4 : Enfin !

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Je baille à m'en décrocher la mâchoire en arrivant devant la salle du club, pile à l'heure.

Qu'est-ce que c'est cruel de mettre un réveil à 8 heures un samedi matin... J'en ai presque regretté d'avoir accepté la proposition de Mitsuya, mais je voyais de loin Ayame se mettre en colère si je n'allais pas à ce cours de soutien. 

Elle et Emma ont sauté de joie en répétant que ce serait ma « première vraie interaction masculine » lorsque je leur ai rapporté la nouvelle. Le fait qu'elles soient plus impliquées dans ma vie amoureuse que je ne le suis pour moi-même est une très grande preuve d'amitié, et je ne peux que les en remercier.

Je commence à tomber dans la somnolence lorsque quelques filles du club me rejoignent. Tirée des dernières vapes du sommeil, je les regarde sans comprendre comment elles sont arrivées ici. 

- Excuse moi, Suzuki, me souffle alors la voix de Mitsuya. 

Je sursaute si brutalement que je manque de lui donner un coup. Il a un rire en m'esquivant. 

- Quand elles ont appris que je t'avais proposé ce cours de soutien, elles ont voulu en profiter aussi. Je pouvais pas refuser.

- Je comprends, je réponds avec un sourire qui se veut compatissant.

Mais alors que nous entrons dans la salle, je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe de déception que je m'empresse de chasser. 

Désolée pour Ayame et Emma... Ma première vraie interaction masculine attendra.

Mon sentiment d'amertume s'envole cependant lorsque Mitsuya prend place à côté de moi en enfilant son gilet. J'ignore les quelques regards contrariés qui se tournent en ma direction. 

Il sort alors le ruban de son sac, ainsi que le peu de schémas que j'ai dessiné quelques jours plus tôt. 

- Tu les avais oubliés, se justifie-t-il face à mon regard interrogateur. Tu voudrais faire un effet de dentelle sur la bordure, c'est ça ? ajoute-t-il en jetant un œil à mes semblants de croquis.

- Je crois que j'ai visé trop haut...

- Non, on va s'en sortir, me rassure-t-il. Mais j'ai coupé ça trop fin, il faut qu'on le refasse.

Silencieuse, je regarde Mitsuya reprendre le grand tissu d'origine pour tracer des traits dessus. Il le fait avec tant de facilité qu'il me donne l'impression d'avoir fait ça toute sa vie. 

J'aurais aimé être aussi habile que lui, mais même en dehors de la couture, je n'ai jamais trouvé un quelconque domaine artistique dans lequel je puisse me réaliser. De toute façon, je ne suis pas sûre que mes parents toléreraient que je veuille m'adonner à autre chose qu'à mes révisions...

- Essaye de découper, dit-il, ce qui me fait sortir de mes pensées. T'as juste à suivre les lignes que je t'ai tracé.

Voulant lui faire honneur, je fais de mon mieux pour couper droit. Lentement mais sûrement, je finis par atteindre la longueur et la largeur souhaitées. Il y a tout de même deux ou trois ratés, mais ce n'est rien comparé à la fois précédente. 

Rayonnante, je me tourne vers Mitsuya.

- Pas besoin de changer de club au lycée, je souris.

- Tu gères, commente-t-il. Maintenant, on va passer au plus dur...

- Mitsuya, tu peux venir voir ? lui lance alors la même fille brune qui s'était arrêtée de coudre pour nous écouter. 

Il pousse un soupir tout juste perceptible avant de se détourner de moi pour la rejoindre. Il me pointe le crayon noir du doigt pour m'indiquer que je dois d'abord dessiner les motifs sur mon tissu. 

Bien que je me doute qu'il ne pourra plus venir m'aider jusqu'à la fin de l'heure, je ne peux réprimer le sourire qui s'étire sur mes lèvres.

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Déjà coiffée, maquillée et habillée d'un yukata blanc crème, je rejoins Ayame chez elle. Occupée à passer du mascara sur ses cils, elle ne remarque pas immédiatement ma présence lorsque j'entre dans sa chambre lumineuse.

- Enfin ! s'exclame-t-elle en se tournant finalement vers moi. Alors, comment s'est passé ton fameux cours de soutien ? 

- Tout le club s'est ramené, je réponds avec un haussement d'épaules. 

Une moue vient déformer son visage.

- J'aurais dû m'en douter, soupire-t-elle. C'est sûrement Asano qui a rassemblé tout le monde pour que tu ne te retrouves pas seule avec Mitsuya. 

Je fais alors immédiatement le lien avec la brune de tout à l'heure. Je ne réponds cependant pas et me contente de la regarder farfouiller dans sa trousse de maquillage pour en ressortir du gloss rosé.

- Elle arrête pas de le reluquer en cours, ajoute Ayame. Et je te parle même pas des regards qu'elle lui lance quand il prend la parole. Celle-là, elle a la dalle, c'est clair ! 

- Tant mieux pour Mitsuya, dis-je d'un ton égal.

Je me laisse tomber sur son lit en soupirant, regardant distraitement les posters de Kurt Cobain qui décorent les murs de sa chambre. 

- J'aurais bien essayé de te caser avec s'il était pas aussi apprécié des autres...

- Pourquoi Emma et toi tenez autant à me voir en cou...

- Parce que tu t'amuses pas assez, me coupe-t-elle d'un ton impatient. Tu ne penses qu'à tes révisions ! Je suis même persuadée que tu culpabilises d'aller à Tanabata ce soir au lieu de faire tes devoirs.

Elle a visé en plein dans le mille. 

- Aller, viens ! reprend Ayame en me tirant par le bras pour me lever. Ce soir, je veux que tu te détendes !

Tout sourire, elle m'entraîne dehors où le soleil commence déjà à se coucher. Ses derniers rayons rouges nous réchauffent le visage, tandis que je fais de mon mieux pour mettre de côté le sentiment de culpabilité qui me serre la gorge.

Heureusement qu'Ayame est là pour contredire l'éducation de mes parents. Sinon, je serais sans doute encore plongée dans une leçon à l'heure qu'il est, à regarder tristement les gens profiter du festival depuis ma fenêtre. Pour cette fois-ci, je peux bien m'autoriser un petit écart, non ?

Mille couleurs (Mitsuya x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant