savez, il sonne si clair, si pur, si simple. Mais il suffit pour vous faire passer le moindre sentiment. De la tristesse à la gaieté, cette simple note vous fait voyager. Je commence à changer le rythme, le tempo de la chanson, tant et si bien qu'elle commence à ressembler à Madness.

I can't get these memories out of my mind

And some kind of madness has started to evolve

I tried so hard to let you go

But some kind of madness is swallowing me whole, yeah

I have finally seen the light

And I have finally realized

What you mean...

Oui, c'était le titre de la partie 2 de ce livre que vous lisez. J'espère d'ailleurs qu'il vous plait ! Je continue à gratter les cordes, et arrive à ce fameux accord, le barré. Je n'y arrive jamais ! Mais là, instant miracle, j'y arrive. J'y suis arrivé ! Oh mon dieu ! Mon cœur s'emplit d'une joie immense, un sentiment intense, que je ne peux pas contrôler. Je continue à jouer, les accords à défiler, ma voix à chanter. Rien ne peut m'arrêter. Mes yeux se ferment, plus rien ne me freine, pas même la porte que j'entends claquer. J'arrive au refrain, les cordes tapant contre mes mains, je me sens entraînée, comme emportée, dans un autre monde qui m'est encore inconnu. Puis arrive la fin de la chanson, ce ma-ma-ma-ma-madness, et mes yeux s'ouvrent, avec délicatesse. Un bruit de claquement fort, distinct, devant moi.

"Bravo, c'était cool ! fit un gars, que je reconnais

-Euh bah merci !" fis-je, en esquissant un sourire.

Il me tend la main, et me dit :

"Will, et toi ?

-Ah William Chesnel, okay ! m'exclamai-je

-Euh... oui ! ria-t-il Mais toi ?

-Ah, euh ahaha, pardon, Anna"

Je saisis mon sac, et repars. William de l'autre côté. Ce jour parfait, le jour où tout va bien, où tout s'est bien déroulé, comme il fallait. Ce jour est arrivé. Le destin, vous y croyez ? Moi oui.  Evènement 1, évènement 2. Tout n'est pas prédestiné, mais vous le savez, si cette chose ne s'était pas produite, l'autre ne serait pas arrivée. 

BanaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant